Au 19ème Congrès d’octobre 2017, à 69 ans, le Président de la Commission de Discipline du Parti (CCID) et membre du Comité Permanent Wang Qishan, abandonnait tous ses mandats : respectant ainsi la règle tacite (七上八下—qī shàng bā xià) selon laquelle, passé 67 ans, les cadres suprêmes partent en retraite. Ceci permettait au Président Xi Jinping de forcer ses adversaires membres du même Comité Permanent, à s’en aller aussi.
Mais alors, pourquoi le 29 janvier, voit-on le même Wang élu délégué au Parlement, dans la délégation du Hunan ? Toujours à la demande d’un Xi, à présent débarrassé de ses rivaux, Wang « rempile » pour un nouveau mandat. Il pourrait devenir, lors du Plenum du Parlement en mars, vice-Président de la République. Une position honorifique… Mais le pays garde en mémoire la main de fer de Wang, et Xi peut avoir besoin de lui pour renforcer toujours plus son autorité.
Espionnage au siège de l’Union Africaine
Courant 2017 à Addis Abeba (Ethiopie), l’Union Africaine fit discrètement remplacer le réseau informatique de son flamboyant siège de béton, qui avait été offert et construit par la Chine cinq ans plus tôt. On lui reprochait de transférer chaque nuit ses données vers des serveurs d’un bureau de renseignement shanghaien… Pékin, et plusieurs Présidents africains ultra-fidèles à la Chine, démentent formellement.
Investissements chinois
Le Nigéria va voir débuter un chantier d’ampleur : le raccord de 4 barrages sur le fleuve Donga et une centrale hydroélectrique d’une capacité de 3050 MW. Les 5,8 milliards de $ du projet seront payés à 85% par l’ExIm Bank, et l’ouvrage sera réalisé par China Civil Engineering Corp (CCECC), sans grande participation des compagnies locales.
En Europe, l’Allemagne, par la voix du Secrétaire d’Etat à l’Economie Matthias Machnig, réclame l’adoption avant décembre d’un règlement européen pour protéger l’Union Européenne de rachats chinois de ses « pépites technologiques ». Outre-Rhin l’an dernier, les investissements chinois atteignaient 12,1 milliards d’€ – et sous sa législation actuelle, Berlin ne peut pas toujours s’y opposer.
Inde et Chine—nerveuse paix
En août 2017, après 6 semaines de tension au Doklam (à 5000m d’altitude), Pékin et New Delhi convenaient de se retirer derrière la « ligne de contrôle effectif » (LAC, acronyme anglophone) séparant Chine, Inde et Bhoutan. Or cinq mois après, les images satellitaires montrent qu’aucune partie n’est restée inactive. Côté chinois, se sont bâtis casemates de béton et héliports, tandis que les aéroports de Lhassa et Shigatse recevaient un renfort de chasseurs bombardiers, d’hélicoptères, missiles HQ-9 et drones de combat. Côté indien, les bases de Siliguri Bagodara et de Hasimara ont été renforcées pour y recevoir l’avion russe Su-30 MKI, nec plus ultra de la défense aérienne indienne. Contredisant ces bruits guerriers, le commandement indien au Ladakh a invité le 26 janvier la partie chinoise au 69ème anniversaire de son pays. Il attend l’invitation de retour, pour célébrer ensemble la fête nationale du 1er octobre.
Didi et la petite reine
Quand on voit l’engorgement des trottoirs des villes sous les flots de vélos partagés, essentiellement ceux de Ofo et de Mobike, on se demande ce que Didi Chuxing vient faire dans cette galère. Le 25 janvier, ce roi des VTC (20 millions de véhicules) lance à Chengdu (Sichuan) son service de vélos partagés sous le nom de Qingju. Il a aussi arraché Bluegogo (n°4 national) à sa faillite, et pris 25% des parts d’Ofo. Il peut se le permettre, étant deuxième groupe privé mondial en capitalisation avec 65 milliards de $ et disposant en Chine de 450 millions d’usagers de ses services de transports. Cette puissance lui permet aisément de renoncer à prélever toute caution préalable sur ses vélos de location. L’argument pourrait suffire à lui faire rattraper son arrivée tardive sur ce marché. Mais son atout majeur sera d’être le seul groupe présent sur tous les créneaux du transport urbain : bus, taxi, limousines, petites reines. On le prédit déjà : les coupons de réduction vont pleuvoir pour remporter la guerre des prix !
Tencent, la forge d’un empire
Ce géant des réseaux sociaux chinois (avec 1 milliard d’usagers de « WeChat ») poursuit à marche forcée son entrée dans la grande distribution. Le 23 janvier, en synergie avec les supermarchés Yonghui, Tencent entrait au capital de Carrefour Chine. Le 29 janvier, son alliance avec Suning, JD.com et Sunac rachète 14% de Wanda Commercial, opérant 235 Wanda Plazas, qui accueillaient l’an dernier 3,19 milliards de visiteurs. Wanda Commercial avait toutefois bien besoin de ce renfort pour alléger sa dette de 44 milliards de $. Une fois ses arrières protégés par ces poids lourds du monde des affaires, Wanda Commercial compte renouer avec la croissance, espérant franchir « aussitôt que possible » la barre des 1000 plazas.
Tencent ne s’arrête pas là. Fidèle à la nouvelle stratégie publique de « halte à la spirale des prix et de la construction neuve », Tencent s’allie à Warburg Pincus et à Sequoia pour miser sur le marché locatif. Le consortium investit 630 millions de $ dans la startup Ziroom, qui loue à long terme des logements privés sur base d’une application mobile qui « fait tout en un » : visite virtuelle, sélection du locataire (minimum de 70 points de « crédit social » au tableau d’Ant Financial), contrats, maintenance… Loin d’être la seule startup de ce type, Ziroom louait 500.000 appartements fin 2017. Il vise le double d’ici décembre.
Sommaire N° 4 (2018)