Autres : Santé : la misère des hôpitaux chinois

Weng Wenhui, 74 ans, fut admis en juin 2005 à l’hôpital n°2 de Harbin (Heilongjiang). Qu’il décède 2 mois plus tard, était dans l’ordre naturel des choses, souffrant d’un cancer de la lymphe. Mais l’addition fit tiquer : 550.000 ² ! Bon fils (riche), l’hériter paya, mais éplucha ensuite le compte, et fit de bien étranges découvertes !

A en croire l’établissement, en 67 jours, le décédé aurait subi 1180 consultations, des 10aines de radios, même après sa mort. En un jour, on lui avait asséné 9,4l de sang, 100 litres de sérum. Il y avait aussi ces kilos de médicaments (pour 100.000 ²) demandés par l’hôpital à la famille, et disparus sans laisser de trace… Face aux plaintes de la famille, l’hôpital «enquêta», et conclut qu’au contraire, bien magnanime, il n’avait pas forcé sur la note…

Finalement, Sous la pression judiciaire, le médecin traitant craqua, avoua que l’hôpital l’avait forcé à truquer son diagnostic pour imposer cette addition plus dictée par le business que par Esculape. L’affaire a fait grand bruit en Chine, même si aucune sanction à ce jour n’a été publiée. Elle n’est pourtant pas rare : le même mois, à Shenzhen (à l’autre bout du pays), un patient est mort en 50 jours, après 24 examens radios, 140 médicaments, dont 16 antibiotiques, des dizaines de tests dont la plupart imaginaires, pour une douloureuse de 120.000 ² ! Ailleurs, à Pékin, le prestigieux hôpital Tongren laissa un travailleur migrant mourir dans un couloir, après avoir 2 fois refusé de le soigner, faute de prouver sa solvabilité. Tandis qu’ à Nankin, une vieille femme préféra se noyer, afin d’éviter à ses enfants le coût de son opération de l’estomac…

Diagnostic : Depuis 1980, les hôpitaux (96% des soins chinois) n’ont plus reçu un sou de l’Etat pour fonctionner. Forcés à vivre avec des salaires officiels inférieurs à ceux d’ouvriers, les médecins ont limité leur activité à la population solvable, moyennant une palette de procédés illégaux mais obligatoires : bakchichs pour opérer, prescriptions de médicaments, soins ou tests inutiles mais ruineux, et quintuple profit sur la nuit d’hospitalisation, facturée 2100², pour un coût de 300². De la sorte, les frais de santé en Chine ont augmenté de 11%/an depuis 1990, bien plus que la hausse salariale (max. 9%, en ville).

Or, en 2004, seuls 15% ont la sécurité sociale, et 10% la retraite. L’Etat tente d’accélérer l’élargissement de la sécurité sociale, au rythme de 6% par an – mais à ce compte, il n’aura encore que 220 millions d’assurés d’ici 2020. Autant dire que la plupart des gens n’ont pas les moyens de se faire soigner, et préfèrent la médecine alternative, les soins par les herbes, voire comme ces 60 à 80% des paysans malades au centre du pays, et rester chez eux pour mourir au lit, plutôt que d’affronter l’hôpital.

D’autant que prix astronomiques ne rime pas toujours avec qualité. Certes, on refait de manière luxueuse les chambres, on importe des scanners, mais en même temps, l’incendie de l’hôpital de Liaoyuan (Jilin) le 16/12, dû à des circuits électriques défectueux, causa 38 morts… Seule bonne nouvelle : l’Etat annonce un  nombre de séropositifs en régression, à 650.000 cas au lieu de 860.000 précédemment, et 75000 sidéens. Formidable bond en arrière, due affirme t’il à une meilleure méthode de comptabilisation. Sous réserve d’inventaire !

 

 

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