Le Vent de la Chine Numéro 27 (2016)
L’été fut torride sur la Chine, émaillé de fortes crues et de pluies torrentielles. Fin juillet, Pékin subissait ses plus fortes précipitations en 60 ans. Au dessus de 35°C, certains ouvriers devaient recevoir des primes de canicule (180 yuans par mois). Un moyen de fuir la touffeur fut de suivre les JO, dès le petit matin à la télévision. Pourtant, avec 26 médailles d’or à Rio, contre 51 à Pékin huit ans plus tôt, ces jeux déçurent : l’équipe chinoise perdit son traditionnel second rang au podium général, dépassée par le Royaume-Uni. Un de ces ors à tout le moins, celui du sprint féminin sur piste (cyclisme), fut dû à un entraîneur français, Benoit Vêtu.
Autre événement de l’été : le lancement le 16 août de Micius, premier satellite mondial de communication « quantique » depuis la base spatiale de Jiuquan (Mongolie intérieure). Pékin croit cette technologie inviolable – dès interception par une oreille intruse, le message s’autodétruirait – mais cette affirmation est déjà contestée en d’autres pays. Cet outil scientifique inédit permettra néanmoins de porter plus loin l’exploration de l’univers, au-delà de la théorie de la relativité d’Einstein. Le satellite et une station terrestre chinoise ont déjà pu échanger par faisceau laser — à plein succès !
Fait divers : le 26 août, un tueur en série parmi les plus recherchés, Gao Chengyong fut arrêté à Baiyin (Gansu) pour le meurtre de 11 femmes de 1988 à 2002. Il fut donc surpris, 14 ans après son dernier crime, par un test ADN.
A présent, l’heure est à la rentrée : au G20 de Hangzhou (Zhejiang, 4-5 septembre) – premier du genre organisé par la Chine. Comme si souvent, la Chine promet de faire un sans-faute sous l’angle de l’agenda comme de l’organisation, préparée depuis un an.
Aucun moyen n’a été épargné, ni les milliards de yuans en édifices de prestige, ni la semaine de congés subventionnés qui auront vidé la ville du tiers de ses 9 millions d’âmes. Dans les foyers, les bonbonnes de gaz butane des cuisines ont été confisquées – les citadins auront été nourris avec des barquettes-repas gratuites ! De même, les usines polluantes ont été fermées sur 200 km (dont 225 à Shanghai), atteignant ainsi un ciel « bleu-G20 » (faisant référence au surprenant ciel bleu de Pékin lors de l’APEC en novembre 2014).
Quarante chefs d’Etat ou membres de gouvernements auront été présents à Hangzhou, parmi lesquels Erdogan (Turquie), Poutine, Merkel, Hollande, Ben Salman (Arabie Saoudite), Obama et Temer, le Brésilien (tombeur de Dilma Rousseff), qui faisait ainsi, en Chine, sa première sortie en tant que Président. Xi Jinping devait rencontrer en tête-à-tête les personnages précités, et dîner avec Hollande, démontrant ainsi le beau fixe actuel des relations bilatérales.
La Chine, à l’évidence, voulut maintenir ce sommet sur un « ring » strictement économique, dédié à la relance mondiale. C’est dans cette optique qu’au jour« J-1 », l’ANP, son Parlement, ratifiait un amendement au traité de l’OMC, lui permettant de démanteler ses tarifs douaniers de 201 produits informatiques : la part chinoise d’un deal global éradiquant 1300 milliards de $ de taxes. L’ANP ratifiait aussi le traité climatique, conclu en décembre à Paris (COP21).
L’Occident, Allemagne et Chambre Européenne de Commerce en tête, réclamaient l’ouverture des marchés publics et l’élimination des surcapacités industrielles de Chine, surtout d’acier. Tous les partenaires devaient pourtant se rejoindre sur l’urgence d’une coopération contre l’évasion fiscale des multinationales et le financement du terrorisme islamique.
