Technologies & Internet : Baidu – Le grand coup de torchon

Suite au scandale du décès de l’étudiant Wei Zexi  (12 avril), la réaction du gouvernement ne se fit pas attendre.
Atteint d’un cancer rare en phase terminale, Wei fit une recherche sur Baidu et tomba sur un traitement anti-cancer, presté par l’hôpital n°2 de la police armée à Pékin. Finalement, Wei s’aperçut que la méthode n’avait jamais fait ses preuves et était mensongère. Pour se défendre, Baidu argumentait que Wei avait « fait son libre choix » entre les offres sur son site.

Très vite, l’Administration de l’internet, de la Commission du Planning et de la Santé et du Bureau de l’Industrie et Commerce concluaient : par son « cocktail de publicités non déclarées et un formatage flou », Baidu a manqué d’impartialité et objectivité, et « influencé » Wei. C’était inadmissible de la part de Baidu, qui détient 80% du marché de la recherche en ligne. Baidu devait compenser la famille et abandonner ses publicités payantes dans le secteur médical.

L’hôpital aussi, avait fauté en sous-traitant ses locaux à des charlatans : 10 cadres ou sous-traitants sont sous le coup d’une procédure disciplinaire et/ou judiciaire. C’était pour l’autorité sanitaire civile l’occasion rêvée de « moucher » un réseau hospitalier militaire qui chassait sur ses platebandes, soignant les civils, sans se soumettre aux contrôles et normes nationales.

Chez Baidu, on sent aussi le vent du boulet. Baissant pavillon, Robin Li, le PDG a obtempéré à toutes les exigences de l’Etat : sa contrition  est si forte qu’elle fait penser à une refondation de son empire. Li annonce la création d’un « département de discipline interne », doté d’un droit de véto final sur toute opération. Il ouvre un « fonds de compensation » d’un milliard de yuans aux victimes de publicités mensongères publiées par Baidu (les candidats se pressent déjà sur liste d’attente). Baidu va abandonner, dit-il, la priorité à l’affichage payant (dont 30% allait dans le médical, et qui aurait dû rapporter 20 milliards de yuans au 2d trimestre) pour se tourner vers l’intelligence artificielle, la reconnaissance vocale, la voiture sans chauffeur. Et Li d’ajouter : « nous n’avons d’autre choix que de changer de modèle commercial, sous peine de perdre la confiance des gens et de faire faillite sous un mois ».

De tout cela, que conclure ? Une fois de plus, après le scandale du lait à la mélamine, l’Etat se montre prêt à chambouler son système protectionniste au profit « du droit du consommateur et de l’Etat de droit ». Mais ne va pas tout de même pas jusqu’à l’ouverture du marché aux acteurs étrangers, et à une concurrence réelle !

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