Le Vent de la Chine Numéro 8

du 23 février au 1 mars 2014

Editorial : La Chine entre deux tribunaux de l’ONU

Exigences ChineXi Jinping n’a sans doute pas envoyé de gaieté de cœur, à Pyongyang (18-20/02), Liu Zhenmin, son vice-ministre des Affaires étrangères. Le 12/12/2013, Kim Jong-un, le « cher leader », avait fait liquider son oncle Jang Song-thaek, le meilleur allié de la Chine en DPRK et le meilleur avocat de la politique d’ouverture. Pourtant, les diplomates chinois qualifient cette visite « de routine », considérant l’affront comme une péripétie familiale – l’incident est clos ! 

Il se peut qu’un fait nouveau ait précipité la fin de la brouille : le rapport d’une Commission d’enquête de l’ONU sur la Corée du Nord, l’accuse de crimes contre l’humanité et propose de la déférer devant la CPI (Cour Pénale Internationale). Mais la démarche permit à Pékin de récupérer l’écoute du « petit voisin » en lui permettant de réitérer son offre, désormais très séduisante, de protection contre des sanctions onusiennes.

La Chine avait une autre raison de réagir : sa méfiance viscérale envers toute justice supranationale. Elle ne pourra admettre le principe d’une telle instance qu’après avoir accepté sur son propre sol le principe de l’autonomie du pouvoir judiciaire, base de l’Etat de droit. Elle a d’autant plus de raisons de rejeter le rapport de l’ONU, que elle-même y est citée comme ayant « été informée » des rapatriements forcés de réfugiés nord-coréens de Chine vers la Corée, et des tortures qui s’en sont suivies (deux allégations que Pékin réfute vigoureusement). Enfin, à l’aile gauche du Parti, on garde ce lien « organique et fraternel » de vieux révolutionnaires, toujours vif après 63 ans. 

Pékin maintient donc la DPRK dans sa sphère d’influence, en suggérant a priori que toute tentative de la porter devant un tribunal des crimes contre l’humanité, fera l’objet d’un veto de sa part. « Une telle mesure, dit-elle, n’aidera à améliorer les droits de l’Homme, ni en Corée, ni ailleurs ! ». Ainsi, en la prenant une fois de plus sous son aile, la Chine « paie d’avance », avant d’entamer toute négociation bilatérale. 

Autre raison plus immédiate pour bloquer cette démarche de l’ONU : la Chine se trouve aussi dans le viseur d’une autre cour des Nations Unies, celle du droit de la mer.
Premières en Asie Pacifique à l’oser, les Philippines ont défié le géant chinois en sollicitant l’avis de la Cour d’arbitrage de la Haye. Ce fut suite à l’insupportable prise territoriale par une flottille chinoise en septembre 2013 de l’atoll Scarborough, au large des Philippines. B. Aquino, son bouillant Président, déposa cette plainte et depuis, entre les deux pays, tout dialogue semble rompu. 

Ce défi fut certes rendu possi-ble par les Etats-Unis qui promirent leur soutien (militaire) si nécessaire. La question de fond n’est pas de déterminer la nation propriétaire de l’atoll, mais si la « ligne aux 9 traits pointillés » (cf carte), base des prétentions territoriales de la Chine, est légitime ou non. Cette revendication porte sur 90% de mer de Chine, 3,5 millions de km². 

Depuis, la marine de l’APL poursuit l’offensive « molle ». Trois de ses navires viennent de débarquer sur un autre atoll, à 80 km des côtes malaises, avant de poursuivre vers l’Océan Indien. Ensemble, ces actions inspirent à la marine américaine cette conclusion du capitaine J. Fannell, de la flotte pacifique (19/02) : « par ces exercices, l’APL se préparerait à une guerre-éclair avec le Japon… dont l’objectif pourrait être la prise des îles Diaoyu/Senkaku, voire celles Ryukyu du Sud ».
Sous cet angle, cette action en justice à l’initiative de Manille, pourrait bien venir de Washington. Certes le verdict, s’il sort un jour, ne sera pas reconnu par Pékin. Mais vu son poids moral, disent les juristes, si d’autres pays tel le Vietnam se joignaient à l’action, selon la Convention du droit de la mer, Pékin pourrait être amenée à réviser sa liste de revendications. 

