Editorial : Printemps indien sur la Chine !

Chaleur intempestive sur la Chine du Nord, 28° de moyenne. Un record a été battu le 8/3 : 22° -cela ne s’était plus vu depuis 1840. Les stocks de climatiseurs, crèmes solaires ou glacées sont en rupture, et les pompiers sur les dents -redoutant les incendies de montagne, surtout lors du  Qingming («pure clarté» 5 avril, fête des morts), avec les hordes de visiteurs insouciants aux sites des tombeaux. Les paysans se font du souci – même si, justement, le jour du Qingming a vu (bon présage, disent les paysans!) la première pluie significative de l’ année : l’été sera sec, plus encore que depuis ’99. Il faudra irriguer toujours plus, tirant sur des nappes de moins en moins abondantes.

Le hasard veut que ce printemps indien soit suivi d’un fort rapprochement avec le rival immuable, le pays de Gandhi. Pékin avait préparé le terrain en recevant à deux reprises en janv. Pervez Musharraf, le Président pakistanais,pour le rassurer et le prévenir -même technique que 12 ans plus tôt, pour vendre à Pyongyang l’échange d’ambassades avec Séoul.

Jaswant Singh, ministre des affaires Etrangères d’Inde, a été reçu (30-3/2/4) à Pékin et Shanghai, porteur d’un message imagé et univoque: «entre nos pays, la nébuleuse du soupçon doit disparaître».

Exit l’antagonisme, place à la coopération -aux échanges. Il faut dire qu’avec moins de 3MM$ d’échanges commerciaux, les deux pays réalisent un score médiocre.

Après l’ouverture dès janvier d’une ligne aérienne et de 2 consulats par pays, J. Singh et Zhu Rongji ont accepté d’établir un relevé conjoint des frontières objectives dès cette année pour la zone Ouest, début 2003 pour la zone Est -avant dernier pas pour clore tout litige territorial.

Un accélérateur à la nouvelle alliance a été l’assistance par l’agence pakistanaise de renseignements aux mouvements intégristes ouighours au Xinjiang. Même George Fernandes, le ministre indien de la défense, hier grand pourfendeur de la «Chine communiste», parle à présent avec douceur, d’un «dialogue sérieux et durable» avec la Chine, dont il est le prochain invité d’honneur: pour le gouvernement nationaliste d’A.B. Vajpayee, c’est un tournant à 180°, prometteur d’un boom d’affaires entre ces nations à l’immense potentiel de croissance. A terme, la face de l’Asie économique, voire du monde pourrait en être changée !

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