Enfin, le vœu chinois de passer sous silence la percée chinoise en mer de Chine du sud, apparaissait des plus improbables : la veille du grand rendez-vous encore, Obama remarquait sur CNN que la Chine, en tant que signataire de la Convention de 1982 du droit de la mer et que puissance mondiale grandissante, avait le devoir de respecter le droit international …
Les conclaves estivaux de Beidaihe sont parfois sujets à d’imprévus rebondissements, tel celui en 2012 où Hu Jintao, le Président sortant, avait voulu installer ses fidèles aux postes suprêmes, mais s’était vu contré par son prédécesseur Jiang Zemin, qui le mettant en minorité, avait imposé sa propre équipe.
De fin juillet à mi-août, le conclave balnéaire à 54 édiles s’est cette fois déroulé sans imprévu, mais dans une ambiance glaciale : trois années de campagne anticorruption, toujours plus rigide, avaient découragé toute velléité d’objection —voire de débat.
Depuis son arrivée fin 2012, Xi Jinping avec son Premier ministre Li Keqiang, guerroient pour des réformes de la finance, du crédit, de la taxation, du droit du sol, des consortia publics… Ils veulent—ou voudraient– redistribuer la manne publique, aujourd’hui déversée sur l’armée, l’administration et le secteur public, vers le secteur privé, les PME et les migrants – ces 350 millions de ruraux attendus dans les villes d’ici 30 ans.
Or, en bilan de ses quatre années de pouvoir dirigiste sur thème de « Rêve de Chine », Xi apparaît toujours plus isolé, sans opposition, mais aussi sans résultat. Tout se passe comme si, faute de pouvoir se confronter à lui, ses détracteurs au sein du Parti pratiquaient une sourde grève perlée, reportant indéfiniment les décisions. La conjoncture mondiale n’arrange rien : banques et consortia campent sur leurs positions, attendant des jours meilleurs : prêter aux riches, garder ses budgets non dépensés, est moins risqué que de prêter aux PME et aux paysans !
Dans ce contexte morose, Xi, à Beidaihe et après, doit préparer les prochaines échéances – le Plenum d’octobre et le XIX. Congrès de 2017. Il prépare l’équipe de son second quinquennat, promouvant ses amis et écartant les autres. 12 provinces sur 31 ont vu changer 1ers secrétaires et gouverneurs.
Chen Hao et Du Jiahao, alliés de Xi de sa période shanghaienne, héritent du Yunnan et du Hunan. Lou Yangsheng, autre fidèle, passe gouverneur « faisant fonction » au Shanxi : il remplace Li Xiaopeng (fils de l’ex-Premier ministre Li Peng) qui passe ministre des Transports. Zhang Chunxian, patron du Xinjiang, est mis au placard (proche de Zhou Yongkang), remplacé par Chen Quanguo, l’ex-secrétaire du Tibet.
Pendant ce temps, la campagne anticorruption continue ses ravages. Le 26 août tombent le général Wang Jianping, victime de ses mauvaises alliances (Zhou Yongkang), et Wang Bao’an, ancien Président du Bureau national de statistique.
Enfin, deux questions brillent à l’horizon 2017 :
– Li Keqiang sera-t-il maintenu en 2017, ou bien remplacé, par exemple par Wang Qishan, patron de l’anti-corruption ? A ce stade, rien ne vient en soutien de cette rumeur—au contraire, Chen Quanguo, le nouveau patron du Xinjiang en plein décollage, serait le protégé de Li.
– Xi tentera-t-il de se succéder à lui-même en 2022 pour un 3ème mandat, contrairement aux règles internes du Parti ? Avant lui, tous ses prédécesseurs ont tenté de le faire, et tous ont échoué, contrés par un Bureau Politique arcbouté sur ses statuts et sa légalité interne.
