Début février, deux universités canadiennes ont connu une poussée de fièvre venue de Chine.
Le 9 février, sur un campus à Toronto, Chemi Lhamo, 22 ans (cf photo), canadienne d’origine tibétaine, apprend l’heureuse nouvelle : elle a remporté les élections comme présidente de l’Association des étudiants. Mais en guise de félicitations, c’est un torrent d’insultes et de menaces qui déferla sur elle, dont la plus aimable lui rappelle que « la Chine est son père et qu’elle ne doit pas l’oublier ». En parallèle, une pétition contre la « prise de contrôle du syndicat des étudiants par les séparatistes tibétains » rassembla 10.000 signatures. Ses détracteurs dénoncent ses liens avec l’ONG Free Tibet et opinions séparatistes, selon eux incompatibles avec la fonction.
Le 11 février, un second incident eut lieu sur un campus à Hamilton (Ontario). Suite à l’annonce d’une conférence de Rukiye Turdush, d’origine ouïghoure, militante pour un Xinjiang indépendant, des étudiants chinois contactaient leur consulat pour dénoncer l’évènement. L’étudiant lanceur d’alerte déclarait l’avoir fait en réaction à ce qu’il considère comme une incitation la haine ethnique, une critique de son pays et donc une attaque personnelle. Ainsi, la conférence fut perturbée par des étudiants chinois, la filmant et criant des slogans.
Les incidents de ce type n’arrivent pas qu’au Canada, mais aussi en Australie, aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni.
Cela soulève la question du degré d’ingérence de la part des diplomates chinois. Dans ces deux cas, tout en félicitant les jeunes Chinois de Toronto et Hamilton pour leur « patriotisme », ambassade et consulat démentent toute intervention. D. Mulroney, ex-ambassadeur à Pékin de 2009 à 2012 déclarait : « ces ingérences sont inacceptables, mais hélas fréquentes, vu l’exigence de la Chine de contrôler la manière dont elle est perçue en Occident ».
Pékin, clairement, ne peut pas laisser ses étudiants à l’étranger, revenir en Chine diplômés, influencés par des idées occidentales. Ils ont tout intérêt à bien se faire voir des entités chinoises à l’étranger, pour ne pas nuire à leur carrière.
Dans la même ligne, les 525 Instituts Confucius établis à travers le monde, outils de « soft power » pour répandre culture et langue chinoise, font l’objet d’une mise en garde de la part de la Commission de droits de l’Homme du parti conservateur anglais : souvent intégrés aux universités et lycées, ils » menaceraient la liberté académique « .
1 Commentaire
severy
28 février 2019 à 10:37Toute ingérence dans la vie publique d’un autre pays est inacceptable. Parmi les quelques nations qui la pratiquent, la Chine se fait particulièrement remarquer. J’en ai été moi-même témoin lors d’une conférence qui s’est tenue en présence d’un membre fort peu diplomatique de l’Institut Confucius. C’était pathétique.