Editorial : Hong Kong – pas de mécano dans la locomotive!

En Janvier 2004 à Hong Kong, le discours annuel du gouverneur Tung Chee Hwa (7/1) était attendu avec nervosité. Depuis 6 mois, l’atmosphère a changé sur le«rocher», jusqu’alors démoralisé par la récession. Le 1er juillet 2003, alors que Tung tentait d’imposer une impopulaire loi anti-subversion, 0,5M de HKgais s’étaient massés (plus grande manifestation depuis 1989), réclamant le droit de vote: le projet avait été remisé, et l’administration inquiète avait promis « des changements» permettant d’élire «en direct» le Legco, Parlement local, en 2007!

La rue n’attendait donc plus que les dates pour cette réforme politique – si le gouverneur tenait sa parole!

Mais le 7/1, on déchanta: en guise de nouveau système électoral, le gouverneur annonça  l’envoi à Pékin de trois fonctionnaires, pour consultation. Ce fut le tollé immédiat. Des élus démocrates comme Emily Lau fulminaient, accusant Tung de « consulter Pékin, mais pas la population ».

La déception est d’autant plus forte, qu’au sein du gouvernement local, on admet qu’un plan était prêt, négocié avec Pékin. Depuis l’automne, les rencontres discrètes se succédaient entre cadres pékinois et ténors démocrates. Concocté par Pékin, le compromis envisageait un scrutin à deux niveaux:

[1] pour identifier quelques candidats acceptables pour la Chine,

[2] puis tolérer les élections au suffrage universel. Réputé plus ouvert que Jiang Zemin, le nouveau leader Hu Jintao cherchait un  accommodement pour éviter le clash entre extrémistes (conservateurs durs à Pékin, autonomistes inconditionnels à Hong Kong).

Sur ce plan raisonnable, il y a eu blocage de dernière minute. Pékin s’est hérissé contre le risque d’un fait accompli. Il est vrai qu’il y a fort à perdre : avec l’intégration rapide de HK à la nation, une enclave démocratique pourrait, par son exemple, précipiter la fin du communisme.

Et pourtant, le recul conservateur apporte des dangers peut-être encore plus forts.

Les élections législatives partielles à HK en octobre 2004, pourraient faire basculer la majorité au profit d’une coalition de démocrates et d’indépendants, rendant la RAS ingouvernable. Surtout, il faut s’attendre, peut-être vite, à d’autres manifestations faisant oublier par leur volume celles d’hier. Alors, Pékin sera au pied du mur. Tout le monde garde en tête le spectre du massacre de la place Tian An Men en juin 1989…

A ce cocktail explosif, le dernier élément est le SRAS (cf p.2), aux portes de HK : ce retour du virus peut pousser la rue hong kongaise dans les deux sens extrêmes : la colère, ou la résignation !

 

 

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