Diplomatie : La Chine investit…dans la Chine en France

Pendant sa visite en France, le 1er ministre Li Keqiang signa 53 accords – rare moisson, en volume et en orientation. En plus de l’annonce d’un achat de 45, voire 75 A330 (18 milliards d’€), une chaîne de finition des cabines de ces modèles à Tianjin, permettra à la Chine de prendre pied sur ce segment gourmand en main d’œuvre à faible niveau de formation. Ainsi, Airbus réduira ses coûts, mais d’un autre côté, la Chine s’approchera du moment de vendre en Asie « ses » Airbus made in Tianjin, concurrençant la maison-mère. Elle verra aussi venir le temps de participer au développement d’avions futurs, à commencer par l’A350. Plus Airbus élargit son empreinte sur le monde, moins il pourra se financer seul.

L’armateur CMA-CGM reçoit 850 millions € de la banque CEXIM, et étudie avec China Merchants des occasions de reprise de terminaux à travers les mers du globe. Ce 3ème transporteur mondial se mue en outil des « Routes de la soie » chinoises, au même titre que Cosco ou CSCL. 

Pékin et Paris ont également signé des accords nucléaires intégraux, et un code de conduite pour exporter ensemble vers les marchés tiers « en Afrique et en Asie ». Une démarche demandée depuis 20 ans par Areva, EDF pour tenter de convaincre CNNC, CGNPC de produire et exporter ensemble des centrales nucléaires. De même, Alstom négocia longtemps avec CNR et CSR pour vendre des TGV associant low-cost chinois et high-tech français. En 2015, la Chine serait-elle enfin prête à se rallier à un tel « partage du monde », cette fois au nom de ses « Routes de la soie » ? C’est possible, mais ne soyons pas naïfs – seul l’avenir le dira. 

Citons encore parmi ces accords, un fonds Franco-chinois d’Innovation à 250 millions d’€ (à terme), pour financer 12 à 18 PME des deux pays « et un peu d’Amérique ». Engie (ex-GDF Suez) en JV avec NWS de Hong Kong, s’allie à Chongqing Water pour créer un géant du recyclage des eaux et déchets, et va livrer du GNL à Beijing Gas Group. STMicroelectronics, franco-italien des microconducteurs, s’engage sur 5 ans avec Huawei et en espère un volume d’affaires de 450 millions d’€. Bien d’autres noms signent des liens : Schneider Electric, Alcatel-Lucent, Sanofi, L’Oréal… 

On a du mal à dire si ce sont les besoins des économies nationales qui font le beau temps en politique, ou vice versa !

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