· Dernier cri de la mode, les gens branchés remplacent le salut atavique chiguo meiyou ? (as-tu mangé ?) par
lihun meiyou ? (as-tu divorcé?) voire
fuhun meiyou ? (t’es-tu remarié?): comme si la séparation de corps participait d’un nouveau statut social, signe de libération et de richesse. En 2003, 4M de Chinois se désuniront -ils ont commencé, en files d’attente de milliers de couples aux portes des bureaux des mariages, à peine passé le chunjie, moment familial fertile en tensions. Pour se quitter, comme pour les mariages, on choisit des dates propices tels le 8/2 (premier samedi du nouvel an, 50 couples divorcés à Wuhan), ou la Saint-Valentin – le patron de la fidélité, qui devrait s’en retourner dans sa tombe. Pour sauver la face, les séparés cachent leur drame sous les oripeaux du kitsch et du standing, entraînant dans leur sillage une épidémie de désunions aux motifs souvent insolites. En 2002 à Shanghai, 98 maris ont fait établir la paternité de leur enfant : les 18 dont le test fut négatif,filèrent se faire désunir (opération qui couramment, prend 10 minutes en Chine post-maoïste). A Qiqihar, ville nordique, au terme d’un règlement abrogé depuis 10 ans mais toujours appliqué, la mairie remboursait 80% de leur note de houille aux hommes et, par tolérance, aux divorcé(e)s: 70 épouses mirent leurs maris à la porte, jusqu’à ce que la mairie effarée fasse cesser cette discrimination sexiste d’un autre âge !
Sommaire N° 8