Monde de l'entreprise : HNA souffle ses 25 bougies dans la tourmente

HNA souffle ses 25 bougies dans la tourmente

Pour son 25ème anniversaire (30 avril), HNA, figure de proue économique (30.000 salariés) de l’île méridionale de Hainan, aux 236 milliards de $ d’actifs, tente de s’arracher au maelstrom qui l’aspire, victime d’un modèle commercial qui l’a fait s’endetter à travers le monde. Rien qu’entre 2016 et 2017, HNA a investi 50 milliards de $ en achats glorieux mais sans profits à court terme. Fin 2016, HNA se retrouva soudain coincé « au milieu du gué » par un ban sur les investissements extérieurs et la fermeture du robinet du crédit. Le coût de ses emprunts s’envola de 60% – une hausse vertigineuse que HNA ne pouvait plus assumer. Durant l’été 2017, le magnat transfuge Guo Wengui, mettait de l’huile sur le feu en affirmant que de très hauts cadres du régime chinois auraient tiré profit de fraudes au sein de HNA…

En ces conditions, la solution trouvée fut identique à celle de Wanda, autre groupe privé, pris dans la même tourmente : vendre au plus vite. Après avoir cédé ses trois parcelles de terrain sur l’ancien aéroport Kai Tak de Hong Kong début mars, HNA veut liquider d’ici juillet 16 milliards de $ d’actifs, dont ses parts Hilton (pour 6,5 milliards), et réduit ses parts chez Deutsche Bank de 10% à 8,8% puis à 7,9%.

D’autres acquisitions, qu’HNA ne pouvait en tout état de cause probablement plus s’offrir, se trouvent alors bloquées : fin décembre 2017, c’était le rachat d’une branche de la banque néo-zélandaise ANZ pour 660 millions de $, qui était bloqué sur veto des autorités locales. Plus récemment, le 2 mai, c’était l’achat de Skybridge Capital (New York) pour 200 millions de $, qui était remis sine die.

Dans une tentative de contourner l’actuel « mur d’argent » des banques chinoises, HNA ouvrait fin février deux fonds offshore à 8 à 10% par an, de 3 milliards de $ au total, pour investir dans des projets BRI (Belt & Road Initiative). Un objectif que l’Etat ne peut contester, et qui pourrait signifier la gratitude d’HNA envers l’Etat qui vient d’élever « son » île au statut de zone franche. Le groupe veut en profiter pour se relancer, Hainan Airlines créant 40 liaisons aériennes directes vers les quatre aéroports insulaires : Haikou, Danzhou,  Boao et Sanya. Devant atteindre une capacité de 38 millions de passagers d’ici 2025, HNA espère voir Sanya s’imposer comme hub international, et une porte mondiale vers le Japon et la Corée.

On l’aura deviné : tous ces projets montrent en filigrane une relation complexe entre ce groupe régional et l’Etat. HNA va se recentrer sur ses métiers de base, transport et tourisme, et Pékin de son côté, aura à cœur de ne pas permettre le naufrage de cet outil privé, mais néanmoins au bel avenir potentiel. 

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