A la loupe : Les emplettes étrangères des fonds chinois

En avril, la China Investment Corp. (CIC), le jeune fonds souverain chinois, s’offrait 1,6% de Total. Le 14/05, Jean François Dehecq, PDG de Sanofi-Aventis, annoncer l’entrée d’autres fonds chinois en son capital, pour 1,1%. Bien d’autres petits pas chinois se produisent au même moment, touchant les plus grands noms de l’industrie ou de la finance planétaire. Mais c’est un renversement de tendance, face aux années précédentes ou le capital mondial tentait d’acheter chinois.

Une action très symbolique résume l’esprit du temps : Carlyle, célèbre en Chine pour ses tumultueuses  reprises de firmes publiques, s’associe au gouvernement du Shandong, sans investissement, mais de manière à obtenir en 1er la «shopping list» des investisseurs de la province dans le monde, et les aider à trouver le bon achat…

Le grand tournant est orchestré par la faiblesse de la finance et de la bourse mondiale, en plein dégraissage pour cause de subprimes. Sanofi, par exemple, a perdu 23% depuis janvier 2008.

Face à cela, tablant sur la reprise, la finance chinoise achète des valeurs sûres à bas prix. Ce qui lui offre deux autres avantages : s’établir en Europe ou aux USA, et apprendre le métier de trader planétaire—avec ces montants modestes pour débuter.

Cette finance chinoise ne se plaint pas que l’eau est trop froide : depuis son rachat de 9,4% de Blackstone, il y a 12 mois, CIC a perdu sans broncher 750M$. L’Etat encourage ces audaces, car pour alléger la pression à la réévaluation du yuan, il doit «drainer son terrain» de son excès de devises, 2.000 MM$ de réserves… Cependant ces investissements chinois en bourse restent faibles, moins de 110MM$, l’équivalent de 18 mois d’investissements étrangers en Chine! Les flux de portefeuille (prises de participation inférieures à 10%) sont également peu significatifs, même s’ils sont passés de 9,9% en 2004 à 14,1% en 2006 des investissements chinois hors-frontières.

 A la clé de ce changement de comportement de la finance chinoise, une montée en confiance (consciente de soudain « dépanner » le monde), et une réaction du type « la faim chasse le loup du bois » : le US$ dégringole, et avec lui, les 900MM$ de bons du trésor US détenus en Chine. En concurrence directe, les fonds chinois doivent, toujours plus, rechercher du profit. Tout en contribuant à la création d’un stock stratégique de ressources mondiales – valeur très sûre, car en voie de raréfaction. Et tout en créant des réseaux d’alliance, comme le fait la banque ICBC en entrant dans Fortis (Belgique) et Standard Bank, n°1 en Afrique.

Prochain deal à l’horizon : la reprise visée par Haier, pour 5 à 8MM$, de la branche « électroménager » de General Electric. A condition que LG ou Samsung (Corée du Sud) ne lui rafle pas la mise, profitant de la hantise américaine face à toute expansion chinoise sur son sol !

 

 

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