Diplomatie : Theresa May, l’impossible visite

De Wuhan à Shanghai, en passant par Pékin, la visite de Theresa May (30 janvier-1er février) s’est déroulée en demi-teinte, en quête d’un impossible succès pour le Royaume-Uni. Quittant un marché européen qui lui assure 43% de son produit national brut (PIB), la 1er ministre tentait de lui trouver un ersatz, sur un marché chinois limité à 3,1% de ce même PIB.

La cheffe du gouvernement d’outre-Manche fut certes reçue avec tapis rouge : « le passé, c’est pour nous un prologue », devait lui déclarer le Président Xi Jinping, citant Shakespeare pour suggérer des lendemains qui chantent. Mais sur le fond, à l’issue de la visite, les espoirs de chacun restèrent déçus – c’était prévisible.

La Chine n’obtiendrait pas de Londres un chèque en blanc pour son plan BRI (Belt & Road Initiative).

Comme avant elle le Président français E. Macron et la Chancelière allemande A. Merkel, Theresa May a exigé, une « conformité aux normes internationales ». En clair, les chantiers BRI devraient être profitables aux deux parties. Pour l’heure, selon le Center for Strategic & International Studies, 89% des projets d’infrastructures réalisés dans 34 pays d’Asie et d’Europe, ont été attribuées à des entreprises chinoises.

De son côté, le Royaume-Uni devrait patienter longtemps avant de signer avec Pékin un accord de libre-échange (ALE). En effet, la Chine doit avancer très prudemment, avec une leader britannique contestée au sein de son Parti conservateur, risquant de perdre sa place à court terme. Pékin est en outre bien consciente du risque que l’Union Européenne force le Royaume-Uni en plein Brexit, à se tenir à l’écart de toute action contraire aux traités européens…

Dans ces conditions, on peut reconnaître à Theresa May le mérite d’avoir su maintenir une certaine cohérence face au partenaire chinois, et de ne s’être pas engagée dans des promesses qu’elle ne pouvait pas tenir.

En outre, le carnet de commandes qu’elle retire pour sa suite d’une cinquantaine de patrons de choc (AstraZeneca, HSBC, Jaguar-Land Rover) n’est pas négligeable : 9 milliards de £ de contrats, dont un contrat high-tech en matière de santé et 550 millions de £ pour un contrat dans l’éducation, qui renforcera la position du Royaume-Uni dans ce secteur, déjà hôte de 160.000 étudiants chinois, ce qui lui rapporte chaque année 7 milliards de $ en frais d’écolage et de logement…

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