Agriculture : Les habits neufs de l’agriculture chinoise

Ces derniers temps, la réforme agricole s’accélère. 
Ainsi la BDA (Banque de Développement Agricole) annonçait fin septembre, un fonds de 450 milliards de $ sur quatre ans, pour alimenter des prêts de modernisation de l’agriculture qui parvient à nourrir son peuple, mais reste peu compétitive, du fait de son tissu de millions de micro-fermes de 0,15 ha, d’un paysannat souvent âgé et peu moderne, et d’un droit foncier désuet.

Depuis 2010, de grands progrès ont été faits : le revenu annuel par paysan a presque doublé, de 5919 ¥ aux 11 000 ¥ actuels. Mais un grave danger menace. En effet, si la Chine adoptait le modèle suivi par l’Europe et les Etats-Unis des années 70-80 pour réaliser son bond en avant agricole (à savoir un usage excessif d’engrais et de carburant pour ses tracteurs, moissonneuses…), cela se traduirait par l’émission de 30 milliards de tonnes de CO2, soit le triple des émissions actuelles mondiales, anéantissant tout effort de lutte contre le réchauffement climatique.

Mais quelles sont les grandes lignes de cette réforme ? En perte de vitesse, l’achat de terres hors-frontières est relayé par un effort sur les semences, pour booster les rendements intérieurs. Depuis un an, la Chine tente de faire racheter Syngenta, le n°2 mondial de l’agrochimie et de la semence, par son groupe public ChemChina  pour 43 milliards de $.

Une autre action est le remembrement qui vise l’émergence de fermes « familiales » de 5 ha. Depuis octobre, en divers districts du pays, un projet pilote teste le passage de la propriété collective au titre de propriété privée, aux droits d’hypothéquer ou de léguer « sa » terre.

Ceci peut être l’incitation attendue par 4,5 millions d’ex-fermiers chinois qui travaillaient en Russie, Kazakhstan, Afrique… Retournés en Chine avec leur expérience à l’étranger et leur pécule salarial, ils retournent à la campagne, prêts à racheter des terres et à s’équiper, avec le soutien des banques.

D’autres axes de la réforme sont l’abandon progressif des prix subventionnés et d’un stockage public ruineux et inutile, la convalescence des terres (400.000 ha mis cette année en jachère ou en assolement), la création de centres géants d’élevage, permettant suivi vétérinaire et recyclage des lisiers. Enfin comptera aussi, à l’avenir, un meilleur usage des engrais, aujourd’hui consommés au double de la moyenne mondiale, avec en corollaire, un recul à espérer, de la pollution du réseau aquatique.

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