A la loupe : Profits, éthique : les affres du Congrès américain

La ligne éthique de plusieurs groupes nord-américains d’informatique en Chine, est questionnée par le Congrès US.. Reporters sans Frontière a tiré le signal d’alarme en septembre, accusant Yahoo! d’avoir dénoncé le dissident Shi Tao pour communication de «secrets d’Etat » à l’étranger. Cinq mois avant, Shi Tao en avait pris pour 10 ans. Puis Yahoo! s’était vu offrir le feu vert pour racheter pour 1MM$, 40% d’Alibaba, portail de ventes en ligne.

Le Congrès a encore constaté que Microsoft fermait sur son portail, le «blog» du journaliste Zhao Jing. Cisco offrait à la police son système de filtrage, permettant d’interdire à l’utilisateur l’accès aux sites mal vus. Google efface de son portail, toute contribution affichant des mots tels «démocratie» ou «liberté». Et pourtant, en 2002, Yahoo ! avait signé avec la Chine un « code  d’autodiscipline éthique » – qui a mené droit à la dénonciation de son utilisateur chinois !

A leurs critiques, les firmes répliquent en affirmant respecter la loi chinoise, et que «le mal est le fait des régimes, pas des entreprises». Google manie une variante subtile, parlant d’ «équilibre d’intérêts pour l’usager local, entre les dérapages inévitables mais rares, et le fructueux et permanent service offert ».

Le Congrès ne l’entend pas de cette oreille. Christopher Smith, républicain, lance mi-février un hearing à la Chambre des représentants, dans l’enceinte «Droits de l’homme» qu’il préside. Un débat identique, informel, débute le 1er fév. au Sénat, sous la houlette du démocrate Tim Ryan. Il s’agit d’abord d’entendre les deux parties, marchands de software et experts de RSF. On note que l’initiative part simultanément des deux bords de l’échiquier politique américain.

Anachronique, Reporter sans Frontière milite pour une «auto-discipline» qui interdirait à ces firmes d’ouvrir un portail dans les pays «pratiquant la répression». En tout cas, le débat pourrait aboutir à un code de conduite contraignant et surveillé, voire à des sanctions en cas de manquement patent, comme dans l’affaire Yahoo. En tout cas, cette affaire démontre un éveil inattendu de l’opinion US, sur le thème « business d’abord, mais pas seulement business »!

 

 

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