Défense : Singapour, Philippines – Avis de coup de vent

Le 24 novembre, le leadership chinois émit un net signe d’impatience envers Singapour, en faisant saisir neuf blindés, en transit au port de Hong Kong, qui revenaient de manœuvres à Taiwan.

À l’avenir, selon Pékin, l’île-République devrait s’abstenir de ces exercices militaires à Taiwan, dans le respect du principe d’« une seule Chine ». Et pourtant, depuis 45 ans que cette coopération existait, Pékin n’avait jamais protesté : pourquoi cette colère subite ? Peut-être est-ce dû au fait que Singapour a maintes fois refusé d’envoyer ses soldats s’entraîner à Hainan plutôt qu’à Taiwan—ce refus étant lui-même inspiré par le Pentagone. V. Balakrishnan, ministre singapourien, prie Pékin pour que l’incident n’aille pas « prendre en otage sa relation privilégiée avec la Chine ». Mais le passage à l’acte de Pékin était longuement prémédité, lui permettant de punir d’un coup, deux petits voisins qui lui manquent de respect :
Elle frappe Singapour, parce qu’elle conteste l’expansion maritime de la Chine. Pour la Chine, tout pays de culture chinoise doit la soutenir en ses choix. C’est en partie le cas—Singapour est très anticolonialiste. Mais elle est aussi un port international, dont l’avenir est étroitement lié au respect de la liberté des mers –et entre ces deux valeurs, les perspectives sont irréconciliables.
Le coup est aussi destiné à embarrasser et isoler Taiwan, qui l’indispose en ayant élu en janvier 2016 un cabinet DPP indépendantiste.

Toutefois, ce coup de force chinois n’est pas sans danger. Il risque de renforcer la méfiance chez les autres pays d’Asie du Sud-Est, ainsi que d’entacher la fiabilité du port de Hong Kong. Quelles marchandises à l’avenir, transitant par ses quais, seront à l’abri d’une saisie, si elles ont le malheur de déplaire, côté chinois ?

Le hasard veut qu’au même moment, un accroc vienne ternir la fraîche amitié sino-philippine, scellée en octobre par le Président R. Duterte sur les décombres de l’alliance américaine. La Chine avait donc libéré les eaux du lagon Scarborough Shoal, qu’elle occupait depuis 4 ans. Mais voilà qu’à présent, Duterte promulgue un ban sur toute pêche en ces eaux, celle de pêcheurs philippins, mais aussi chinois, vietnamiens ou taïwanais. Duterte fait aussi arrêter aux Philippines, 1240 ressortissants Chinois accusés d’organiser des paris en ligne illégaux, dont les recettes sont réputées retomber tôt ou tard dans le trafic de drogue. À ces deux piques dardées par le fantasque « allié » philippin, la Chine réagit pour l’instant avec prudence.

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