Editorial : Fièvre aviaire : une transparence sélective !

Dans son village sur les hauteurs de Huairou (environs de Pékin), Mme Zhang laissait ses poules picorer sur le fumier de la ruelle en terre battue. Mais depuis 3 jours, c’est fini : la volaille est confinée dans la basse-cour, sur ordre du chef du village, avec interdiction de vente.

Comme dans toute la Chine, il s’agit d’éviter à Pékin la nouvelle épidémie de fièvre aviaire qui déferle d’Est en Ouest. Le danger n°1 est la ferme individuelle, alors que quatre cinquième des 8MM de poulets, produits en Chine par an, sont élevés à l’air libre, loin du vétérinaire. De toutes manières, Mme Zhang préfère prendre son mal en patience: les marchés sont quasi fermés, et à la ville, les clients inquiets se détournent soudain du poulet, même à 7¥/kg, moins de la moitié du prix normal : « ça ne paie même pas l’aliment composé »…

Cette incroyable crise, 10 mois après celle du SRAS,frappe déjà 23 foyers dont 2/3 de poulets, le reste en canards et oies, à travers 13 provinces de la côte (sud), du Centre et de l’Ouest. Fort de la leçon du SRAS, l’Etat a saisi le problème à bras le corps, avec une grande panoplie de moyens.

Un «Labo national de référence de la fièvre aviaire» est en place, chargé des tests, qui tient d’heure en heure la carte du front. Pour informer le monde, Du Qinglin, ministre de l’Agriculture, rencontre la presse et l’OMS.

Au 5/2, quelques 1,215 M volailles suspectes ont déjà été détruites. Une campagne impose tambour battant le nettoyage des fermes, abattoirs et marchés, désinfectés chaque jour comme les trains et les bus.

Pékin a débloqué des crédits de dédommagement des paysans pour la vaccination et l’abattage -mais déjà, des plaintes émergent de paysans grugés -les cadres véreux ont empoché jusqu’à 45% des fonds.  Signe d’un contrôle extrême, 10 équipes d’inspecteurs courent le pays – voire (les 31/1 et 1/2), le 1er ministre lui-même- secondées par 447 postes fixes à la campagne et aux frontières.

L’effort de transparence et de reprise en main ne peut pas effacer la suspicion, vive en Chine et ailleurs. L’université Huanan (Canton) révèle que ce virus H5N1, en réalité embusqué en Chine depuis 2001, est désormais solidement implanté. A Canton en oct. 2003, dit la rumeur, il aurait dévasté deux grands élevages. Henry Nyman, biologiste à Harvard, conteste les allégations publiques, que la fièvre aviaire n’ait frappé en Chine aucun humain. Pékin persiste, mais refuse toute vérification indépendante par des journalistes étrangers, sur les foyers d’épizootie!

Enfin, à ce stade, l’OMS le confirme, l’épidémie semble sous contrôle : pas un seul cas prouvé sur terre  de transmission du virus d’homme à homme, pas de mutation présente du virus aviaire, seulement 16 morts, et le nombre des foyers thaïs a régressé de 140 à 35 (4/2), suite au sacrifice de 26M de poulets (la moitié des abattages mondiaux)… A suivre !

 

 

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