Pol : L’ours russe chez le dragon chinois : l’introuvable alliance

L’Ours chez le Dragon —l’introuvable alliance !

Suivant l’exemple, en décembre, du 1er ministre nippon Yasuo Fukuda, le Président russe Dmitri Medvedev, à peine intronisé, consacre à Pékin son 1er voyage officiel (23-25/05).

La Chine, pour son pays, est le partenaire incontournable, notamment par le progrès des échanges bilatéraux (48 MM$ en 2007, quintuplement en 7 ans). Pékin a honoré son voisin en l’invitant en 1er dans les opérations de sauvetage au Sichuan. Il accorde à Atomstroyexport 2 un contrat à 1MM$ pour une centrale d’enrichissement de combustible nucléaire. En retour, un «accord de principe» a été trouvé pour le pipeline sibérien oriental, dont il rêve depuis 10 ans, d’un coût global de plus de 15MM$ : jusqu’à la côte pacifique (Corée, Japon), mais avec une bretelle vers le sud, descendant 30Mt/an vers Daqing. Toutefois, le projet ne débutera qu’«après 2009», une fois la Chine prête à payer le vrai prix.

Et Medvedev, avant d’atterrir à Pékin, était passé par Astana, au Khazakstan : manière de dire qu’en Asie, Pékin n’est pas la seule priorité russe… Et que l’amitié sino-russe quoique urgente, a du mal à se matérialiser !

Taiwan : une diplomatie du secourisme…

En fonction le 20/05, Ma Ying-jeou, le nouveau président est invité en Chine deux jours plus tard par Hu Jintao.

Les deux hommes sont anxieux de rétablir un dialogue direct, interrompu en 1995 suite à une visite de son prédécesseur Lee Teng-hui aux USA. Autre signe favorable : les 20 secouristes taiwanais ont aussi été accueillis à bras ouverts au Sichuan. D’autre part, les vols hebdomadaires directs de part et d’autre du détroit de Taiwan sont pour le 4/07 : avec le bon vouloir des deux capitales, ce retour aux affaires du parti nationaliste démarre sous d’excellents augures.

Pendant ce temps, au DDP en pleine déconfiture, tout est à reconstruire. Pour la 1ère fois de son histoire, c’est à une femme qu’il confie sa présidence, Tsai Ing-wen, 51 ans, docteur de la London School of Economics, ancien vice-1er, modérée, compétente, aux mains propres : le profil idéal pour recadrer le Parti et regagner la confiance des troupes. Quant à Chen Shui-bian, il risque désormais… des poursuites judiciaires, pour corruption.

Santé : les mauvais rêves des parents chinois

Les grands-parents ont vécu la famine mais les petits-enfants vivent de sodas, fast-food et jeux vidéos : regagnant ainsi, et au-delà, les cm de tour de taille perdus un demi-siècle en arrière.

A en croire l’étude du gouvernement chinois, présentée à l’OMS en session à Genève, sur 100 de ses enfants citadins de moins de 7 ans, près de 20 sont en surpoids, et plus de 7 sont obèses (=20% au dessus du poids normal). A ceci, une raison culturelle : la rondeur est signe de richesse. Et les garçons plus que les filles -souvenir des temps où la force du gars était pour ses parents le gage d’un 3ème âge hors de la misère. La boulimie traduit aussi un enrichissement mal maîtrisé: en 10 ans, l’obésité a progressé de 156%, le surpoids de 52%! Pour Ding Zongyi, directeur de l’étude, ces chiffres sont inférieurs à ceux des USA, mais supérieurs à ceux d’Europe et pire, au taux de croissance chinois. Les parents se trompent d’objectif pour leurs héritiers, ne pensant qu’aux bonnes notes donc au bachotage et négligeant de leur faire faire de l’exercice -moins de 2h/semaine. La diète cumule graisse et sucre, négligeant fibre et légume vert. Plus grand, plus large, l’enfant chinois a vu fondre ses muscles et perdre de sa capacité pulmonaire, courant (si l’on peut dire!) vers hypertension et diabète. Seules les firmes d’amaigrissement profitent de la dérive, avec un marché qui atteindra 6MM² en 2010.

Solution préconisée par Ding : que les ministères changent de croisade (de la «malnutrition» à la «mal-bouffe») – et que les «petits empereurs» apprennent à gérer leur vie—à faire leurs lits, par exemple !

Cambodge: l’électrification du Mékong inquiète

Dans les années ’90, les 7 barrages annoncés par la Chine sur sa partie du Mékong suscitèrent en Asie du Sud-Est une forte opposition —qui n’empêcha pas l’apparition de 3 d’entre eux, pour commencer.

Dix ans après, une manière subtile pour la Chine de compenser, est de bâtir des ouvrages similaires chez ses voisins en aval, notamment au Cambodge. Offre très bienvenue des autorités locales, car le pays manque structurellement d’électricité, n’en produisant que 300MW, ce qui fait que 80% des 14M de Cambodgiens ne sont pas raccordés.

Sur les 9 barrages que Phnom Penh envisage d’ici 2019, d’une capacité de 1.942MW, des groupes chinois en bâtiront au moins 4. Ainsi Sinohydro, pour 280M$ (le plus gros investisseur étranger au Cambodge), ouvrira d’ici 2010 Kamchay – 145m de haut et 180MW. Le Cambodge y perdra 2600ha du parc national du Bokor (2%), abri de 200 espèces rares (léopards, tortues). Les autres nuisances étant l’ouverture d’une route favorable au trafic du bois, et le risque de prolifération de la malaria. Mais l’électricité générée ira à la capitale, à 150km. Sur ce contrat en BOT, Sinohydro a obtenu le droit d’exploitation pour 40 ans, et le coût est couvert par un chèque public chinois de 600M$ : magnifique affaire!

D’autres projets sont le barrage de Chay Areng (260MW, 200M$, BOT pour le China Southern Grid, à construire d’ici 2015), et Stung Atay par une corporation du Yunnan (120MW, ouverture en 2012). Ainsi, Chine et Cambodge trouvent un terrain d’entente : sur la croissance, les affaires, contre l’écologie.

 

 

 

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