Joint-venture : Cathay + Air China — n°1 mondial?

— En juillet 2004, le verdict du Bureau national des brevets avait résonné comme une cymbale dans le ciel industriel chinois, en annulant à Pfizer la licence du Viagra – 12 compagnies locales se préparaient à recopier à bas prix cet adjuvant d’amour.

Le n°1 mondial du médicament avait fait appel. Bien lui en a pris : le 4/06, un tribunal de Pékin rétablit le brevet. Bien informé, Pfizer n’avait pas attendu pour annoncer l’introduction en Chine de 20 autres de ses molécules avant 2010. Les 12 candidats copieurs perdent la partie. Quant aux pirates ayant produit le Viagra sans licence, ils risquent gros: à Shaoxing (Zhejiang), Wang Weiping est condamné à 10 ans de prison et 196.000² d’amende pour avoir contrefait près de 2M de pilules de Viagra et de Cialis de faible qualité, mettant à risque la santé de l’utilisateur.

NB : le médicament piraté occupe 10% du marché chinois, 35MM$/an. Une récente enquête dit que les labos chinois baissent en qualité face à l’étranger, du fait d’un insuffisant encouragement fiscal à l’innovation, d’une politique de prix inadaptée et de l’effort insuffisant dans la recherche. Sur les 200 groupes locaux, la plupart se cantonnent aux produits génériques (interféron, insuline), à 20 gammes de produits, dont seulement 3 brevets propres. Dans ce contexte, la restitution à Pfizer de son brevet, force le secteur à se remettre en cause !

— Une symphonie  fantastique financière se joue entre Cathay Pacific et Dragonair, Air China et CNAC (la corporation nationale d’aviation), les géants aériens de Hong Kong et de Chine.

1MM$ et des paquets d’actions permettront à Cathay le rachat complet de Dragonair dont il détenait 18% des parts. Il reprendra les parts qui lui manquent à Swire (7,7%), Citic Pacific (28,5%) et CNAC (43,3%) -c’est à dire Air China sa maison mère.

Cathay doublera aussi à 20% ses parts d’Air China et lui cédera en échange 10% des siennes. Pour Cathay -qui venait de perdre en mars 25% de ses profits dans la flambée du kérosène- c’est l’accès à la terre promise chinoise, qui l’avait chassée en 1990. L’accord lui restitue les 23 lignes ouvertes par son cadet en 16 ans. D’autre part, à demi-chinois désormais, Cathay verra l’espace aérien continental dérégulé à son seul profit, et va aussi réduire sa concurrence vers Taiwan -ligne ultra profitable.

Pour Air China, la mariée n’est pas moins belle, reprenant 10% d’un groupe fort de 97 avions et 92 lignes mondiales, sacré «transporteur de l’année». Cathay lui offrira un ravalement technique à étape forcée, accélérant son ascension au club très fermé des grands de ce monde. Les deux groupes conçoivent au passage le n°5 mondial du fret (associant China Eastern, cf VdlC n°20).  Mais surtout, c’est le 1er transporteur mondial qu’ils annoncent, préparant l’intégration des lignes et du parc volant.

Pas de changement de marque à attendre pour l’instant : le nom de Dragonair est assuré, pour au moins 6 ans !  

 

 

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