Le Vent de la Chine Numéro 2

du 12 au 18 janvier 2004

Editorial : Hong Kong – pas de mécano dans la locomotive!

En Janvier 2004 à Hong Kong, le discours annuel du gouverneur Tung Chee Hwa (7/1) était attendu avec nervosité. Depuis 6 mois, l’atmosphère a changé sur le«rocher», jusqu’alors démoralisé par la récession. Le 1er juillet 2003, alors que Tung tentait d’imposer une impopulaire loi anti-subversion, 0,5M de HKgais s’étaient massés (plus grande manifestation depuis 1989), réclamant le droit de vote: le projet avait été remisé, et l’administration inquiète avait promis « des changements» permettant d’élire «en direct» le Legco, Parlement local, en 2007!

La rue n’attendait donc plus que les dates pour cette réforme politique – si le gouverneur tenait sa parole!

Mais le 7/1, on déchanta: en guise de nouveau système électoral, le gouverneur annonça  l’envoi à Pékin de trois fonctionnaires, pour consultation. Ce fut le tollé immédiat. Des élus démocrates comme Emily Lau fulminaient, accusant Tung de « consulter Pékin, mais pas la population ».

La déception est d’autant plus forte, qu’au sein du gouvernement local, on admet qu’un plan était prêt, négocié avec Pékin. Depuis l’automne, les rencontres discrètes se succédaient entre cadres pékinois et ténors démocrates. Concocté par Pékin, le compromis envisageait un scrutin à deux niveaux:

[1] pour identifier quelques candidats acceptables pour la Chine,

[2] puis tolérer les élections au suffrage universel. Réputé plus ouvert que Jiang Zemin, le nouveau leader Hu Jintao cherchait un  accommodement pour éviter le clash entre extrémistes (conservateurs durs à Pékin, autonomistes inconditionnels à Hong Kong).

Sur ce plan raisonnable, il y a eu blocage de dernière minute. Pékin s’est hérissé contre le risque d’un fait accompli. Il est vrai qu’il y a fort à perdre : avec l’intégration rapide de HK à la nation, une enclave démocratique pourrait, par son exemple, précipiter la fin du communisme.

Et pourtant, le recul conservateur apporte des dangers peut-être encore plus forts.

Les élections législatives partielles à HK en octobre 2004, pourraient faire basculer la majorité au profit d’une coalition de démocrates et d’indépendants, rendant la RAS ingouvernable. Surtout, il faut s’attendre, peut-être vite, à d’autres manifestations faisant oublier par leur volume celles d’hier. Alors, Pékin sera au pied du mur. Tout le monde garde en tête le spectre du massacre de la place Tian An Men en juin 1989…

A ce cocktail explosif, le dernier élément est le SRAS (cf p.2), aux portes de HK : ce retour du virus peut pousser la rue hong kongaise dans les deux sens extrêmes : la colère, ou la résignation !

 

 


A la loupe : Divorce et remariage, pour Legend et AOL

En 2001, AOL Time Warner avait osé s’associer avec Legend, n°1 national de l’ordinateur, un de ces mutants semi privés jaillis du néant des 15 dernières années. La JV de 200M$ visait loin : créer un portail en mandarin, associant tous services, de l’école aux jeux en passant par l’info et annonces.

Le 06/1, AOL se retire de ce plan qui n’a jamais eu une chance—le MII n’a jamais soutenu un projet empiétant sur les platebandes nationales!

Changeant de cheval, Legend caresse un nouveau concept, associé à un partenaire bien chinois: China Telecom, avec qui il veut intégrer dans ses PC la connection ADSL (large bande), pour permettre aux usagers de l’internet de télécharger 100 fois plus vite films et musiques. En même temps, IGRS, le groupe de travail se met en place entre 15 producteurs chinois de téléphone, PC et TV, pour établir des normes d’interaction entre ces outils —et défier  le Japon sur le terrain mondial de la communication. Le marché ADSL est déjà là : en 2003, il triplait, à 7,5M d’usagers pour China Telecom.