En septembre 2013, Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, de passage à Hanoi, prévenait le Vietnam contre un tel geste. Jusqu’à ce jour, Hanoï a obtempéré, tout en réservant ses droits.
Mais la plainte des Philippines change toute la donne : dès lors, si Pékin veut éviter une multiplication des plaignants, elle devra freiner ses ardeurs maritimes… Affaire à suivre !


Société : La campagne des trois vices s’élance…

La campagne de Dongguan (Guangdong) le 10/02 contre la prostitution, prend son envol, élargie à une lutte contre les « 3 vices » (avec la drogue et les jeux). Elle rappelle celle des « 6 vices » lancée sous Jiang Zemin fin 1989 par les réformateurs qui souhaitaient mettre une sourdine à la répression succédant au Printemps de Pékin. Tel est peut-être ici aussi, le but inavoué de la dernière action sécuritaire. 

Au 17/02, 8 provinces avaient fermé des milliers de karaokés et salons de massage, causant des centaines d’arrestations. D’autres réitérèrent d’antiques interdictions, celle des banquets de plus de « 4 plats une soupe » (四菜一汤, sì cài yī tāng) ou l’entretien de maîtresses. Des policiers furent démis de leurs fonctions, des secrétaires du Parti firent leur autocritique. Nie Huihua, chercheur à l’université Renda, énonce le palmarès des lieux plus corrompus (Fujian, Guizhou, Zhejiang) et des plus honnêtes (Pékin, Shanghai, le Tibet). 

Pas un secteur n’en sort indemne : l’APL confisque 29.000 voitures et 27.000 logements, abusivement offerts aux proches des officiers. La corporation des Trois Gorges est accusée de multiples abus. Les cadres universitaires voient dévoilées leurs activités illégales de ventes de diplômes, d’entrées à l’université, de plagiats…Tandis que le ministère du Commerce se retrouve mouillé par des centaines de cas de népotisme et abus de pouvoir – le ministre du Commerce Gao Hucheng « accepte les critiques ». Jusqu’à la police anti-corruption elle-même, se flagelle : deux de ses superflics sont congédiés, exclus du Parti et déférés à la justice ordinaire pour avoir tué (chacun) une personne au volant, en état d’ivresse. 

Chen Jianghe, cadre du Henan, prend la perpétuité après divers détournements. Ji Wenlin, vice-gouverneur de Hainan et dernier secrétaire de Zhou Yongkang, est mis sous enquête.
De même Liu Han, au Sichuan (longtemps le fief de Zhou Yongkang) est mis en examen pour agissements criminels mafieux. Liu était la 48ème fortune chinoise en 2012, et notoirement proche de Zhou. Toute cette campagne des 3 vices pourrait donc en fait viser la relance d’un procès contre celui qui avait été le patron de la Sécurité publique pendant 10 ans. 

Tout ceci ressemblerait à un remake de campagnes de Mao, s’il n’y avait ce détail incongru : la campagne des 3 vices est vivement dénigrée. Le Sud n’accepte pas de se faire pointer du doigt par le Nord, et une certaine jeunesse en quête de libertés et d’identité propre, dénonce l’hypocrisie des censeurs : pourquoi tolérer les frasques sexuelles des dirigeants et frapper en même temps ces filles contraintes à la prostitution, par pauvreté ? (cf. illustration, caricature anonyme). Une partie de l’opinion accepte de moins en moins de se laisser dicter ses valeurs par un pouvoir qui s’en dispense lui-même. 

En marge de cette effervescence, l’Etat tente d’aller de l’avant dans la poursuite de la réforme. Li Keqiang, le 1er ministre, interdit aux cadres de dissimuler leur corruption derrière le « secret d’Etat ». Les autorités anti-trust ont recruté 170 cadres pour vérifier la politique de tarification des consortia, publics comme étrangers. Xi Jinping annonce aussi l’adoption à travers le pays d’un système statistique international… Autant d’efforts de l’Etat pour ne pas seulement jouer au gendarme, mais aussi poursuivre la réforme.


Vins et spiritueux : Viticulture céleste : « Tchin-Tchin », la Chine
Viticulture céleste : « Tchin-Tchin », la Chine

La Chine ces dernières années bat tous les records du monde de consommation l’un après l’autre. Son dernier, elle l’a conquis en janvier 2014, aux dépends de France et d’Italie : elle est passée première consommatrice de vin, avec 1,865 milliard de bouteilles l’an passé, contre 1,8 en France et 1,7 en Italie.

