Joint-venture : Nucléaire – le pas de Toshiba

— La Chine fait rêver par sa culture, son antiquité, et interpelle par son éveil de puissance commerciale: autant d’arguments qui font qu’on vient y voir.

L’an passé, les touristes étrangers furent 120M, dont 3,6M à Pékin (3,1M, en ôtant ceux de Hong Kong et Taiwan). Soit +15%, pour 96MM$ de recettes. Et d’ici aux Jeux Olympiques, l’élan ne fera que croître. Il est d’ailleurs réciproque (cf article “luxe”, p.4), avec ces 31M de Chinois qui eurent la bougeotte en 2005, et prirent la clé des champs hors du pays, y laissant 75MM$, selon l’estimation très conservatrice du ministère des finance. Et ce n’est qu’un début—on n’en est encore qu’aux balbutiements.

— Jusqu’en 2001, Macao, le casino de l’Asie (50% de son PIB) et d’un roitelet, Stanley Ho : cette année là, l’éclatement du monopole relança l’économie locale, acheminant des flux inavouables de fonds chinois ou US.

La reconquête sur la mer alimente un programme hôtelier de 70.000 chambres en 5 ans, pour faire de Macao la nouvelle frontière du tapis vert. Dès 2004, l’enclave recevait 16,7M de visiteurs, avec 40% de plus, venus de Chine. En 2005, Air Macao cédait son monopole.

Reste à peupler cet aéroport sur pilotis : jusqu’à 18 Cies très low cost surgissent des limbes, jetons de transporteurs régionaux anxieux d’exploiter cette manne. Tel Macao Asia Express (= CNAC, Air Macao, Stanley Ho qui reprend d’une main le pouvoir perdu de l’autre, et investit dans MAE pour 30M$, et 33%). Tel aussi  Tiger (participation de Singapore Airlines), ou Air Asia (Malaisie). Dans cette liste, un nom se distingue : Viva Macau, d’origine trouble (Las Vegas?), anxieux d’attirer avant d’autres les joueurs de Tokyo, Hawai ou Moscou.

Pour 1,75MM$, Boeing vient de remporter ce contrat : dès juin, une poignée de B767 leasés, et dès 2008, à la sortie d’usine, 12 dreamliners -dont Seattle totalise désormais 380 ventes fermes !

— Faible en Chine (2,3% de ses capacités installées), l’énergie nucléaire y fait soudain parler d’elle.

On sait depuis l’an passé, le plan de 30 réacteurs de1000MW en 15 ans, pour un invest de 40 à 50MM². Or, le 26/1, l’électricien Datang annonce une JV avec Guangdong Nuclear pour 2 unités de 1000MW moyennant 2,9MM$ à Ningde (Fujian). Mais ici, 1 mystères :

[1] Datang n’y connaît rien en nucléaire, et

[2] elle est déjà endettée par la hausse du charbon, et sa course au rachat de centrales thermiques. Sur le fond, ce que cela annonce, est une série de coopération (encouragées par Pékin) entre provinces et électriciens locaux, pour occuper le marché du nucléaire de la génération présente.

D’autre part, Toshiba coiffe General Electric (GE) et Mitsubishi (25/01) pour reprendre Westinghouse, le constructeur anglo-US de centrales. Le prix offert, 5MM$, pulvérise les 3,5MM$ attendus. Or, là aussi, l’industriel japonais déjà en Chine sur un programme ambitieux dans les écrans plats/TV, dont il prétend quadrupler en 2 ans sa part du marché, aura du mal à payer. Mais l’enjeu est encore ce même plan nucléaire chinois. Auteur de 61% des centrales dans le monde, Westinghouse s’offre pour un contrat de 4 réacteurs et 8MM$. Pour s’approprier ces outils de nouvelle génération, de Westinghouse ou Areva, la Chine n’aura d’autre choix que de coopérer avec les uns et les autres—quitte à les mettre en concurrence !

— Depuis 2004 n°1 mondial de la cervoise, après son rachat du brésilien Ambev, le belge InBev (ex-Interbrew) frappe un gros coup en Chine en reprenant Sedrin (23/01), la prospère brasserie du Fujian, 35M d’habitants, dont elle tient 45% du marché avec ses 3 usines.

Le montant de la transaction est à la hauteur de l’enjeu : 614M². Les producteurs de Stella Artois et de Hoegarden deviendront ainsi n°2 national, avec 35M d’hectos (12% du marché), juste derrière l’américain Anheuser-Busch. Sedrin devient sa 5ème plus grosse unité mondiale. Le rachat belge correspond à la reprise immédiate des 40% de parts d’Etat et à celle d’ici ’07, des 60% privés. A une condition d’InBev: que le feu vert public vienne avant décembre, pour permettre au groupe une économie en écritures de 110M². Son classement régional est également assuré: avec ses marques Stel-la, Beck’s et Brahma, InBev est leader au Guangdong, au Zhejiang et au Fujian.

Envers de la médaille : cet achat va trancher des 100aines d’emplois à travers les unités d’InBev en Europe, dont 45 en Belgique !

 

 

 

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