De son côté, pour arrimer sa présence en Chine, Time Warner retourne à son métier traditionnel, les salles obscures. Et puisque l’étranger, au 1er janvier 2004, peut posséder 75% de complexes de cinémas dans 7 villes de l’empire, Warner Brother a  investi dès octobre 2003, dans 10 salles à Shanghai, en investissement mixte avec Shanghai-Film (cf VdlC n°23,VIII). Puis il vient de signer à Canton, avec Performance (partenaire local) l’ouverture de 8 à 10 autres salles, au coût de  2,4 à 3,6M$ chacune.

Ce qui lui permet de relancer un marché battu en brèche par le DVD (pirate)… et de créer un réseau commercial chinois pour ses propres films au Céleste empire !

 


Joint-venture : Asahi fait son nid de nouilles

— Le brasseur Asahi, s’allie à Itochu, n°3 nippon du trading, pour pénétrer Tingyi (Tianjin), l’un des groupes-phares de la boisson non alcoolisée chinoise.

Les japonais font une bonne opération: pour 425M$, ils reprennent 1/2 de cette division (13 usines) valant 950M$, avec 180M$ de dettes. Tingyi contrôle via sa marque “Mr Kong”, 44% du marché du thé capsulé, et reste n°1 de la nouille instantanée. Le tandem nippon prévoit que d’ici 2005, le marché chinois “non alcool” doublera par rapport à 2002 (il faisait alors 20MMl, et 14MM$). D’autre part, le réseau de distribution de Tingyi atteint 1.100 villes et sera l’atout imbattable d’Asahi, confronté à la stagnation de son marché national, pour pénétrer un  marché de la bière “faible malt” promis à une croissance de 6% par an.

— 2 jours après le changement de loi brisant les cloisons entre métiers de la finance (27/12, cf VdlC n°1), le n°2 de l’assurance chinoise, de concert avec HSBC achète une banque.

Ping An et le groupe hongkongais viennent d’annoncer la reprise de Fujian Asia Bank, JV fondée en 1993 entre BoC et un magnat indonésien. Les repreneurs  paieront chacun 20M$ pour 50% de FAB. Puis Ping An rajoutera le complément jusqu’à rachat complet, avec 25% de part pour HSBC, maximum légal. Suite à quoi la nouvelle entité, depuis Fuzhou se lancera  sous le nom de Ping An Bank, dans son futur métier : le crédit à la consommation (auto), hypothécaire, et la carte de crédit (aux locaux)!

— JV auto entre PSA et Dongfeng à Wuhan (Hubei), DPCA atteindra son plafond de capacité en 2004, produisant 140.000 unités (+40.000).

Les 2 Présidents, J-M. Folz et Miao Wei sonnent le branle bas (6/01) pour construire 2 nouveaux plateaux capables d’assembler (sur châssis unique), 300.000 modèles des 2 marques Peugeot et Citroën d’ici 2006.

Coût de l’investissement: 760M$, qui permettront le lancement de 2 modèles par an, un par marque, dont la 1ère Peugeot (dérivée de la 307) dès l’automne, suivie en 2005 de la 206, n°1 des ventes en UE depuis 2001.

Avec 30% de hausse des ventes/an (taux normal en Chine actuelle), DCPA pense avoir juste assez de stock pour honorer la demande de ses modèles chinois -sans penser, pour l’heure, à exporter!

NB : DPCA rejoint la liste de leaders se préparant à doubler leur capacité sous 2 ans, face à un marché qui ne sera pas extensible à l’infini. Les victimes à l’avenir devraient être les 90 groupes locaux produisant 5000 voitures/an!