Les deux pays européens, venaient de réduire leur débit respectivement de 18% et 5,8%, sous l’effet combiné de la récession et d’une tendance à long terme de report vers les boissons non alcoolisées. Mais la Chine depuis 2007, a presque triplé sa soif de vin, qui enregistre un « come-back » en ce pays : quoique connu depuis l’antiquité, le vin (rouge et liquoreux) en Chine était tombé en désuétude jusqu’au XIX siècle quand arrivèrent les ordres catholiques et la vague colonisatrice occidentale. Les bons pères manquaient de vin pour servir la messe et l’on planta donc des vignobles à travers tout le pays, dont certains sont devenus les plus grandes exploitations, comme Changyu, Great Wall ou Dynasty. 

Aujourd’hui, le vin a une bonne réputation en Chine. Il est associé à la France, pays « du raffinement et du romantisme ». Sa couleur écarlate est symbole de bonheur.
Pourtant, 10 ans auparavant, la Chine ne trinquait qu’au « baijiu » (alcool blanc local). Sa première disgrâce, il y a 5 ans, fut due au souci d’autosuffisance stratégique, de réserver les récoltes à l’alimentation humaine. 

Puis en 2013, la mise au ban fut renforcée sur ordre du Président Xi Jinping, dans le cadre de la campagne nationale de frugalité. Les alcools forts devinrent des indices de corruption et leurs ventes s’effondrèrent jusqu’à 40%, tandis que les importations de vin (janvier-octobre 2013), grimpaient en volume à 311 millions de litres (+31%) et surtout en valeur, à 1,67 milliards de dollars (+68%), dont près de la moitié issu de France. « C’est un tournant dans l’histoire des goûts chinois », estime Bruno Paumard, œnologue en Mongolie Intérieure.

Cave Huadong Parry 'Ex Jesuite' ShandongLe vin que boivent les Chinois est à 80% local – seuls 20% sont importés. Mais la demande est telle que, selon Vinexpo (le groupe expert de Bordeaux), un doublement de la production d’ici 2015 est attendu. La Chine n’est encore « que » 5ème producteur mondial, mais cela va changer. Partout, on plante, et des maîtres de chais sont en formation dans toutes les universités du pays, dont une partie envoyée en stage en France et ailleurs dans le monde. 

Les caves chinoises sont très différentes de ce que l’on connait en Europe. Un domaine comme Dynasty, propriété à 27% de Rémy Cointreau et à 44% de la mairie de Tianjin, étend ses vignobles sur trois provinces et produit plus de 100 millions de bouteilles, tout en vendant en 2013 pour 1,7 milliard de dollars. Le château Hansen, en Mongolie, détient 500 hectares de vigne, 130 cuves, 800 fûts de chêne et produit 4 millions de bouteilles, écoulées localement à près de 800 yuans pièce. Des groupes comme Pernod Ricard, Château Lafite Rothschild, Moët Hennessy, créent leurs vignobles et leurs caves entre Ningxia, Shandong et Yunnan. Ce professionnel français assure : « nos affaires sont quatre fois plus profitables en Chine qu’ailleurs au monde ». La Chine s’avère donc, pour la boisson de Noé, le nouveau pays de Cana, un paradis d’avenir !


Automobile : PSA : 30 ans de recherche de sa voie chinoise

Depuis 1985, PSA, un des premiers constructeurs étrangers à venir s’installer en Chine, a vécu une histoire pleine de rebondissements. Sur ce marché si différent du reste du monde, PSA a dû faire de multiples choix précurseurs, et des paris pas toujours gagnants. Ce qui contribue à expliquer ce bilan contrasté : titulaire d’une bonne image auprès de la jeunesse chinoise, PSA vend 550.000 voitures en 2013. Mais les leaders du peloton, VW ou General Motors frisent les 3 millions—quoique GM ait débuté en Chine 12 ans plus tard. 

Mais revoyons le film : en 1985, le choix d’établir une usine Peugeot à Canton (GPAC) se concevait : une province riche, avec un accès maritime. Mais un autre choix du groupe devait se révéler lourd de conséquences : celui d’établir une JV avec la province et non avec l’Etat central. Denway, le partenaire d’alors (groupe public cantonais) imposa de se fournir en pièces (boites de vitesse) de seconde qualité, et Pékin n’intervint pas pour défendre PSA. De même, produire la 504 sortie il y a 20 ans, ne répondait pas aux attentes du marché : le client ne voulait rien d’autre que des modèles récents. Aussi en 1997, ayant perdu des centaines de millions de francs, PSA cédait cette première usine à Honda.

