Société : Le féminisme inquiète

Une des attractions des sessions parlementaires aura été les femmes des minorités Yi ou Dai, chamarrées de soieries et d’argent. Mais les statistiques sont moins chatoyantes : à l’ANP, les « élues » étaient 23% et à la CCPPC, 18%. Les instances publiques ne se pressent pas pour accorder la parité à « la moitié du ciel ». 

Le 8 mars était la Journée mondiale de la femme. Un peu partout en Chine, les militantes préparaient des actions innocentes, comme pour dénoncer les mains baladeuses à bord des bus. Mais dès l’avant-veille, la police arrêtait à domicile 10 meneuses, et le lendemain du 8 mars, la moitié des interpellées demeuraient sous les verrous. 

Si l’Etat avait préféré casser net cette action c’était d’abord parce que la date coïncidait avec celle des sessions parlementaires, temps où sa patience atteint vite ses limites. La D’autre part, certaines des causes défendues étaient mal acceptées, telle la défense des droits homosexuels, ou cette lutte contre les violences au foyer, menée par des militantes en robes de mariées ensanglantées. La Chine socialiste ne veut à aucun prix sur son sol des Femen flamboyantes telles qu’on les voit entre Londres ou Moscou. Enfin, l’Etat manifestait son souci contre le succès-même du féminisme en Chine : lors du Gala TV du Nouvel an (regardé par 700 millions de personnes) les plaisanteries déplacées contre les femmes seules, proférées par les humoristes officiels, ont suscité sur internet de puissantes protestations et pétitions, qui ont inquiété.

Pourtant, le besoin en protection du sexe « faible » est urgent : d’après tous les sondages, 4 femmes sur 10 sont battues, et cette violence, loin de régresser, progresse.

Mais dans cette société paradoxale, on voit le balancier repartir en sens inverse. Le 4 mars, la Cour suprême émettait des définitions juridiques de la violence conjugale, et fixait les devoirs de la police et des juges, avec des sanctions pouvant atteindre la peine capitale. 

Durant la double session, un expert national, le professeur Ke Qianting, de l’université Sun Yat-sen, estimait possible l’adoption dès mars de la loi sur la violence conjugale, discutée depuis l’an dernier (lien). Ce texte fait un grand 1er pas en criminalisant les coups et blessures au foyer.
En somme, face à la femme, le régime n’agit pas différemment que face à tout autre facette de la demande de la Chine en démocratie. Il accepte à petits pas, les mesures qui lui conviennent à un moment donné et réprime le reste.

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