Temps fort : Mélamine, du scandale à l’entraide

Choquées par le scandale du lait à la mélamine, Europe et USA ont invité la Chine à négocier : à Bruxelles, le 17/11, la commissaire Meglena Kuneva (Union Européenne), la cheffe de la CPSC (Consumer protection and safety Commission USA) Nancy Ford, et le ministre Wei Chuangzhong, de l’AQSIQ (Administration pour le contrôle de la qualité, de l’inspection et de la quarantaine), ont jeté les bases d’un pacte tripartite de protection des consommateurs.

Avec d’abord une urgence dictée par le calendrier, Noël, et ses joujoux par milliers, dont 85% pour l’Europe, vient de Chine. Sur ce «trilogue» planait le spectre des 21M de jouets Mattel rappelés en 2007 pour cause de peinture au plomb et aimants détachables. Or, depuis lors, si les progrès sont nets (seuls 10% des lots en infraction ne permettent pas de remonter au producteur, contre 17% l’an passé), 56% des produits saisis en Europe demeurent made in China

 Pour lancer cette coopération, à étendre progressivement à tous les pays, Union Européenne, USA et Chine se sont engagés à :

intégrer leurs systèmes de traçabilité des produits, de manière à pouvoir  remonter toute la chaîne, l’assembleur, les produits de base etc. 

-intégrer leurs standards de qualité, normes d’hygiène etc.

-échanger leurs données sur les fournisseurs douteux, de manière à aider les occidentaux à affiner leurs inspections. L’Aqsiq aura accès à la base de données « aliments dangereux » de l’Union Européenne, et s’engage à lui fournir 4 fois l’an  les suites qu’elle donne aux alertes des 27 Etats membres. Jusqu’à présent, sur les 200 alertes par trimestre, la Chine n’a pu en contrôler que 80, et réagir sur 51.

Le ministre Wei exprime la volonté chinoise de sortir au plus vite de l’impasse. Concernant le marché des jouets à l’export, il a annoncé la nouvelle stratégie de « tolérance zéro », avec refonte du système de licences, d’audit du fabricant, de vidéo surveillance des usines, de test par lots, et de formation des patrons. Les premiers résultats sont déjà là : 701 usines ayant perdu leur licence, suite à inspection défavorable.  Concernant l’alimentaire, il a présenté la nouvelle loi phytosanitaire, à voter dès décembre, et l’investissement imminent de 83M$ dans une pyramide de labos centraux (18), régionaux (7), provinciaux (15) et de base (117). 

NB : l’avenir s’annonce plein de bouleversements pour le jouet chinois. Atomisé en millions de PME, le marché devrait voir disparaître la plupart des usines ne pouvant payer les tests et les codes barre : la concentration sera accélérée.

Les Etat-Unis enfin, en rajoutent en sévérité, par deux barrières de plus : – le blocage/contrôle immédiat à leurs frontières de tout produit au lait chinois, – l’ouverture à Pékin, Shanghai et Canton de bureaux de leur Food and Drug Administration – FDA-  pour conseiller et former les dizaines de milliers de firmes exportant des vivres vers les USA, à se mettre à leurs normes – programme de très longue haleine !  

 

 

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