Editorial : La Chine en coup de noroît

Dans l’actualité, cent nouvelles insolites volent en tous sens, parlant d’une corruption encore loin d’être brisée.
Le 22 octobre, le ministère de l’Environnement accuse les provinces du Henan, Yunnan, Guangxi, Guangdong de ne prendre des mesures anti-pollution que sur le papier. Le 20 octobre, Zheng Xiaosong, le directeur du bureau de liaison à Macao, se jette « déprimé » du haut de sa résidence. À Pékin, Lu Wei qui fut jusqu’en 2016 patron du cyberespace, se repent lors de son procès d’avoir touché 4,6 millions de $ de cachets inavouables.

Le 24 octobre à Hohhot, Yili, second groupe laitier national, voit s’affronter son ex-CEO Zheng Junhuai, surnommé « le parrain des produits laitiers », et son successeur Pan Gang en un combat sans issue possible depuis 14 ans. En 2006, Zheng avait été condamné à  6 ans de prison pour avoir détourné 2,3 millions de $. Une peine que ses appuis politiques ont pu faire adoucir, puisqu’il ressortit en 2008. Mais Pan lui, a fait bloquer les fonds. Zhang fait donc pression auprès de ses alliés politiques pour les récupérer.  Début 2018, Pan disparaissait plusieurs mois de la vie publique. En mars, Zheng faisait publier des ragots, causant à Yili 960 millions de $ de perte boursière…

À Pékin, après l’arrestation de Meng Hongwei président d’Interpol, l’affaire se complique avec la rébellion de Grace Meng, son épouse réfugiée à Lyon qui refuse de rentrer en Chine pour collaborer avec la justice. Les autorités chinoises aurait remis à la France la fiche judiciaire de Meng, puis requis l’extradition de Grace Meng, au terme d’un traité bilatéral en vigueur depuis 2015. Si les preuves de fraude chez Meng, et de complicité de sa femme s’avèrent assez lourdes, Paris n’aurait d’autre choix que d’accepter.

À l’université Huazhong de Science et Technologie de Wuhan (Hubei), 18 étudiants viennent de recevoir, en guise de diplôme, un certificat d’aptitude professionnelle, faute d’avoir fait preuve d’assiduité durant le cursus. C’est un tournant : depuis toujours, les bacheliers chinois, une fois à l’université, ont l’assurance de recevoir quoiqu’il arrive le diplôme attendu. Un nouveau système se met en place, où les cancres risquent un « carton rouge » voire « deux cartons jaunes », qui les privent dans les deux cas du diplôme. Le contrôle continu est renforcé : aux « unités de valeurs » vient se rajouter un système de « tests réguliers » des étudiants. Au moins, la réforme dénote une prise de conscience dans l’enseignement supérieur, et le souci lancinant de se hisser au niveau des universités occidentales.

Avec les Etats-Unis, la guerre froide commerciale continue sur tous les fronts. Trump sort son pays du traité de non-dissémination des armes nucléaires USA-URSS de 1987. La Chine condamne ce geste, qui pourrait mettre les Etats-Unis en mesure de stationner un arsenal nucléaire en région asiatique. Autre signal fort, deux destroyers de l’US Navy passent la nuit du 20 octobre, par le détroit de Taiwan, suscitant l’exaspération de Pékin.
Sur sol américain, les investisseurs chinois se retrouvent barrés des ventes d’actifs. Aucun deal n’est conclu depuis deux mois, les vendeurs redoutant un veto de Washington. Autre signe de mauvais temps, des groupes américains,  tels Vicor ou Lennox, et des groupes chinois, se mettent à sourcer leurs produits ou composants hors de Chine, pour éviter les taxes américaines et en prévision d’un conflit qui s’éternise.

Pour conclure sur une note positive : depuis 2016, la Chine ouvre discrètement son marché aux films étrangers, en ayant accepté dans ses salles obscures 38 en 2016 et 40 en 2017, en dépassement de son quota qui en limite le nombre à 34. Cela pourrait être un « ballon d’essai », avant une plus grande ouverture du marché des salles obscures. Tout ceci toutefois, ne fait pas le printemps : entre Chine et monde, le climat reste morose.

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