A la loupe : Gaokao, le grand saut dans le noir

Pour les 16-18 ans, les 7 et 8/06 étaient le temps du saut dans un terrifiant inconnu, roulette russe des études: c’était le Gaokao, concours ultra-sélectif d’entrée aux 1020 universités, 9,5M de candidats pour 2,6M de places. Les neuf années précédentes, au lycée, avaient sapé la moitié des élèves, les autres s’accrochant à force de bachotage nocturne, qui en laissaient 30% dépressifs et autant de myopes.

Pour ce passage décisif, les parents ne reculèrent devant aucun sacrifice, ni l’hôtel  réservé à deux pas du centre d’examen, ni le cuisinier recruté pour ses menu légers, énergétiques et anti-stress, ni la semaine de congé prise pour entourer le fiston dans ses dernières révisions.

Alors, la superstition règne en maître : tant de mères ont été brûler l’encens au temple bouddhiste, puis prier à l’église -deux précautions valent mieux qu’une. Le taxi fut commandé en fonction des chiffres auspicieux de sa plaque. Les parents furent aussi nerveux que les jeunes—76% avouant souffrir d’insomnie! Les mairies ou les parents détournèrent ou stoppèrent le trafic, pour assurer le silence à l’exam.

Le Gaokao est offert en deux sections, scientifique et littéraire. Calqué sur le modèle américain, il propose des questions à quadruples réponses, pour une évaluation impeccable des connaissances. En lettres, à Shanghai, la dissertation eut un sujet novateur et peu conventionnel : « Je veux prendre ta main » !

Mais l’injustice rode, d’abord sous la forme de la triche électronique : en 2005, 1700 candidats furent pris sur le fait, et 30 réseaux démantelés —les réponses parvenaient par wifi ou par texto. Autre problème, le  favoritisme : le jeune Pékinois n’a besoin que de 615 points (en 2005), contre 688 aux jeunes provinciaux du Shandong. Le Pékinois est assuré d’intégrer à 70%, contre 25%, moyenne nationale ! 

Malgré ces défauts, le système a accompli une remontée remarquable : les jeunes en fac sont aujourd’hui 23M, soit 21% des 18-21 ans, contre 9,8% en 1998. En 9 ans, les admissions ont triplé : marquant la volonté du pays, de former en nombres suffisants ses cadres de demain, tout en modernisant le savoir, désormais accessible à beaucoup plus !

 

 

 

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