Monde de l'entreprise : iKowtow pour Apple – et le pardon d’Etat

iKowtow pour Apple – et le pardon d’Etat

Un film de série B s’achève en Chine pour Apple, le créateur des iPhone et iPad. Au 15/03, CCTV lance une campagne très dure, l’accusant de conditions de garantie discriminatoire – un an seulement, au lieu de deux ailleurs – accusation très sensible en ce pays. Puis d’autres media lui emboitent le pas. Pour les réparations, quand Apple accepte de prendre en charge, il installe des pièces recyclées. 

A Wuhan, il force 20.000 étudiants à contracter 25 millions de $ de dettes, à 47% de taux d’intérêt par an. A Shanghai, le groupe Zhishen lui fait grief de pirater son logiciel « Siri » de reconnaissance vocale. Un studio d’Etat l’accuse d’avoir vendu sur son « App Store », ses films sans licence. Puis c’est la curée : les média le taxent de « rapacité » et d’« insupportable arrogance », refusant de s’excuser et changer de pratiques.

À la longue, le message finit par passer. Craignant pour son marché chinois, n°2 mondial (6,8 milliards de $ au 4ème trimestre, 12,5% du CA), Apple baisse pavillon par la voix de son CEO, Tim Cook : il s’excuse de la mauvaise explication de la politique du groupe, des « malentendus », et va changer les règles du jeu de la garantie en Chine. Suite à quoi, à la minute, l’Etat magnanime pardonne au fauteur, signalant via son porte-parole qu’il « approuve » les paroles du PDG – en pratiquant une humilité tardive, Cook renoue avec la vertu. 

D’aucuns s’interrogent sur les raisons de cette campagne manifestement programmée à haut niveau. Parmi les pistes invoquées figurent :  

– le soutien du pouvoir à ses producteurs de smartphones (ZTE et Huawei en tête) sur son marché intérieur ; ‚
– une rétorsion envers les Etats-Unis pour les difficultés infligées à ZTE et Huawei sur sol américain ; ƒ
– un soutien à l’opérateur China Mobile (le seul n’ayant pas encore d’accord d’exploitation avec Apple).
On parle aussi „ d’une promesse non tenue de T. Cook à la mairie de Pékin de créer un centre de R&D à Zhangjiakou (Hebei), qui aurait permis au pouvoir de surveiller la création de logiciels pour la Chine. Au lieu de cela, Apple aurait convenu avec Chinacache de faire entrer ses produits sans contrôle, sur son App Store…

Durant la campagne, l’opinion s’est montrée fort en faveur du groupe étranger et restée froide face à l’indignation factice de la presse publique—Caixin, média privé, a même créé un hit parade des 10 principaux groupes en Chine, coupables d’arrogance ou de rapacité – les réponses furent enthousiastes et naturelles – Apple n’y figurait pas. 

Sur le fond : l’Etat prouve sa capacité à forcer des géants étrangers à reconnaître son pouvoir. Au demeurant, on peut douter que cette péripétie affecte à l’avenir l’image ou la stratégie du groupe à la pomme en Chine.

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  1. Jean

    En croquant la Pomme, Pékin a avalé des pépins qui ne manqueront pas de faire pousser dans le corps des fils de la pieuvre les souples tentacules de l’accès à la liberté de l’information…

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