Pol : Pékin – Ryad, accord géant dans les coulisses

— Entre Chine et Arabie Saoudite, les rapports sont anciens, et secrets.

Pour autant, ils ne peuvent être insignifiants, parlant du 2d consommateur mondial de pétrole, à la demande croissant de 15%/an et du 1er producteur mondial -également  1er fournisseur de la Chine!

Ces deux pays ont aussi un puissant potentiel politique, entre la Chine aux ambitions claires, et le coeur de l’Islam, comptant parmi ses fils un certain Bin Laden… Tout cela fit de la visite du roi Abdallah, le 23/01 (la 1ère à l’étranger depuis son couronnement en août) un succès aussi vibrant que tacite.

Parmi les accords avoués, figurent un traité de non double-imposition, et un prêt de la Banque Saoudienne de Développement à la ville d’ Aksu (Xinjiang) – dans la lignée des nombreux prêts de la dynastie hachémite à des communautés musulmanes de Chine, tels ceux au séminaire d’Urumqi ou à la Grande Mosquée de Xi’an.

Des échanges politiques peut-être essentiels eurent lieu avec Hu Jintao, Wen Jiabao et Wu Bangguo (n°2 du régime) à propos de Palestine et d’Irak, région où les deux parties peuvent souhaiter limiter l’influence américaine. En matière d’énergie, plane une déclaration d’intention à très grande voilure, sur différents projets tels la création par l’ArabieSaoudite dans l’île de Hainan, en 6 ans, d’une réserve stratégique chinoise de 180 jours, soit  200Mt. Ceci signifierait une explosion des livraisons, de 20Mt l’an passé (17% des importations).

La Chine participerait en grand au développement du gaz saoudien. L’Arabie prendrait pied dans la distribution, et la pétrochimie chinoise (où elle construit déjà deux méga-raffineries)… A suivre !  

— L’envie de visite au Japon de Lee Teng-hui, l’ancien Président taiwanais, à partir du 10 mai  pour quelques semaines, permet à Pékin de rappeler son opposition de principe, mais surtout de tendre une main : entre ces deux voisins géants en plein litige, bien des angles s’arrondiraient, moyennant un “traitement correct (sic) de la question taiwanaise”.

Nonobstant les autres pierres d’achoppement (le partage du pétrole marin, l’insistance du 1er ministre Koizumi à fréquenter le mémorial de Yasukuni, où reposent des criminels de guerre). A Tokyo cependant, le message passe mal. Une de ses firmes vient de vendre 9 hélicoptères de traitement agricole à la firme chinoise de photo aérienne  BVE, que Tokyo croit liée à l’APL (armée populaire de libération). Or, ces engins de belle taille (3,63m d’amplitude) et sophistiqués (pilote automatique, GPS) auraient des capacités de renseignement. Entre ces deux, le climat reste donc… hivernal.

—  Sujet très en vogue dans les restaurants, chez les coiffeurs : « Mémoires d’une Geisha », le long métrage de R. Marshall (fresque des années ’30-40 au Japon), sortira, sortira pas? A deux semaines du grand jour (10/2), le visa de censure n’est pas accordé, du fait de la forte polémique : les trois Geishas héroïnes sont  jouées par des Chinoises. L’opinion

L’opinion déplore que des filles du pays interprètent des filles de joie (ce qui n’est pas le cas!), ou des amantes de capitalistes nippons. Chen Kaige, le réalisateur, enfonce le clou : «des Chinoises ne peuvent jouer des geishas». Curieusement, le public japonais se fâche aussi du choix par Hollywood d’actrices du continent —et entre Zhang Ziyi et Gong Li, les «Geishas» rivales, l’une 25 ans, et l’autre 40, nulle tendresse ne semble gaspillée… Un film qui divise donc, ou plutôt, qui exacerbe un malaise ancien !

— La visite (10-19/01) du ministre des affaires étrangères chinois, Li Zhaoxing par Cap Vert, Sénégal, Mali, Liberia et Nigeria a permis d’ensemencer le terrain pour une pépinière de téléphonie chinois à travers le sous-continent noir. Huawei a signé (14/01) un accord avec la Sotelma (Mali) pour développer le réseau de télécommunications national… Pour entretenir l’amitié,  Li avait préalablement remis au chef de l’Etat 3M² en aide au développement -petit chèque permettant d’ouvrir un débat technique, par exemple de vente de pétrole (le véritable enjeu pour la Chine) payé partiellement en téléphonie.

Au Kenya, Mutahi Kagwe, ministre kenyan de la communication a déjà sauté le pas, annonçant le choix de son pays pour le standard CDMA, version chinoise, dans les zones «plus reculées».

En Angola, ZTE, l’autre champion chinois de la téléphonie obtenait dès juin ’05 de l’opérateur local Mundo Startel, un contrat pour quelques terminaux téléphoniques.

Ici, la Chine exploite ses deux atouts provisoires : ses filières à bas prix (équipement, génie civil, biens de consommation), et son non-alignement qui satisfait en Afrique comme ailleurs, des jeunes gouvernements post-coloniaux.

— Pour le ballon rond chinois, la saison 2005 avait été terrible, rongée de matchs truqués, de grèves de joueurs, d’ententes entre intérêts politiques provinciaux et «sifflets noirs»

(arbitres marrons) : clubs et fans, dégoûtés, jetaient l’éponge, comme Sepp Blatter, Président de la FIFA, ou Siemens, sponsor national qui dénonçait son contrat. D’urgence, un homme intègre, Xie Yalong avait été parachuté  à la tête de l’ACF (la structure administrative organisant la Super-Ligue), pour tenter en quelques mois le grand nettoyage. Or, à deux mois de la nouvelle saison, le climat est tout sauf rose ! Lors d’une réunion d’entraîneurs dans le Guangdong (17/1), Xie menace, si les fraudes persistent, de supprimer le championnat.

Curieusement, cette menace, si elle se matérialisait, ouvrirait la voie à la demande des clubs l’an passé : s’organiser par eux-mêmes, et lancer leur championnat autonome —une fédération, menace à la raison d’être de l’ACF. Ce que la Commission des sports prétendait l’an passé interdire. La menace du patron du football, pénaliserait avant tout sa propre administration. Où va-t-on ?

RDV en mars, lors des 1ers matchs, pour le prochain avatar de la Super-Ligue —qu’il est certainement trop tôt pour enterrer  !  

 

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