Sur ce dernier point, le Plenum d’octobre devrait apporter un éclairage. En effet, statutairement, le successeur du leader suprême en 2022 doit être désigné à ce moment. De 2012 à 2014, Hu Chunhua, actuel Secrétaire de Canton, et Sun Zhengcai, aux manettes à Chongqing, apparaissaient bien placés. Aujourd’hui, tous deux semblent en panne. Si aucun favori n’apparaît à l’issue du Plenum, ce sera un indice que Xi Jinping, à son tour, est aux manettes.
– En parallèle à ces manœuvres, se poursuit l’effort jacobin de rectification de l’administration – témoin de l’exigence de Xi Jinping de s’assurer de l’obéissance de ses cadres.
Depuis le 22 août, toute organisation, même non gouvernementale (ONG) ou semi-publique, est astreinte à ouvrir sa cellule du Parti. Le 18 août, lors d’un meeting pékinois, 60 rédacteurs en chef de sites d’information sur internet, se voyaient notifier l’obligation d’étayer leurs nouvelles aux sources officielles (agence Xinhua). Le message arrive un mois après le limogeage de Wang Yongzhi, rédacteur en chef du portail web de Tencent, suite à une malheureuse erreur de frappe dans un article sur Xi Jinping.
– La campagne se tourne aussi, plus résolument, vers les arts et le divertissement. Les censeurs ne supportent plus les fortunes insensées de certaines idoles comme Fan Bingbing, 5ème actrice la mieux payée au monde en 2015 avec 17 millions de $ de recettes. Dans sa tentative de moraliser le métier, la tutelle SARFT décrète aussi que dorénavant, tout artiste « teinté » (condamné en justice pour affaire de drogue, mœurs ou financière), sera banni du monde des salles obscures ou du petit écran.
Pour chapeauter le tout, une campagne démarre pour débusquer toute émission TV célébrant trop ostensiblement des valeurs « occidentales », montant en épingle la vie privée des célébrités ou raillant des valeurs ou des héros nationaux. La SARFT essaie ainsi de réguler les 400 shows de chants et de danses sur les 2000 chaines de TV chinoises, et la concurrence féroce qu’ils se livrent. Cependant par ses critères volontairement trop vagues, cet effort de reprise en main laisse tout pouvoir à l’arbitraire. Or les producteurs et le public, particulièrement la jeunesse, ne pourront difficilement revenir à une ère de conformisme moral. Cette campagne, ils chercheront et trouveront bien un moyen de la contourner…
Sur la crise en mer de Chine du Sud, la Cour arbitrale de La Haye (12 juillet) a changé la donne. Au nom de la Convention internationale du droit de la mer, et au déni de sa « ligne aux neuf pointillés » (九段线), Pékin s’est vu refuser tout droit à occuper des îles dans la Zone Economique Exclusive de Manille. La Chine a bien sûr dénoncé le jugement, mais cela n’a fait qu’exacerber la tension et forcer des pays plutôt en sa faveur, à revoir leurs positions, en défense du droit international.
Le 31 août, par la voix d’un de ses officiers supérieurs, l’US Army avertissait l’Australie de faire son choix, « entre une alliance avec les USA et un engagement économique avec la Chine ».
Le 16 août, Liu Zhenmin, vice-ministre chinois des Affaires étrangères, sommait Singapour, son soutien de longue date, de cesser d’interférer dans les affaires en mer de Chine du Sud « dont Singapour n’est pas partie prenante ». Lee Hsien Loong, son Premier ministre, avait un mois plus tôt salué le verdict de La Haye comme « une importante position de droit maritime »…
Autre grand allié de Pékin à l’ASEAN, le Laos à son tour, se met à vaciller. Suite à une défaite électorale, le vice-Premier ministre Somsavat Lengsavad s’est retiré, et un projet ferroviaire chinois à 7 milliards de $ est en panne sur fond de différend commercial. La rumeur évoque un rapprochement du Laos avec le Vietnam et les Etats-Unis – Obama s’apprêtant à visiter Vientiane.
Nonobstant, en août, la Chine a poursuivi ses manœuvres aériennes sur les Spratleys (bombardiers H-6K, chasseurs Su-30) et navales en mer de l’Est autour de l’archipel Diaoyu-Senkaku (14 bâtiments militaires accompagnés de 230 chalutiers). Elle a aussi bâti des hangars pour 30 appareils, sur trois atolls des Spratley.
