Investissements : Bangkok, Colombo – étapes de la « route de la soie »

– Le Sri Lanka tente de s’affranchir de l’attraction chinoise. Vainqueur au scrutin de janvier, M. Sirisena, le nouveau Président, voulait réviser les contrats signés avec Pékin les années passées. Aussi le 06/02, le vice-ministre des Affaires étrangères Liu Jianchao s’est rendu d’urgence à Colombo pour endiguer la fronde. Suite aux négociations, Sirisena a confirmé que l’ extension du port de la capitale (cf photo) aurait lieu après la conduite d’une « étude d’impact écologique ». La China Communication Construction Company (CCCC), consortium de génie civil, va lancer sans délai le chantier, pour 1,4 milliard $ d’investissement. 

En échange, en pleine propriété ou en bail de 99 ans, la CCCC recevra 108 ha d’espace gagné sur la mer. Surgira une cité de prestige (marina, golf, circuit de F1, tour de 100 étages -la 1ère de l’île). Puis 13 milliards de $ viendront s’ajouter d’ici 2025, créant 83.000 emplois. Ainsi en tandem avec le port d’Hambatota (autre projet au sud de l’île), le Sri Lanka, maillon fort de la route de la soie maritime, servira de rampe d’accès chinoise vers l’Inde, au Moyen Orient, à la Turquie et à l’Afrique de l’Ouest.

– Toujours au profit de la Chine, la Thaïlande diversifie ses alliances. Le coup d’Etat de mai 2014 a bientôt causé l’impatience des Etats-Unis, son allié de toujours, qui réclame un retour rapide à la démocratie. Fin 2014, B. Obama gela une aide militaire de 4,7 millions de $, puis en février, écourta Cobra Gold, les manœuvres conjointes annuelles. Furieuse, la junte accusa dès janvier Washington de s’ingérer dans ses affaires. 

C’est alors que (06/02), le ministre de la Défense Chang Wanquan, vint à Bangkok signer un accord de sécurité intérieure, promettant conseils technologiques et données secrètes pour lutter contre le crime, « sans contreparties ». Bangkok confirmait qu’avec l’APL, des exercices aériens se tiendraient « sous 2-3 ans ». Entretemps, deux séances de tractation se tenaient pour boucler le contrat de la ligne ferrée Nord-Sud. Les 860km Nongkhai-Bangkok seraient parcourus à 180km/h, puis à 250km/h, moyennant un coût de 10,5 milliards de $, prêtés par la Chine—peut-être sur 20 ans et à 2-4% de taux d’intérêt. Pékin appelait le pays-hôte à ouvrir des zones industrielles sur la ligne, où elle installerait nombre de ses groupes. Cette ligne est une nouvelle donne, pour l’Asie du Sud-Est entière – un maillon essentiel de la future route de la soie « maritime » chinoise.
En marge de la visite, Blaise Godet, ex-ambassadeur de Suisse à Pékin, signala deux risques inhérents au concept de cette route de la soie : si la Chine tentait de conserver cette liaison pour ses entreprises, sans partager ; et si la corruption s’installait le long de la ligne, décourageant transporteurs et entrepreneurs de l’emprunter…

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