Temps fort : Protocole de Kyoto : accord conditionnel chinois

Au sommet Asie-Europe de l’ASEM (VdlC n°34), la Chine s’était dite prête à des réductions contraignantes de ses émissions de gaz à effet de serre (GES), à partir du sommet de Copenhague (fin 2009). C’était un virage à 90° -un début de reconnaissance de ses responsabilités de puissance industrielle. Plus qu’une conscience mondialiste abstraite, c’est la pollution à sa porte qui la fait changer d’avis : le 29/10, Xie Zhenhua, vice Prsdt de la NDRC (National Development and Reform Commission) admet que la Chine est désormais  le 1er pollueur du monde, avec 1,8MMt de CO² émis par an dans l’atmosphère.

Ce jour-là, Xie Zhenhua présentait un Livre blanc, qui s’inquiétait sur la capacité du pays à réduire les gaz à effet de serre, entre l’indiscipline des provinces et l’impératif de poursuivre la croissance. Le livre reprenait aussi une vieille critique aux pays riches : celle de n’avoir pas transféré aux pays pauvres, (selon le protocole de Kyoto), leurs technologies d’énergie propre. Selon l’UNDP (United Nations Development Program), le besoin était de 86 à 109MM$ /an. Les pays riches n’avaient offert que 5 à 10MM$. La Chine exige donc qu’ils transfèrent aux pauvres au moins 0,7% de leurs PIB, 284MM$/an, sous forme d’équipements propres, dont elle garantit (sur son sol) sa protection contre le copiage. On en saura plus le 7/11 à Pékin, lors d’une conférence co-organisée avec l’ONU, l’Organisation des Nations Unies.

Mais les Occidentaux ne se lanceront pas tout de suite dans cette démarche, forcément impopulaire auprès de leurs opinions. Ils estimeront d’abord un tel effort «inutile», puisque la Chine n’a d’autre choix que de s’imposer ces normes drastiques. Pourtant, son gain, dans un tel effort, est double et de valeur infinie au vu de l’investissement de départ : gagner la confiance des moins nantis (avec implications pour d’autres palabres planétaires comme l’OMC), et surtout des années dans la lutte contre la montre qu’est la guerre au réchauffement global.

La Chine annonce d’autre part, cette semaine, son projet de construire d’ici 2015, avec le soutien de la Haye, 20.000 puits de surveillance de la table aquifère pour en suivre en temps réel le niveau, la température et la pureté. Elle prépare la révision de la loi environnementale, afin de bloquer efficacement, dans les provinces, des projets nocifs à l’environnement et illégaux. Et enfin, après celles de Pékin et de Shanghai ouvertes depuis août, Tianjin met à son tour la dernière main à sa Bourse d’échanges climatiques, permettant de négocier les crédits carbones entre firmes disposant de tels quotas (c’est-à-dire des firmes ayant réduit leurs gaz à effet de serre) et firmes demandeuses (en retard sur leurs engagements). Encore opaque et mal compris, ce mécanisme semble meilleur que la loi et la contrainte, pour amener les usines à produire « propre », tout en en tirant du profit, à savoir pour acquérir la Chine au combat du changement climatique. A condition qu’elle «renvoie l’ascenseur», en ouvrant son propre marché du crédit carbone aux firmes étrangères : ce qui est en train d’arriver, avec l’ouverture de ces bourses !

 

 

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