Face à ces actes, le Président philippin Rodrigo Duterte multiplie les prises de paroles aux tons divers, sans peur de se contredire. Refusant « pour l’heure » de brandir le verdict de La Haye, il envoie à Pékin l’ex-Président Fidel Ramos négocier un partage des ressources (pêche, tourisme) autour de Scarborough Shoal. Il évoque aussi ensuite la possibilité d’une résistance « sanglante » en cas d’autres occupations d’îles, avant de revenir à des propos plus amènes, suppliant les « frères » chinois de ne pas traiter les siens en « ennemis »…
Sur le front vietnamien, la stratégie chinoise n’est pas plus claire : du 29 août au 1er septembre, Fan Changlong, ministre de la Défense, reçoit son homologue Ngo Xuan Lich, les deux hommes se promettant pour leurs nations de meilleures relations militaires. Mais contredisant ce bon climat, la flotte Sud de l’APL se déployait huit jours plus tôt durant trois jours de manœuvres dans le golfe du Tonkin aux portes du Vietnam : 13 garde-côtes, escorteurs, dragueurs de mines et barges de débarquement, une escadrille de combat…. Tout en rappelant que « puisque les problèmes de frontières sont réglés, ces exercices ne peuvent pas être interprétés comme hostiles au Vietnam ». Hanoi pour l’instant se borne à affirmer qu’une guerre dans la zone, ne ferait pas de gagnants.
C’est alors qu’apparaît le 29 août un article signé de l’analyste Francesco Sisci, porteur d’un message surprenant et comme « venu d’ailleurs ». Constatant avec raison l’érosion rapide des alliés de la Chine sur ce dossier maritime après le verdict de la Cour arbitrale, et les risques de dérapage qui croissent de jour en jour, aux conséquences imprévisibles, Sisci avance que Pékin n’a plus qu’une « force » sur laquelle il puisse s’appuyer : le Pape François, seul capable (selon lui) de se poser en médiateur et de permettre à toutes les parties en cause de se tirer de l’épineuse affaire, la tête haute.
Qui est derrière Sisci ? Que recouvre sa suggestion ? Nul ne le sait pour sûr. Cet ancien journaliste italien est titulaire d’une chaire à l’université Tsinghua – ce qui peut supposer de bons termes avec le pouvoir socialiste. Il a aussi été reçu cette année en audience privée par le Saint-Père, dans le cadre d’une interview. Le lendemain de son article du 29 août, il en publiait un second citant le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat du Saint Siège, pour rappeler la vieille demande du Pape, toujours valide, d’une mission pontificale dans l’Empire Céleste.
En réponse, le même jour, depuis Pékin, la porte-parole du régime Hua Chunying, rappelait le « désir de rencontre à mi-chemin (avec le Vatican) pour poursuivre le développement des relations bilatérales ».
Dernière considération : un point focal de la crise en mer de Chine du Sud semble être Scarborough Shoal, l’atoll évoqué plus haut, de facto occupé par l’APL depuis 2012. Une rumeur récente prêtait à la Chine le projet de développer l’îlot entre la fin du G20 (4-5 septembre) et le 8 novembre, date du scrutin présidentiel américain – une période de passation de pouvoir où le processus exécutif américain pourrait être paralysé par crainte de répercutions sur l’opinion intérieure.
Mais voilà qu’à Manille, le gouvernement évoque soudainement un accord de partage des eaux à Scarborough, et une possible visite du Président Duterte à Pékin « avant décembre ». On entre donc dans une période cruciale. Pour Pékin, c’est l’heure d’un choix, et pour cette crise, une fragile lueur d’espoir.
Face au rival Didi Chuxing, le géant américain des VTC, Uber jette l’éponge début août. Ayant perdu 2 milliards de $ en 2 ans sur le marché chinois du transport privé, il cède ses actifs à Didi, contre 5,9% d’un groupe qui pèsera 35 milliards de $ – sous réserve du feu vert du ministère du Commerce.
