Sport : Coup de sifflet final pour le Tianjin Tianhai

En quatorze ans d’existence, le club de football de Tianjin Tianhai a connu des hauts et des (très) bas. Mais l’épidémie de coronavirus a mis un terme à l’histoire jeune et tourmentée du club, qui a annoncé son dépôt de bilan le 12 mai. « Compte tenu d’une situation financière insoutenable, le club n’est plus en mesure de maintenir un fonctionnement normal », annonçait sobrement un communiqué.

Fondée en 2006, à Hohhot (Mongolie Intérieure), l’équipe déménageait en 2007 à Tianjin sous l’appellation Tianjin Quanjian, du nom du groupe pharmaceutique fondé par Shu Yuhui. Seulement 14ème de la Chinese Super League (CSL) en 2019, le club a pourtant eu d’énormes ambitions au courant des années 2010 sous la houlette de l’entraîneur Fabio Cannavaro, champion du monde italien en 2006, désormais à la tête du club Guangzhou Evergrande, tenant du titre et vainqueur de 8 des 9 derniers championnats chinois. Pendant cette période dorée, les propriétaires du Tianjin Quanjian flambent sur le marché des transferts, encouragés par les autorités qui veulent faire de la Chine une puissance du ballon rond. Deux joueurs de renom arrivent : le Brésilien Alexandre Pato pour une vingtaine de millions d’euros, et le Belge Alex Witsel, demi-finaliste de la dernière Coupe du monde, qui mènent le Quanjian sur le podium de la CSL (le meilleur résultat de son histoire) et permettent au club de participer à la prestigieuse Ligue des Champions asiatique.

Mais la nouvelle réglementation limitant les transferts exorbitants de joueurs étrangers, censée favoriser l’éclosion de jeunes pousses locales, change la donne. Les deux pépites étrangères quittent le championnat chinois. Dans la foulée, la trajectoire du club du milliardaire Shu Yuhui s’assombrit soudainement. Ce dernier, qui a fait sa fortune dans la médecine traditionnelle chinoise, a été arrêté en 2019 pour publicité mensongère et vente pyramidale, après la mort d’une fillette de 4 ans soignée par un traitement de Quanjian. S’en est suivi une véritable descente aux enfers. La fédération locale de Tianjin a repris les rênes de l’équipe, changeant son nom en Tianjin Tianhai, pendant que le milliardaire était condamné à neuf ans de prison, et à une amende de 50 millions de yuans… 

C’est bien connu, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Le Shenzhen FC, avant-dernier du championnat chinois et de fait relégué en deuxième division, a décroché le droit de rester en CSL. Initialement prévu en février, le début de la saison a été repoussé au 24 juin à cause de l’épidémie de coronavirus. La Fédération chinoise élabore plusieurs scénarios, avec l’espoir de voir les footballeurs fouler les terrains en juillet. Alors que plusieurs joueurs étrangers sont toujours bloqués hors frontières, les dirigeants chinois ont annoncé que les premiers matchs de la nouvelle saison se feront à huis clos, avant d’ouvrir progressivement les accès aux tribunes. Les habitants de Tianjin, eux, pourront se rabattre sur l’autre club de la ville, le Tianjin Teda, 7ème l’an dernier, pour les représenter dans le championnat chinois. Ce qui est sûr, c’est que la prochaine saison risque d’être beaucoup moins palpitante que les précédentes : la CFA annoncait le 23 mai que la CSL serait privée de 11 de ses clubs (4 de Ligue 1 et 7 de Ligue 2) pour 2020-2021 à cause des difficultés financières engendrées par le coronavirus.
 
Par Liu Zhifan
Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
1.06/5
19 de Votes
Ecrire un commentaire