 

 


A la loupe : La réforme bancaire, à la machette (III)

Les semaines se suivent en Chine, vibrantes de nouvelles bancaires: preuve de la priorité poursuivie par l’Etat, depuis Jiang Zemin : tout pour la réforme économique, base  du小康xiaokang, le bienêtre social: le ravalement démocratique viendra plus tard – le plus tard possible!

Pékin vient de promulguer (6/1) une autre décision financière audacieuse.

10% des réserves en devises, 45MM$ ont été transmis à deux des quatre soeurs, la BoC, la Banque de Chine, et la CCB, la Banque de la construction.

En 1998, Zhu Rongji avait alloué 32MM$ aux quatre, espérant ainsi (en vain) qu’elles résorberaient une part de leurs 45% de mauvaises dettes (aujourd’hui, autour de 450MM$).

Comme dans le cas de l’ICBC (cf VdlC n°1), le nouveau plan vise la conversion de ces GEE en sociétés d’actionnaires, avec partenaires étrangers. BoC et CCB reçoivent chacune 22,5MM$, en un genre de « leasing » où des intérêts sont payés à un propriétaire créé pour l’occasion, la Huijin invest Co. Et pas question de brûler les fonds pour effacer les ardoises: ils seront convertis en parts de capital, en ¥, quand ces banques s’ouvriront à des partenaires.

La CBRC, la Commission de tutelle bancaire, se dit prête à payer jusqu’à «120 MM$» pour aider ses monolithes post-socialistes (67% de l’épargne, 61% de l’emprunt, 116.000 agences) à se trouver des partenaires. 40MM$ seraient dévolus à l’ICBC, la Banque de l’Industrie et du Commerce, aucun montant n’est avancé pour l’ABC, la Banque agricole, la plus mal en point.

De cette nouvelle approche de recapitalisation, l’Etat peut attendre 4 avantages :

[1] une baisse de la pression à la réévaluation (par la ponction sur ses réserves devises),

[2] le maintien de la pression à l’assainissement des banques (l’argent ne leur est pas donné),

[3] un incitatif pour l’investisseur, avec cette masse de devises injectée, et la capacité multipliée de prêts,

[4] un passage accéléré et bourse -dès 2004, pour CCB et BoC!

NB : seule hypothèque sur l’avenir, avec ce chèque en devises : quand les 2 banques passeront en bourse, comment vendre 45MM$ sur les marchés mondiaux, sans faire trop de vagues sur les marchés monétaires !

 


Argent : Renaissance des marchés à terme

Les marchés à terme sont le seul secteur de la finance chinoise à qui l’OMC n’impose pas un délai d’ouverture.

Leur attrait (réguler les cours à long terme, assurer l’approvisionnement stratégique) -est aussi fort que leur danger (surchauffe, spéculation, accaparement), comme on le vit au début des années ’90, entraînant la fermeture en 1995 et une reprise malingre en 1999, sous un carcan.

La CSRC, la Commission de tutelle boursière, jauge donc ces ingrédients pour libéraliser.

Déjà, les 15 places d’origine ont fait place à trois : Dalian (Liaoning), Shanghai et Zhengzhou (Henan). Limitées au caoutchouc, soja, froment non panifiable et aux métaux non ferreux, les transactions étaient remontées en 2003, à 1,3MM$ (+360%). Aussi la tutelle envisage l’introduction de 3 produits/an -un par place. Après avoir reçu en 2003 le blé à haut glutène (seule valeur nouvelle), Zhengzhou en 2004 recevrait le coton, Shanghai le gazole et Dalian, le maïs. NB : Rien n’est annoncé touchant à l’ouverture aux étrangers—dont certains comme ADM ou Refco n’ont pas attendu pour ouvrir des bureaux de représentation,  tandis que d’autres contractent par l’entremise de sociétés écrans, ou bien le font sur les places étrangères pour le compte d’intérêts chinois.

— La presse voit naître en son sein 2 titres aux fortunes diverses.

