Pol : Universités : quelque chose de pourri au royaume du plagiat

— Vu de l’étranger, le plagiat académique fait moins de bruit que le piratage industriel, mais suscite dans l’opinion, une violente polémique.

Le ministre de l’éducation se sent obligé (15/3) de lancer une enquête sur la gravité du phénomène, et d’annoncer la création d’un organe national pour tenter de l’enrayer. Ces derniers mois, les cas de professeurs publiant les recherches des autres sous leur signature se multiplient.

Tel Zhou Yezhong, le juriste de l’université de Wuhan, conseiller de Hu Jintao ayant dépouillé «mot pour mot» un dissident qui avait fait de la prison pour ces mêmes idées. Selon une enquête, parmi 180 docteurs en titre, 60% ont payé pour publier, 60% ont pompé leur recherche ou utilisé des nègres (leurs étudiants).

A cela, plusieurs causes:

[1]  les professeurs promus sont ceux qui publient, mais la qualité de leurs écrits n’est pas vérifiée.

[2] Les plagiaires sont puissants, et leurs dénonciateurs ne sont pas protégés.

[3] Enfin, la croissance monstrueuse des effectifs (6M jeunes, +15% /an) fait de ce monde une jungle.

Si la Chine finit par réagir à sa dérive, c’est que la masse de sa recherche retombe comme un soufflé, tandis que les vrais chercheurs, spoliés, abandonnent : au risque pour la Chine, de tuer la «poule aux oeufs d’or» de sa reconnaissance scientifique future !

— Les grandes campagnes policières « frappez fort » ( 严打yanda) chères à Jiang Zemin, n’ont plus cours, telle celle de l’an 2000 qui avait abouti à l’interpellation d’1million de suspects.

Pour autant, la Chine semble perdre la bataille contre la mafia, comme Canton qui lance une action sine die. Une des 1ères victimes est Chen Kegen, «parrain» à Shenzhen, exécuté le 3mars, après avoir racketté durant 3 ans, trois marchés de fruits de mer. Zhang Guifang, vice secrétaire du Parti communiste chinois peint de ce chancre une image sombre : bus, marchés de gros, bars et discos, immobilier, sont sous contrôle de cette «société noire» (黑市会, heishihui), même la police, dont de hauts cadres lui assurent l’impunité.

Une telle dérive se retrouve partout en Chine, comme en atteste dans le Hubei, la perpétuité infligée en appel (21/3) à Yang Shihong, ex-chef de la Police de Wuhan. Le verdict initial l’avait condamné à mort. Au total, on lui reproche d’avoir reçu pour plus de 7M² -pas seulement de la part d’hommes d’affaires !  

— En 1995, N. Leeson écopait de 6,5 ans de prison pour avoir fait perdre frauduleusement en bourse de Singapour, 1,4MM$ à la Barings, sa maison londonienne.

Le 21/3, c’est à Chen Jiulin, l’ex-boss de la CAO (filiale de la holding publique du même nom) d’en prendre pour 4 ans et 3 mois. D’autres sous-fifres et la maison-mère reçoivent aussi peines et amendes. Chen voit retenus six chefs d’accusation, dont celui de “délit d’initié”, après avoir «repassé» le poids de ses fautes sur d’autres, telle la Deutsche Bank, sciemment escroquée. Intéressante, la manière dont Chen et ses patrons abordent son délit. Le trader s’estime «responsable mais non coupable». Du même avis, sa maison-mère écrit au juge pour exonérer Chen, affichant qu’il aurait « en tous temps agi dans les meilleurs intérêts de la CAO».

Cela signifie que Chen revendique sa fidélité envers sa Grande entreprise d’Etat et au-delà d’elle, au Parti. Pas envers les lois internationales (bourgeoises) et ses clients qui lui ont confié leur argent. Soulignant ainsi la continuité avec la révolution culturelle : « mieux vaut un cadre rouge (rouge, = fidèle), qu’expert » !

 

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