Corées : Kim Jong-un dans la cour des grands

À bord de son train blindé, invité par  le Président Xi Jinping, le cher leader de Corée du Nord, Kim Jong-un est arrivé à Pékin le 8 janvier, jour de ses 35 ans. Sa 4ème visite en un an, tombait le jour des négociations commerciales sino-américaines dans la capitale.

Côté chinois, on avance que la tenue des deux événements le même jour, est un pur hasard –quoique Kim soit aussi en pourparlers avec Trump pour un sommet, qui serait le second depuis la fondation de la République populaire démocratique de Corée en 1948. En fait, tant pour Xi que pour Kim, cette visite peut être interprétée comme un levier sur les Etats-Unis : si Trump ratait cette réconciliation, il resterait à la Chine l’option d’un retour à une alliance exclusive, notamment quant à la reconstruction future de ce petit pays ruiné, dernier grand chantier vierge en Asie. Conformément à sa personnalité versatile, D.Trump maintient l’ambigüité sur son attitude vis-à-vis de Kim, manifestant une claire méfiance en la sincérité du jeune dictateur qu’il surnommait hier encore « Rocket Man », mais affectant aussi l’amitié chaleureuse et la confiance dans ses chances de mener à bien le désarmement nucléaire de la péninsule.

Durant son heure de rencontre avec Xi, Kim, selon le porte-parole, aurait fait part de son « souci » sur l’impasse de ses négociations avec les Etats-Unis. A son discours du Nouvel an, Kim déclarait que Pyongyang n’aurait « d’autres choix que de se tourner vers d’autres initiatives », si les USA ne tenaient leur promesse d’en finir avec les sanctions contre elle, les exercices militaires avec la Corée du Sud et d’« autres forces étrangères », et d’émettre une déclaration de paix en bonne et due forme, mettant fin à 70 ans d’état de guerre.

Pourtant face à Xi, peut-être sous sa pression, Kim a promis que le meeting déboucherait sur des résultats « répondant aux attentes de la communauté internationale ». Et Kim dès lors, pouvait annoncer la visite de Xi « décidée depuis deux mois ». Durant son séjour, le leader Suprême a visité Tongrentang, groupe historique de TCM de la capitale : la santé est une des pistes explorées par Pyongyang pour diversifier son économie et dire adieu à la « byongjin », politique simultanée de stimulation de l’économie et de course à la bombe, qu’il avait lancée en 2013.

Coïncidence encore ? Ce même 7 janvier, un bâtiment de l’US Navy voguait à quelques encablures des îles Paracels sous contrôle chinois (mais revendiquées par le Vietnam), provoquant une épidermique réaction de mauvaise humeur de la marine chinoise. Loin d’être une maladresse, l’incident semble avoir été calculé, en temps et en lieu, comme réponse de Trump à la visite de Kim à Xi. Comme si la Maison Blanche souhaitait montrer qu’elle avait elle aussi des moyens de pression, et ne se laisserait pas marcher sur les pieds.

Par Liu Zhifan

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