Agroalimentaire : Alarme sur le porc

La Chine contrôle-t-elle le virus de la grippe porcine africaine (GPA), sur son sol depuis août ? « Oui », répond le ministère de la Santé. Grâce au plan de confinement, la propagation serait enrayée. Un million de têtes ont été abattues, les élevages désinfectés, les cordons sanitaires établis. Le transport de cochons ou de carcasses a été banni, comme l’usage des abats en aliment du bétail. Mais les dégâts sont lourds, et les éleveurs à la peine. Premier fournisseur, les Etats-Unis estiment le besoin chinois en importation, à deux millions de tonnes cette année.

Mais les experts contestent l’assurance du ministère : elle est contredite par l’étalement du fléau sur le territoire quasi complet (seuls épargnés, Xinjiang, Tibet, Hainan), et par une forte présence du virus dans la viande exportée, signalée par les services vétérinaires à l’étranger.

Pire, d’autres foyers ont été signalés dans les provinces, que les autorités ont ignorés, permettant au mal de proliférer. Au Hebei en janvier, dans la ferme Dawu de 20.000 têtes, une irruption fut notifiée aux services du district, qui firent des tests et les déclarèrent négatifs. Sept semaines après, le propriétaire désespéré posta la nouvelle sur son compte Weibo : l’autorité d’hygiène finit par imposer abattage et désinfection, mais des centaines de tonnes de viande infectée avaient été vendues, et les trois quarts de l’élevage avaient disparu. D’autres cas ont été déclarés au Liaoning et dans le Shandong. Les districts se tairaient parce que ruinés, n’ayant plus en caisse de quoi verser aux fermiers les 1200¥ de compensation réglementaire par tête. Certains éleveurs peu scrupuleux seraient aussi tentés de se taire pour garder du stock à vendre, et bénéficier de l’explosion des prix en perspective.

Car la viande de porc commence à manquer. Même avec la baisse de la demande (jusqu’à -30%), l’offre ne suffit plus : en février, elle enregistrait une coupe sombre de 16,6% au plan national. 

Pour soutenir le secteur et éviter la pénurie, l’Etat avertit fonctionnaires et éleveurs d’éviter de cacher les cas d’épizooties. Il intime aussi aux pouvoirs locaux de mettre à disposition des primes exceptionnelles, et aux banques de ne pas interrompre leurs prêts aux éleveurs, aux distributeurs, pour maintenir le stock.

Au final, les experts avertissent que cette pandémie dépassera cette année celle des « oreilles bleues » de 2006-2007. Au bas mot, selon l’interprofession, 2019 verra disparaître un tiers du cheptel, avec des conséquences sur le marché mondial, dont la Chine avec plus de 50 millions de tonnes, pèse près de la moitié.

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1 Commentaire
  1. severy

    La solution: devenir bouddhiste, juif ou musulman… ou végétarien… ou s’arrêter de manger. Ou monter un élevage de lamentins… s’il en reste.

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