Politique : « Deux sessions » exceptionnelles

Il y a 17 ans, Pékin hospitalisait en cachette son premier patient atteint du SRAS pour ne pas déranger la session du Parlement. Cette fois, assaillie de toutes parts par le Covid-19, la Chine n’a eu d’autre choix que de repousser ses deux assemblées (两会, liǎnghuì), une première depuis 1999, année depuis laquelle sa date est fixe.

Avec près de trois mois de retard, la Conférence Consultative Politique du Peuple chinois (CCPPC) et l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) débuteront respectivement les 21 et 22 mai, et ce malgré plusieurs clusters menaçants dans le Dongbei et à Wuhan. L’interdiction de vol de drone ou de lâcher de ballons dans le ciel de la capitale entre le 20 et 28 mai permet de deviner que la grand-messe devrait durer sept jours au lieu de douze l’an dernier. Pendant cette période, toutes les livraisons vers Pékin seront interrompues.

Qui dit « circonstances exceptionnelles » dit « moyens exceptionnels ». Les 3000 délégués et 2000 membres de la CCPPC (hommes d’affaires, personnalités, artistes…) ont dû s’acquitter d’une quarantaine dans leur ville de départ ainsi que d’un test d’acide nucléique, avant de voyager vers Pékin où ils ont à nouveau été testés. Un traitement spécifique semble réservé aux délégués venus du Hubei, l’épicentre de l’épidémie, qui seront isolés durant sept jours. Plusieurs diplomates étrangers ont préféré décliner l’invitation.

Avant l’arrivée des participants, le secrétaire du Parti Cai Qi et le maire de Pékin Chen Jining, s’assuraient au mythique Beijing Hotel sur l’avenue Chang’an, de la bonne installation des caméras thermiques, des points de contrôle, et des zones dédiées aux tests d’acide nucléique, dont les résultats seront connus sous 24h. Lors des dernières assemblées provinciales, tous les délégués portaient un masque, sauf ceux assis à la tribune. Il est probable qu’il en soit de même à Pékin. De la même manière, les habituels discours-fleuve pourraient être raccourcis, se concentrant sur l’essentiel. 

Par contre, durant toute la durée des « lianghui », les délégués auront interdiction de rentrer en contact avec des personnes tierces, comme les journalistes, dont le nombre a été de réduit de 3 000 l’an passé, à quelques centaines cette année. La presse officielle n’a pas été épargnée : le nationaliste Global Times n’enverra personne. Seuls les journalistes (dépistés) de l’agence Xinhua, du Quotidien du Peuple et de la CCTV seront autorisés dans le Grand Palais du Peuple. Le reste devra se contenter de suivre les sessions en live. Les conférences de presse seront retransmises en vidéoconférence, tandis que les interviews se dérouleront par appel vidéo ou téléphonique. 

Bien sûr, le gouvernement aurait pu choisir d’organiser ce rendez-vous entièrement virtuellement, mais le tenir physiquement envoie un signal fort de confiance à la population, et au reste du monde : la situation épidémique est sous contrôle en Chine et la victoire est proche !

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