Energie : La nouvelle star — le méthane

Depuis 15 ans en vain, Pékin veut restructurer ses géants pétroliers par métiers (exploration, extraction, raffinage et distribution) et libéraliser les prix. Jusqu’à hier, la SASAC (tutelle des consortia) et ces « Etats dans l’Etat » parvenaient à s’y opposer.

Deux phénomènes ont  inversé la donne : la chute du cours du brut de 120$ à moins de 50$ le baril, et la campagne anti-corruption, sur fond de lutte politique entre Xi Jinping et ses rivaux. Zhou Yongkang, son ennemi juré, était le maître de la CNPC, l’empereur de l’or noir du pays. Sa condamnation à la perpétuité en 2015 a permis la mise à l’écart de tous ses protégés dans le secteur, et l’arrivée de pratiques plus proches du marché.

Aujourd’hui, les rapports se sont inversés : le pétrole perd de l’argent –le gaz naturel et le raffinage en gagnent. Depuis 2015 par deux fois, Xi Jinping a forcé une baisse du prix du gaz pour en démocratiser l’usage. Au 1er semestre 2016, la demande en pétrole faiblissait, tandis que celle en méthane augmentait de 9,4% – bien plus fort que la croissance économique à 6% environ.
Du coup, la CNPC veut d’ici 2020 porter le gaz dans sa production de 37% à 50% (l’Etat-même veut voir à cette échéance le gaz occuper 10% du mix énergétique national). Au 1er semestre, sa production pétrolière baissa mondialement de 1,4% – cela ne lui était jamais arrivé – à 470 millions de barils, tandis que son gaz augmentait de 7,4% à 34,2 millions de tonnes. Pour atteindre l’objectif, la CNPC veut acquérir du gaz à l’étranger, et développer l’exploration.

Il faut le noter : pour la première fois dans son histoire, la CNPC aurait été en déficit ce semestre, si elle n’avait pas vendu son réseau de gazoducs d’Asie Centrale, après avoir vu ses profits chuter de 98% à 80 millions de $,

Une aide essentielle pour résister à la conjoncture, lui vint par ailleurs de l’Etat, en mettant fin à des décennies d’obligation d’extraire à n’importe quel prix. Désormais CNPC, Sinopec et la CNOOC pouvaient cesser d’extraire à perte, des gisements en fin de cycle comme Daqing, Shengli et Changling.

Enfin, Sinopec s’apprête à céder 50% de son gazoduc du Sichuan vers la côte, pour la même raison : éviter de se retrouver en déficit. Cet outil datant de 2010 peut convoyer 12 milliards de m3 par an le long du Yangtzé. Le marché d’avenir est glorieux : 97,6% des Chinois interrogés seraient prêts à se chauffer et se nourrir au méthane, et 90%, prêts à payer plus, pour cette énergie propre et renouvelable.  

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1 Commentaire
  1. severy

    Tiens, je croyais que le méthane était un facteur responsable du réchauffement climatique…

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