Monde de l'entreprise : Branle-bas dans la grande distribution

Branle-bas dans la grande distribution

Une fois de plus, Auchan fait parler de lui. Le groupe français s’associe avec Alibaba, n°1 chinois du e-commerce, en le faisant entrer au capital de Sun-Art, sa joint-venture à 77% avec le taïwanais Ruentex (RT). Avec plus de 450 hypermarchés de marques Auchan ou RT, Sun-Art tient 15% du marché chinois de la grande distribution, devant Wal-Mart (10%).

Mais à l’ère du e-commerce, toutes les grandes chaînes de magasins  souffrent : dans les années 2000, leur chiffre d’affaires augmentait entre 15 à 25%. Mais de janvier à septembre 2017, celui de Sun-Art n’a progressé que de 2,2%. En 2016, il empochait tout de même 8,2% des 500 milliards de $ que représentent le marché de l’alimentaire – meilleur score du pays. 

Or, Alibaba est anxieux de pénétrer ce marché : dépenser pour se nourrir est un geste pluriquotidien, tandis  que changer de téléphone portable ne se fait que tous les 18 mois. Ainsi se fait le mariage : pour 2,9 milliards de $, Alibaba rachète à Ruentex 32,16% de Sun-Art, et Auchan consolide son leadership avec 32,18% – Ruentex en garde 4,7%. Alibaba entre dans Sun-Art à vil prix, avec une décote de 24%, justifiée par la chute persistante du commerce traditionnel.

L’opération vise à intégrer les deux types de commerce, et de créer des services par l’ouverture à Sun-Art de « l’écosystème digital d’Alibaba » déclare L. Holinier, CEO de Sun-Art. Avec ses « big data » moulinés dans ses logiciels d’interprétation, Sun-Art anticipera plus vite l’évolution du comportement des clients et les tendances du marché. Les produits frais pourront être commandés sur Tmall, plateforme d’Alibaba, et livrés depuis l’un des magasins de Sun-Art (Auchan ou RT) le plus proche, qui apporte à Alibaba le réseau d’entrepôts qui lui manque. Or, pour les produits frais, la vitesse de livraison est un critère déterminant. De son côté, sur le non-alimentaire, Sun-Art pourra rediriger ses clients vers une gamme illimitée de produits sur Tmall.

Les autres chaines de magasins dont Alibaba est propriétaire ou co-porpriétaire (ceux hyper-connectés Hema ou encore Lianhua, Bailian, Intime, Suning) poursuivront leur vie séparée jusqu’a nouvel ordre.

Face à cette révolution, comment va réagir Carrefour, dont les ventes s’effritent chaque trimestre ? On le saura le 23 janvier, quand A. Bompart, son PDG-monde depuis l’été, annoncera le plan de relance. Il pourrait vouloir à son tour chercher un partenaire local, comme le n°2 du e-commerce chinois JD.com, mais ce dernier est déjà à 12% sous contrôle de Wal-Mart.

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