[1] Reconnu par la Constitution comme “force sociale”, le secteur privé dispose depuis le 8/1 de son journal, filiale de Yangcheng, éditeur de l’organe du Parti à Canton: “Economie privée”, quotidien à 1,5¥ pièce, vise les 8M de firmes individuelles ou privées du pays, dont 2,2M actives dans le Guangdong.

[2] “Journal de la Chine” préparait sa sortie à Pékin, suivant une formule illégale mais pratiquée avec succès par des titres US en mandarin comme Forbes ou Newsweek : licence hong kongaise, impression (et diffusion) locales, moyennant de solides protections. Mais la rédaction pékinoise fut perquisitionnée par l’AGPP (31/12), tutelle qui croit avoir trouvé la preuve d’un financement par collecte pyramidale. Un peu d’argent saisi, locaux sous scellés, le projet est interrompu.

 


Pol : Les très riches heures de Nicolas Sarkozy

— Sur les 11.000 migrants refoulés de France en 2003, 4.000 étaient Chinois. Une goutte d’eau dans la mer des 200.000 à 400.000 célestes sans papiers éparpillés dans l’Hexagone.

Tel était le but du voyage à Pékin puis Hong Kong (8-9/1) de Nicolas Sarkozy, le sémillant ministre de l’Intérieur français, idole de l’UMP. Pour faire face à une vague insidieuse de gens décidés à prendre tous les risques pour refaire  leur vie, “Sarko” signa un accord de coopé. policière avec son homologue de la Sécurité Publique Zhou Yongkang, prévoyant l’envoi de 2 policiers chinois devant travailler à Roissy avec les Français dans le screening des entrants chinois, tandis que des français seront déployés aux aéroports de Pékin, Shanghai et Canton.

NB: en bisbille notoire avec Jacques Chirac, Sarkozy reçut l’insolite  privilège d’une audience avec Hu Jintao : curiosité, ou investissement sur l’avenir?

— Comme nous le prévoyions semaine passée, le cas de SRAS /SARS soupçonné à Canton (journaliste), a été confirmé. Il a été suivi (8/1) d’un 2d cas “suspect”, une serveuse. Nerveux, le pouvoir local a multiplié les consignes de silence à la presse, oubliant les mots d’ordre de transparence de 6 mois plus tôt.

Journal du Sud”, de Canton, a vu son rédacteur en Chef convoqué, et Cai Dongshi,  chef provincial de la propagande remplacé. Pendant ce temps, l’extermination des civettes, des rats et cafards dans la province ne fait pas l’unanimité parmi la communauté scientifique mondiale. Plusieurs virologues européens voient dans la campagne un geste infondé, faute d’une connaissance précise du mécanisme (de l’origine) du virus.

— Enceinte  incontournable d’un pays sans espace de débat, l’internet accueillait la semaine passée, dans le relatif anonymat de ses forums, un feu nourri de messages sur le procès de Su Xiumen. Pilotant sa BMW X5 dans un marché populeux,cette riche et influente résidente de Harbin (Heilongjiang), en rage contre un paysan dont le tracteur avait éraflé son rétroviseur, fonçait dans la foule, blessant 12 personnes et tuant la femme du charretier. En décembre 2003, la cour avait libéré la chauffarde, qui avait préalablement versé 33.000$ au veuf et aux autres victimes pour tenter d’étouffer l’affaire. Des centaines de milliers d’internautes ont réclamé réouverture du procès : c’est fait (6/1). 

NB : depuis octobre, sur demande du Président Hu, Zhou Yongkang fit révoquer 11.000 policiers et déplacer 33.000 autres pour abus ou incompétence. Une goutte d’eau, dans la masse des 1,7M de policiers du pays. Mais une goutte qui dénote une volonté de redorer l’image de ce corps mal aimé!  

 


Temps fort : Déclin du grain, fête du paysan

Le bilan agricole 2003 confirme le déclin céréalier, de 512Mt en 1998, à 430Mt cette année.

