Editorial : Une semaine ordinaire sous la crise

La Chine après le monde, s’installe dans la crise. Témoin, cette yuppie shanghaienne qui vient de réduire de 70% ses notes de restaurants, soins du corps, taxi et nippes, de 8300¥ à 2600¥/mois. On voit aussi les incidents en tous genres s’exacerber et des réactions inédites, de type rupture apparaître: comme si la fonction 1ère de la crise était forcer les remises en cause, exigeant des solutions à de vieux problèmes hier traités par le mépris !

 [1] Soudain découragé, le Dalai Lama annonce (27/10)  avoir perdu tout espoir d’accord avec Pékin, sur l’avenir du Tibet, vu l’immobilisme du rapport de force et d’intérêts craignant, en cas de paix, se trouver marginalisés. Il est vrai que les Tibétains en exil n’arrangent rien, en conservant des attentes nostalgiques et irréalistes, comme sur le rétablissement des frontières historiques ou la démocratie… Dès le 28/10, Pékin et Daramsala rectifiaient le tir, annonçant leur fameux sommet «de la dernière chance» (29/10). Quoique les chances d’entente semblent minces, la partie chinoise prend le monde par surprise, en invitant ses hôtes à visiter d’autres ethnies genre Corée (chinoise), avec sa TV, son université, ses journaux dans la langue locale… et sa paix sociale. Manifestement, Pékin, pour sa région autonome, cherche des idées nouvelles !

[2] Parmi les dizaines d’affaires dans la presse (pollution, fraude, accident caché), celle de Tonggu (Jiangxi) frappe le plus, par sa violence -et sa prévisibilité. En 2004, Luhai, Cie privée achète le droit de coupe forestière sur 6700 ha de montagne, 3000¥/ha. Mais la réforme foncière et l’abolition des taxes rurales revalorisent ensuite la forêt de Tonggu, ce dont l’exploitant refuse de tenir compte. En conflit, les fermiers recommencent à abattre directement « leurs » arbres. La firme lance contre eux ses 30 nervis. C’est l’émeute (23/10), jusqu’à 1000 paysans contre les 30 gardes puis 100 policiers. Des voitures de police sont retournées, le QG de Luhai mis à sac. 15 blessés. Alors l’Etat (Nanchang, voire Pékin) réagit : 8 vigiles arrêtés, sans compter ceux en fuite. Lors d’une négociation express, Luhai rajoute 8% à son prix à l’hectare, les paysans lui restituent la centaine de meubles, PC et autres articles volés durant l’émeute…

[3] Pékin avait trop vite déclaré la fin du scandale de la mélamine du lait : il rejaillit, depuis Hong Kong, dont les services d’hygiène retrouvent le poison dans trois provinces. Il en résulte une crise de confiance (et de conscience) sans précédent : les langues se déliant, la mélamine pro-venait (« légalement ») de l’aliment des poulets et des vaches. Toujours positif, Wen Jiabao croit pouvoir rétablir le bon renom de l’aliment made in China « en deux ans ». Mais demandera-t-on, que ne l’a-t-on fait avant ?  

[4] L’agriculture lance à Quanzhou (Fujian, 26/10) ses 6èmes Jeux paysans. 3.500 villageois se mesurent à la course au pneu ou à la danse du Yangge. Cette rencontre qui vise moins le record que la fantaisie, intervient deux semaines après les Jeux de l’esprit à Pékin, où se mesurèrent les meilleurs experts mondiaux des échecs et autre bridge. Chaque délégation avait apporté un bidon d’eau de son pays. Mélangée, redivisée, elle repartit ensuite pour les 5 continents -symbole fécond de la vie et de l’esprit. La Fête de la Musique avait été inventée en France : en la matière, la Chine démontre des capacités d’imagination insoupçonnées, er prétend offrir au monde d’autres fêtes des temps modernes.

 

 

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