A la loupe : Travail : la charrue de la loi, avant le boeuf syndical

Après première lecture, la future loi du travail est soumise (20/3) à consultation populaire pour 1 mois : processus démocratique exceptionnel, qui se justifie par la volonté du Président Hu Jintao de 小康 xiaokang, bien-être social, mais aussi par les remous qu’elle déplace — risques sociaux à bien soupeser !

A bon escient, la loi étoffe la protection des travailleurs. Mais elle renforce aussi le monopole du syndicat unique, fier de ses 150M d’affiliés (+10M attendus dans l’année), mais alignée sur le pouvoir.

Le projet accorde à la centrale une consultation en cas de licenciement massif, son accord sur le règlement intérieur, une taxe sur les profits.

Au travailleur, elle accorde un contrat (que 4/5 des firmes privées lui refusent), une période d’essai prolongée, une prime de licenciement en cas de contrat non renouvelé, et un an de salaire en cas de clause de non-concurrence. Aux firmes, elle n’accorde rien, pas même la stabilité face aux désertions des cadres racolés par la concurrence. Chez Loréal, ce « turnover » touche 15% du personnel/an !

Ceux qui se plaignent le plus ne sont pas les firmes privées (pourtant les plus touchées), mais les étrangères, notamment les américaines, hostile à la présence d’une structure «communiste» en leurs murs. Wal-mart, General Electric, P&G déplorent un « recul de la souplesse d’embauche et de licenciement ». Un vieux bras de fer se déroule depuis des années entre les irréductibles, bloquant l’ouverture de la section dans l’usine, tandis que le syndicat soutenu par les autorités et l’opinion, menace de les inscrire sur une liste noire, qui réduirait leur attractivité à l’embauche…

En conclusion, ce projet de loi explicite un double phénomène très propre à ce pays en mutation :

– La reconnaissance qu’avec le progrès social, doit suivre davantage de représentation des employés dans l’entreprise, un travail syndical.

– Mais en même temps, le régime nie la nécessité, pour que cela marche, d’un syndicat pluraliste, libre et indépendant face à l’Etat comme face aux firmes.

Cette carence privera la loi de l’acceptation des compagnies, et des employés, faute de se sentir concernés !

 

 

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