Politique : Fin de course pour Guo Wengui, le milliardaire en exil

Fin de course pour Guo Wengui, le milliardaire en exil

Voilà une nouvelle qui devrait réjouir les autorités chinoises : Guo Wengui, le milliardaire réfugié aux Etats-Unis depuis 2015, a finalement été arrêté à New York le 15 mars, accusé d’avoir escroqué la somme astronomique d’un milliard de $ à quelques milliers d’investisseurs. L’homme d’affaires aurait profité de sa notoriété sur Internet pour leur avoir fait miroiter des placements attractifs. Une arnaque qui lui aurait surtout permis de se remplir les poches. La justice américaine a en effet saisi plus de 630 millions de $ sur ses comptes en banque, mais aussi un somptueux manoir de plus de 4 600 m2 dans le New Jersey et des voitures de luxe, Bugatti, Lamborghini et Rolls Royce.

Depuis son luxueux appartement de Manhattan, Guo Wengui, aussi appelé Miles Kwok, se présentait comme un farouche adversaire du régime chinois. L’homme qui a fait fortune dans l’immobilier, est surtout connu pour s’être payé les services de Ma Jian, ancien vice-ministre de la sécurité d’Etat. Son plus gros coup ? Avoir fait filmer un vice-maire de Pékin en pleins ébats sexuels avec sa maîtresse afin d’obtenir un terrain que le cadre refusait de lui accorder. Le vice-maire fut condamné à la perpétuité tandis que Guo fit bâtir son hôtel Pangu « 7 étoiles », sur le terrain tant convoité. L’établissement en forme de flamme olympique géante devint par la suite le repère des agents de renseignement chinois, avant que Ma Jian ne se fasse lui-même arrêter. Sentant le vent tourner, Guo avait préféré prendre le large… C’est ainsi qu’il était devenu l’une des principales cibles de l’opération « chasse aux renards », ces fugitifs que Pékin traque sans relâche à travers le monde entier.

Du genre bavard, Guo Wengui avait multiplié ces dernières années les accusations de corruption à l’encontre de hauts dirigeants du Parti. Il a ainsi dénoncé l’ex-vice-président de la RPC et ancien patron de l’anti-corruption Wang Qishan pour avoir tiré profit de fraudes financières au sein du conglomérat HNA. Guo Wengui a également affirmé que la mort soudaine du président de HNA, Wang Jian, n’était pas accidentelle. Il a également accusé de corruption Sun Lijun, le vice-ministre de la Sécurité Publique qui était venu demander son extradition à l’administration Trump en 2017 – sans succès, Guo bénéficiant à l’époque de la protection de Steve Bannon, l’ex-associé de Donald Trump. Ironie du sort, Sun Lijun a été condamné à mort avec sursis en septembre dernier pour corruption – signe qu’il y avait tout de même un peu de vrai dans les révélations de Guo.

Il ne fait donc aucun doute que l’escroc de haut vol a fourni aux agents du FBI de précieux renseignements sur les rouages du Parti en échange de leur protection. Mais aujourd’hui, Guo a certainement abattu toutes ses cartes et le gouvernement américain n’a plus de bonne raison de le protéger de ses créditeurs.

Et de Pékin ? Cela reste à voir… L’administration de Joe Biden pourrait être tentée de négocier son extradition en échange d’une concession du gouvernement chinois, s’il veut toujours de lui ! Mais l’extrader pourrait être mal perçu par l’opinion publique américaine. A ce jour, il y a donc plus de chances que le « Madoff chinois » finisse ses jours dans une prison américaine plutôt que chinoise ! Sans compter sur le fait que son procès pourrait bien durer des années…

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