Hong Kong : Le scrutin surprise

Surprise à Hong Kong le 4 septembre, aux élections du Legco (Parlement local) : venue en masse, la foule battait le record de participation avec 2,2 millions de votants- 58% du total. Plus étonnant encore, elle élisait six inconnus, de moins de 40 ans, dont le plus jeune Nathan Law, n’a que 23 ans—tous issus de partis confidentiels, comme le Demosisto. Leurs sièges (15% du total à pourvoir), ces jeunes les avaient gagné en bloquant six semaines en 2014 le centre de l’île, durant la « révolution des parapluies » et le sit-in d’« Occupy Central ». Ils tentaient d’obtenir le suffrage universel direct, qu’ils croyaient promis par la Chine depuis le Traité signé en 1984 avec M. Thatcher, et que l’exécutif refuse au nom de la Loi-cadre du retour de Hong Kong à la Chine.
Suite à l’élection, l’équilibre du Legco n’est en apparence pas bouleversé : sur les 70 sièges de l’hémicycle, les démocrates en détiennent 30 (+3), et les pro-Pékin 37. Mais le message est clair : la rue ne veut plus d’une opposition passive, qui s’autocensure au nom du « réalisme » et de la peur. Ainsi la jeunesse a pris la place de vieux démocrates que 25 ans d’exercice politique avaient vidé de leur combativité.

Ces élus imberbes veulent ranimer l’espoir, « préparer l’après 2047 » – après les 50 ans de « large autonomie » promis par le Traité de rétrocession. Pour J. Rice, de l’université Lingnan, « au sein de l’opposition, la ligne de fracture est idéologique, autant que générationnelle ».

En 2014, Occupy Central s’était soldé par un échec, le pouvoir n’avait pas reculé. Mais aujourd’hui, on voit les fruits du mouvement : une nouvelle opposition est née, provoquant l’éclatement du clan pan-démocrate. Soutenus par leurs parents, ces jeunes s’éloignent de schémas politiques abstraits pour défendre plus pragmatiquement les intérêts de l’île. Ce sont les « localistes » ! 

Bizarrement, la majorité conservatrice ne s’en sort pas mieux et se retrouve aussi divisée : Sing Pao, journal conservateur aux mains d’un millionnaire de Shenzhen, accuse d’« autoritarisme irrationnel » C.Y. Leung (le chef de l’Exécutif) et le Bureau de Liaison du PCC. En réponse, Wen Wei Po, le média officiel de Pékin à Hong Kong, contre-attaque pour défendre l’ordre établi…

Tout ceci augure de vives joutes, lors des élections « exécutives » du 26 mars 2017, et pose la question de la meilleure gouvernance à appliquer à cette société que Pékin semble avoir bien du mal à comprendre.

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