Hong Kong : L’épineux dossier du 4ème Plénum

Lors du 4ème Plénum, la crise hongkongaise a occupé une large place dans les discussions.

Diverses rumeurs voulaient que le patron du bureau de liaison à Hong Kong, Wang Zhimin, et celui des affaires hongkongaises à Pékin, Zhang Xiaomingtous deux de la faction de l’ex-Président Jiang Zemin – soient remplacés prochainement. Puis ce serait au tour de la cheffe de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam d’être limogée, mais pas avant l’année prochaine…

Comme pour faire taire les racontars, le Président Xi Jinping affichait toute sa confiance à Mme Lam lors d’une entrevue « surprise » la veille de l’ouverture de la foire de Shanghai (CIIE). C’était également leur première rencontre officielle depuis le début de la crise il y a cinq mois (cf photo).

Sur la question de la nomination du chef de l’exécutif et autres hauts responsables hongkongais, le plénum concluait qu’il fallait « perfectionner » le processus de sélection des candidats et de révocation, sans donner plus de détails. Toutefois, l’invalidation de la candidature du jeune militant pro démocratie Joshua Wong aux prochaines élections locales (24 novembre) augure plutôt d’un tour de vis… Actuellement, le chef de l’exécutif est élu parmi deux ou trois candidats par un collège de 1 200 grands électeurs, majoritairement inféodés à Pékin.

Suite au plénum, le régime affirmait qu’il allait améliorer le concept d’« un pays, deux systèmes », notamment par un moyen légal. Le gouvernement compterait-il ramener l’ordre en imposant une loi anti-subversion, alors même que l’article 23 de la Basic Law stipule que seule la RAS est habilitée à promulguer ses propres lois ? En 2003, des centaines de milliers de Hongkongais défilaient dans les rues contre une loi de Sécurité Nationale, poussant ainsi à la démission le tout premier chef de l’exécutif, Tung Chee-hwa. Depuis, les trois leaders successifs se sont bien gardés de toute nouvelle tentative…

Pékin est conscient de la forte perte de crédibilité de Mme Lam. Mais serait-il tout de même prêt à l’envoyer au casse-pipe ? Selon Wang Zhenmin, ancien directeur légal du bureau de liaison à Hong Kong et conseiller auprès du gouvernement, « l’échec de la loi d’extradition ne signifie pas qu’un projet de loi de Sécurité nationale échouera (…) Si l’administration de la RAS est incapable de mettre un terme au chaos, c’est à cause de l’absence d’une telle loi (…). Tout le monde voit bien que Hong Kong est malade, mais personne ne veut administrer le bon traitement ». Au regard des accès de violence qui suivirent la récente ordonnance d’urgence bannissant les masques, difficile d’imaginer une réaction différente de la part des manifestants.

En cas d’échec, Pékin pourrait être contraint d’imposer lui-même cette législation à la RAS – et pourquoi pas lors de la prochaine assemblée (ANP) début mars 2020 ? Le leadership est toutefois conscient que s’il fait passer cette loi de force, cela impactera les négociations américaines qui ont récemment approuvé un projet de « loi sur les droits de l’Homme et la démocratie à Hong Kong », conditionnant le statut économique spécial accordé par les USA à l’ancienne colonie britannique. Mais aux yeux du Parti, le risque est moindre que de laisser Hong Kong devenir une base de subversion…

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