Taiwan : En visite en Asie, Joe Biden récidive

En visite en Asie, Joe Biden récidive

Près d’un an et demi après son arrivée à la Maison-Blanche, Joe Biden a effectué sa première visite officielle en Asie. Interrogé le 23 mai lors d’une conférence de presse à Tokyo au sujet de Taïwan, le Président américain a réitéré « l’engagement » de son pays à défendre l’île revendiquée par Pékin en cas d’agression, puis a assuré que la position officielle des Etats-Unis « n’avait pas changé ».

Apparemment embarrassée par ces déclarations, la Maison-Blanche s’est empressée de préciser que le Président promettait seulement d’aider Taïwan à se défendre et qu’il ne s’agissait pas là d’un abandon de la politique « d’ambiguïté stratégique » qui a contribué à maintenir la paix dans le détroit de Taïwan durant les quatre dernières décennies.

En réaction aux propos de Joe Biden, la Chine a rappelé sa « ferme détermination » à « protéger sa souveraineté » et a demandé à Washington « d’éviter d’envoyer de mauvais signaux aux forces indépendantistes » de Taïwan. Les États-Unis « jouent avec le feu », a mis en garde Pékin.

De fait, ce n’est pas la première fois que le Président Biden écorne « l’ambiguïté stratégique ». Avant même le début de la guerre en Ukraine, il avait déjà évoqué en août et en octobre 2021 « l’engagement » des États-Unis à défendre Taïwan, avant que la porte-parole de la Maison-Blanche ne rétropédale en déclarant que la politique américaine demeurait inchangée. Les médias avaient alors interprété les propos de Joe Biden, 79 ans, comme une « bourde présidentielle ». Mais était-ce vraiment le cas ?

Les récidives du Président indiquent plutôt une volonté de l’administration d’exprimer plus clairement ses intentions. Joe Biden estime que le « Taiwan Relations Act » de 1979 est une loi ambiguë puisqu’elle n’évoque pas la question d’une intervention militaire de Washington en cas d’invasion de Taïwan par la Chine. Le Président Biden juge donc qu’il lui appartient de clarifier la position américaine. Certes, Washington reconnaît le principe « d’une seule Chine », mais le dirigeant veut également souligner le fait que les États-Unis ne resteraient pas les bras croisés si la Chine attaquait Taïwan, du moins tant qu’il serait Président.

L’administration Biden y voit une manière de renforcer son pouvoir de dissuasion, mais aussi un moyen de répondre aux éventuelles interrogations sur sa capacité à traiter plusieurs crises simultanément (Ukraine, Taïwan…).

Cependant, plusieurs analystes américains jugent ce « double jeu » particulièrement dangereux. Cette « confusion stratégique » pourrait exacerber les tensions avec la Chine et les autres pays rivaux, mais aussi mettre les alliés des États-Unis dans une position inconfortable. Pour d’autres, la réponse forte de l’Occident à l’agression russe en Ukraine pouvait servir à dissuader la Chine d’envahir Taïwan, mais l’ambiguïté sur laquelle joue la Maison Blanche risque d’annuler ce gain.

Une chose est sûre, la Chine a très bien compris le message. Reste à voir de quelle manière elle compte y répondre…

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