Dans cette bataille, Uber était allié à China Life et Baidu. Didi lui, pouvait compter sur Tencent et Alibaba mais aussi sur l’Etat chinois, décidé à « empêcher les groupes high-tech américains de dominer le secteur de l’information en Chine », selon certains experts.
La position de l’Etat est pourtant trouble : Pékin veut-il bouter Uber hors de Chine, ou bien bloquer son alliance avec Didi pour cause de monopole ? Pour tout compliquer, Didi venait de miser 100 millions de $ sur Lyft, un minuscule rival d’Uber. Coincé à présent dans une alliance entre Uber et Didi, Lyft risque son existence.
Une autre action a précipité la fin d’Uber en Chine : Apple s’allia à Didi en juin, apportant 1 milliard de $ de dot. Apple prit ainsi une option sur Didi, pour un marché de demain, du taxi sans chauffeur en Chine… Une guerre s’achève donc, qui coûtait à Uber et Didi des fortunes en ristournes accordées aux passagers.
Une fois l’adversaire écarté, Didi s’attelle au défi suivant : la réconciliation avec les taxis, redoutant d’être balayés du marché par cette concurrence « déloyale », ne payant ni licences, ni taxes. Didi vient d’ouvrir (1er septembre) un partenariat avec 50 flottes de taxis dans 10 métropoles, pour les intégrer dans sa plateforme. Il met aussi sur pied un fonds de 15 millions de $ de primes aux chauffeurs de taxis ayant reçu les meilleurs commentaires sur son application. L’objectif avoué est d’aboutir à un rachat partiel ou total de ces flottes, et une intégration verticale complète du transport urbain privé.
Autre nouvelle dans le monde des transports : Pékin et Shanghai viennent d’interdire au 31 août, les nouveaux véhicules électriques (segways, trottinettes…). Ils se vendent pourtant par millions mais posent de lourds problèmes de sécurité, étant rapides (jusqu’à 40km/h), silencieux, avec de mauvais freins, et sans parois antichocs. Dans l’immédiat, ce « feu rouge » reste sans effet : à 10¥, l’amende est bénigne, et surtout, il n’y a pas d’alternative pour échapper aux bouchons qui saturent les villes. Mais de toute évidence, ce mode de déplacement dans les langes est appelé à évoluer vite au plan technique, tout comme au plan juridique. Le débat débute à peine !
Depuis 15 ans en vain, Pékin veut restructurer ses géants pétroliers par métiers (exploration, extraction, raffinage et distribution) et libéraliser les prix. Jusqu’à hier, la SASAC (tutelle des consortia) et ces « Etats dans l’Etat » parvenaient à s’y opposer.
Deux phénomènes ont inversé la donne : la chute du cours du brut de 120$ à moins de 50$ le baril, et la campagne anti-corruption, sur fond de lutte politique entre Xi Jinping et ses rivaux. Zhou Yongkang, son ennemi juré, était le maître de la CNPC, l’empereur de l’or noir du pays. Sa condamnation à la perpétuité en 2015 a permis la mise à l’écart de tous ses protégés dans le secteur, et l’arrivée de pratiques plus proches du marché.
Aujourd’hui, les rapports se sont inversés : le pétrole perd de l’argent –le gaz naturel et le raffinage en gagnent. Depuis 2015 par deux fois, Xi Jinping a forcé une baisse du prix du gaz pour en démocratiser l’usage. Au 1er semestre 2016, la demande en pétrole faiblissait, tandis que celle en méthane augmentait de 9,4% – bien plus fort que la croissance économique à 6% environ.
