Vins et spiritueux : Viticulture céleste : « Tchin-Tchin », la Chine

Viticulture céleste : « Tchin-Tchin », la Chine

La Chine ces dernières années bat tous les records du monde de consommation l’un après l’autre. Son dernier, elle l’a conquis en janvier 2014, aux dépends de France et d’Italie : elle est passée première consommatrice de vin, avec 1,865 milliard de bouteilles l’an passé, contre 1,8 en France et 1,7 en Italie.

Les deux pays européens, venaient de réduire leur débit respectivement de 18% et 5,8%, sous l’effet combiné de la récession et d’une tendance à long terme de report vers les boissons non alcoolisées. Mais la Chine depuis 2007, a presque triplé sa soif de vin, qui enregistre un « come-back » en ce pays : quoique connu depuis l’antiquité, le vin (rouge et liquoreux) en Chine était tombé en désuétude jusqu’au XIX siècle quand arrivèrent les ordres catholiques et la vague colonisatrice occidentale. Les bons pères manquaient de vin pour servir la messe et l’on planta donc des vignobles à travers tout le pays, dont certains sont devenus les plus grandes exploitations, comme Changyu, Great Wall ou Dynasty. 

Aujourd’hui, le vin a une bonne réputation en Chine. Il est associé à la France, pays « du raffinement et du romantisme ». Sa couleur écarlate est symbole de bonheur.
Pourtant, 10 ans auparavant, la Chine ne trinquait qu’au « baijiu » (alcool blanc local). Sa première disgrâce, il y a 5 ans, fut due au souci d’autosuffisance stratégique, de réserver les récoltes à l’alimentation humaine. 

Puis en 2013, la mise au ban fut renforcée sur ordre du Président Xi Jinping, dans le cadre de la campagne nationale de frugalité. Les alcools forts devinrent des indices de corruption et leurs ventes s’effondrèrent jusqu’à 40%, tandis que les importations de vin (janvier-octobre 2013), grimpaient en volume à 311 millions de litres (+31%) et surtout en valeur, à 1,67 milliards de dollars (+68%), dont près de la moitié issu de France. « C’est un tournant dans l’histoire des goûts chinois », estime Bruno Paumard, œnologue en Mongolie Intérieure.

Cave Huadong Parry 'Ex Jesuite' ShandongLe vin que boivent les Chinois est à 80% local – seuls 20% sont importés. Mais la demande est telle que, selon Vinexpo (le groupe expert de Bordeaux), un doublement de la production d’ici 2015 est attendu. La Chine n’est encore « que » 5ème producteur mondial, mais cela va changer. Partout, on plante, et des maîtres de chais sont en formation dans toutes les universités du pays, dont une partie envoyée en stage en France et ailleurs dans le monde. 

Les caves chinoises sont très différentes de ce que l’on connait en Europe. Un domaine comme Dynasty, propriété à 27% de Rémy Cointreau et à 44% de la mairie de Tianjin, étend ses vignobles sur trois provinces et produit plus de 100 millions de bouteilles, tout en vendant en 2013 pour 1,7 milliard de dollars. Le château Hansen, en Mongolie, détient 500 hectares de vigne, 130 cuves, 800 fûts de chêne et produit 4 millions de bouteilles, écoulées localement à près de 800 yuans pièce. Des groupes comme Pernod Ricard, Château Lafite Rothschild, Moët Hennessy, créent leurs vignobles et leurs caves entre Ningxia, Shandong et Yunnan. Ce professionnel français assure : « nos affaires sont quatre fois plus profitables en Chine qu’ailleurs au monde ». La Chine s’avère donc, pour la boisson de Noé, le nouveau pays de Cana, un paradis d’avenir !

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