Les raisons sont les intempéries, l’avidité des pouvoirs locaux ivres de béton, et  la volonté politique de Pékin de casser les prix d’achat public, pour accélérer l’exode rural et déstocker. Le but final, étant une agriculture chinoise globalement  rentable!

Résultat : en 2003 pour la 1ère fois, les prix remontent, jusqu’à 30% (dans le Nord-Est).

Les 12% de récolte manquante sont pris dans les stocks, reliquat du maoïsme, maintenus à prix d’or (5MM$ en 2000). Au dam des étrangers, l’import est pour l’instant pénalisé, la Chine n’ ayant usé que de 6,7% du quota spécial «blé» à bas taux (faveur réservée aux US), 0,2% du quota « maïs » et 7,5% du quota « riz ».

Evalués par les US à 350Mt en 2001, les stocks auraient maigri en peau de chagrin, frisant aujourd’hui les 100Mt—mais allez savoir (secret d’Etat). A présent, le seuil stratégique n’est peut-être plus très loin -et les imports avec. La Chine annonce une rare coupe dans ses exports traditionnels de maïs, pour faire face à la pénurie. Mais elle embarque déjà, de Chicago, blé, maïs et soja par cargos entiers. Cette année, les imports verts, tous produits, tous pays, atteindraient 18MM$, en hausse de 56% (!!!)

Cette année encore, cette ruée de l’import pourra être compensée par des exports (fruits, légumes, produits aquatiques) de 20MM$ et +17%, surtout vers l’Asie, avec l’Europe en 2de position (Allemagne et Russie en tête).

De cette avalanche de chiffres, gardons en tête les deux tendances nouvelles et capitales.

[1] La Chine voit s’accroître vite sa dépendance à l’étranger, mais ne s’en soucie plus: finies, les sueurs froides idéologiques de cinq ans plus tôt, qui forçaient le paysan à produire pour le silo, et non pour le marché.

[2] Cette confiance lui vient de ses paysans, qui une fois libres, s’avèrent souples et capables, et ancrent son ambition de devenir un phare agricole mondial!

 


Petit Peuple : Le voleur appelle la police!

— Qu’est-ce qui prit l’ouvrier Huang, 31 ans, ce 14/12/03?

Faisant ses courses au Jiashijie (“l’Univers du foyer”), il arracha compulsivement le prix de 2 paires de chaussettes à 10¥, et les fourra dans sa poche au lieu de son caddie…

Huang n’avait pas vu qu’il était filé : 5 minutes après, encadré et fouillé dans les bureaux de l’établissement, sans égard à son offre de régler 50¥ de dédommagement, on lui confisqua 300¥, tout en relevant tous les numéros stockés dans son portable.

Fâché, le voleur eut alors cette incroyable réaction : il appela la police. Une fois au poste, le directeur accompagné de cinq gros bras, fit valoir que l’homme l’avait dérobé (fléau du métier), mais avait aussi frappé un de ses gardiens: les 300¥ n’étaient qu’une compensation “volontaire”, pour régler les “soins” du “blessé”.

A ces mots, les pandores commencèrent à 搔首抓腮 sao shou zhua sai,“ se gratter le crâne et tortiller la barbe”- hésiter : mettant tout le monde dehors, ils leur suggérèrent d’aller voir au tribunal, s’ils le voulaient! Le manager croyait avoir ainsi tiré sur son larron une éclatante revanche. C’était compter sans la ressource de ce dernier, qui contacta  le “Temps de Pékin”. Après enquête, le quotidien publia 1/2 page de reportage illustré, publicité gratuite auprès de la clientèle, dont “Jiashijie” se serait bien passé !

 

 


Rendez-vous : A Pékin, le salon du cuir
— 12-15/01, Pékin: Salon des cuirs et fourrures — 16-18/01, Pékin:China Digital Entertainment, expo & conférence sur les jeux en ligne