Du coup, la CNPC veut d’ici 2020 porter le gaz dans sa production de 37% à 50% (l’Etat-même veut voir à cette échéance le gaz occuper 10% du mix énergétique national). Au 1er semestre, sa production pétrolière baissa mondialement de 1,4% – cela ne lui était jamais arrivé – à 470 millions de barils, tandis que son gaz augmentait de 7,4% à 34,2 millions de tonnes. Pour atteindre l’objectif, la CNPC veut acquérir du gaz à l’étranger, et développer l’exploration.
Il faut le noter : pour la première fois dans son histoire, la CNPC aurait été en déficit ce semestre, si elle n’avait pas vendu son réseau de gazoducs d’Asie Centrale, après avoir vu ses profits chuter de 98% à 80 millions de $,
Une aide essentielle pour résister à la conjoncture, lui vint par ailleurs de l’Etat, en mettant fin à des décennies d’obligation d’extraire à n’importe quel prix. Désormais CNPC, Sinopec et la CNOOC pouvaient cesser d’extraire à perte, des gisements en fin de cycle comme Daqing, Shengli et Changling.
Enfin, Sinopec s’apprête à céder 50% de son gazoduc du Sichuan vers la côte, pour la même raison : éviter de se retrouver en déficit. Cet outil datant de 2010 peut convoyer 12 milliards de m3 par an le long du Yangtzé. Le marché d’avenir est glorieux : 97,6% des Chinois interrogés seraient prêts à se chauffer et se nourrir au méthane, et 90%, prêts à payer plus, pour cette énergie propre et renouvelable.
Wang Chengbin est tout sauf un simple d’esprit. A 32 ans, il est chercheur-invité a l‘université des sciences de la vie à Prague, doctorant, entomologiste et taxonomiste – expert des insectes et de la classification du monde du vivant.
Fait remarquable, et qui en dit long sur son talent, six ans plus tôt en 2011, c’est à l’université Tsinghua de Pékin, qui forme les élites politiques et scientifiques du régime, qu’il recevait son doctorat en mathématiques, de la plus haute autorité académique en République Populaire. Wang semble donc bien être ce « petit génie » polyvalent et bourreau de travail, capable de se distinguer par la qualité de ses recherches partout sur Terre, au pays comme à l’étranger, et en toutes disciplines.
Hélas pour lui, toute la masse de ses éminentes qualités ne semble pouvoir suffire à lui épargner de se laisser engluer dans une affaire aux franges du ridicule, qui a fait grand bruit cet été dans les chaumières et rizières de l’Empire du Ciel.
Tout a débuté l’été 2015 sur l’île de Hainan où il participait pour le compte de son université tchèque à une mission de recherche d’espèces encore non homologuées.
Un soir, au briefing quotidien où ces savants se rassemblaient pour échanger leurs découvertes du jour, Lu Qiu, un collègue de Chongqing, lui présenta dans un habitacle de plastique un insecte oblong avec élytres : « curieux spécimen, lui fit-il, jamais rien vu de tel. Qu’en penses-tu ? » Et comme le compagnon était expert en diptères tandis que sa trouvaille, de la famille des coléoptères, était du ressort de Wang, il le lui remit sans autre pensée.
Or, cependant, dès la première seconde, à la vue du long insecte noir brillant au corset puissant et moiré, aux antennes délicatement ornées de sphères à distance régulière, Wang n’ avait pu contenir un tressaillement d’émotion. Car cet insecte n’évoquait pas la moindre référence à une quelconque famille, classification ou sous-espèce de son savoir, pourtant vaste. Wang devrait procéder à toutes les recherches académiques d’usage, mais en ce cas d’espèce, il le pressentait, cet animalcule était potentiellement une découverte mondiale. Ainsi, en tant que auteur, Wang aurait désormais une place au Panthéon des gens de son métier : au paradis, à la Mecque de tout entomologiste ! Il passerait à la postérité en faisant entrer son scarabée dans la classification de Linné, assorti d’un nom de son invention – c’était la gloire !
Dès le lendemain, Wang Chengbin se précipita dans la forêt vierge de l’île semi-tropicale, vers la clairière aux multiples troncs morts où prospérait une myriade d’insectes xylophages, là où le collègue avait fait la trouvaille. Poursuivant la fouille méthodiquement, il lui fallut deux autres semaines pour exhumer deux autres sujets de la même espèce, dé-montrant ainsi qu’elle était rarissime. Parallèlement, il multipliait les requêtes auprès des sociétés entomologistes des cinq continents, pour étayer un dossier scientifique en béton armé – il fallait dissiper tout doute quant à l’unicité de « son » scarabée.
De retour à Prague, Wang vit s’approcher le moment béni de l’enregistrement de l’insecte et du choix d’un nom. Une fois validé par ses pairs entomologistes internationaux –simple formalité à ce stade –, son vocable entrerait au système scientifique mondial. A la discrétion du découvreur, le nom devrait évoquer l’apparence, des attributs moraux ou comportementaux du sujet. De l’avis de Wang en outre, il devrait aussi célébrer certaines vertus de son pays natal.
Cette ultime envie s’aventurait bien loin des rivages de la science, dans les méandres d’un imaginaire subjectif. Elle reflétait, il faut bien l’avouer, un dernier trait de notre fougueux chercheur : sa naïveté, doublée d’un vibrant patriotisme et d’une obédience sans faille aux mots d’ordre du Parti. Pur produit de l’école publique, Wang approuvait et défendait sans réserve toutes les valeurs léguées par l’enseignement socialiste !
Dans son rapport en huit pages qu’il fit publier en anglais en juin 2016 dans la revue internationale Zootaxa, il décrivit les circonstances de la découverte, le terrain humide et chaud de l’île de Hainan et le type de végétation, de fougères, de champignons, d’arbres géants qui permettaient de prospérer dans l’humus de ses forêts natives.
Il présenta son scarabée de 3,5cm de long avec son abdomen, sa tête, ses pattes et ses élytres, sa couleur moirée, son régime alimentaire, sa fière agressivité, son comportement reproductif.
Puis vint le moment du triomphe en apothéose, un peu orgueilleuse certes. Mais qui en voudrait au jeune homme de « s’être regorgé de son propre succès » (洋洋得意, yáng yáng déyì) ?
Le nom chinois qu’il avait trouvé (习氏狼条脊甲, Xi shì láng tiáo jǐ jiǎ) évoquait son long corset et sa combativité « digne de celle du loup ». Et selon l’usage, son nom international était en sabir greco-latin : « Rhyzodiastes (Temoana) Xii ». Le dernier mot, aussi présent dans la définition chinoise, dédiait le scarabée au Président de la République, Xi Jinping. Dans l’esprit du chercheur, c’était le plus haut hommage et acte d’admiration au premier édile de l’Etat.
Mais pour savoir comment les hautes sphères du régime réagirent à cette publication, prenez patience jusqu’à la semaine prochaine !
« Se regorger de son propre succès » 洋洋得意, yáng yáng déyì |
9 septembre : 1er Salon du vin et de la bière en ligne sur TMall
7-8 septembre, Pékin : IBIM, Salon international de l’organisation d’événements et de voyages d’affaires
7-9 septembre, Pékin : CIOF, Salon international de l’optique
7-9 septembre, Shanghai : International Aluminium and Carbon Conference
8-10 septembre, Canton : HOSFAIR, Salon de l’hôtellerie, de l’alimentation et des boissons
8-10 septembre, Shanghai : FIBO China, Salon des loisirs et du sport
8-11 septembre, Shanghai : Design of Designers, Salon international du mobilier design
8-11 septembre, Xiamen : CIFIT, Salon international de l’investissement et du business
8-11 septembre, Shanghai : Furniture China / FMC China : Salon du meuble résidentiel et de bureau, de l’ameublement et des accessoires / Salon de la fabrication et des fournitures pour l’industrie du meuble
9-11 septembre, Canton : HWE China, Salon international de l’eau potable
9-11 septembre, Canton : IOF / HCI China, Salon international de l’alimentation biologique
9-11 septembre, Canton : CIPFE, Salon international des produits alimentaires importés