Dès 1992, après une longue attente due aux avatars politiques d’alors, PSA obtenait sa seconde JV (DCAC) à Wuhan (Hubei), entre Citroën et Dongfeng, ex-groupe militaire. La JV misa d’abord sur la ZX, de petite cylindrée. Dix ans après, en 2002, Peugeot fit son retour sur ce même site. Mais les centaines de millions de $ investis dans la décennie avec Dongfeng, restaient faibles face aux milliards de $ avancés par les nouveaux arrivants allemands, coréens ou américains. 

De plus, choisir de gérer Peugeot et Citroën en réseaux séparés, même de concessionnaires, ralentit la montée en puissance.
PSA qui visait 150.000 ventes en 2004, ne franchissait le cap qu’en 2006. Et son rêve de 2010, de remonter à 10% sa part de marché, ne se matérialisa pas (il en détenait 3,1% à l’époque).

Il y eut aussi le pari problématique sur des modèles de moyenne gamme, au détriment du luxe et de la R&D. Or, c’est sur ce créneau du haut de gamme que des rivaux tels Audi ou BMW ont fait leur marge, grâce à une clientèle solvable et qui ne rêvait qu’à cela. Cela leur permit aussi de se démarquer des autres constructeurs. 

En 2008, PSA amorça alors un changement stratégique : le groupe lança son centre de design à Shanghai, qui dépasse aujourd’hui les 550 ingénieurs, confiant la conception de ses modèles à des Chinois, pour les goûts chinois.
La seconde usine de Wuhan (capacité à 450.000) fut créée en 2009. Dès 2011, se bâtissait une nouvelle usine à Xiangyang (Hubei), prévue pour produire 1,2 million de moteurs par an et 5,4 millions de transmissions en 2015. La troisième usine de Wuhan ouvrit en juillet 2013. Négociée à partir de 2010, la nouvelle JV avec Chang’an aboutissait à l’usine de Shenzhen, fin septembre 2013 (fourgonnettes, 4×4). 

Grâce à ces nouveaux outils, en 2013, le groupe, présent sur tous les créneaux, voyait ses ventes progresser de 26%, plus vite que la moyenne chinoise. D’ici 2020, le groupe veut vendre 1,5 million par an, créer un centre de R&D et une branche spécifique de vente vers l’Asie Pacifique. Après 30 ans de culture d’entreprise franco-chinoise, on attend de voir si PSA, sous sa nouvelle voilure, pourra s’épanouir dans un style de management plus proche du terrain et moins « Parisien ».


Automobile : PSA : La nouvelle donne

Citroen WuhanNégociée depuis 2013, l’entrée de Dongfeng et de l’ Etat français dans le capital  PSA pour 800 millions d’€ et 14% des parts chacun, fut approuvée par la famille Peugeot le 17/02.

 Réduisant ses parts à également 14%, la famille fondatrice cède les rênes qu’elle détenait depuis deux siècles, sur le second constructeur automobile d’Europe. 

L’augmentation du capital rapportera 3 milliards d’€ d’argent frais. Jusqu’au dernier moment, Thierry Peugeot, ex-Président du Conseil de Surveillance, tenta de faire prévaloir une alternative : refinancer PSA par cession de filiales. Avec divers analystes, il craignait la paralysie induite par une nouvelle direction tricéphale, aux intérêts opposés. 

PSA a un nouveau patron opérationnel, Carlos Tavares (portugais, ex-n°2 de Renault) en remplacement de Philippe Varin. Carlos Tavares recevra officiellement les pouvoirs fin mars, et un délai pour rééquilibrer le navire, ce qui peut signifier fermer une usine. Il faudra aussi satisfaire les plus de 50% de « petits actionnaires » dont les parts auront été diluées – un milliard d’€ de nouvelles actions sont déjà prévues à leur intention. 
Un autre deal est imminent avec la banque espagnole Santander, pour renforcer la branche « crédit ». 

Parmi les objectifs du groupe, figure le renforcement de la capacité de production en Chine d’ici 2015 à 750 000 unités, un nouveau centre de R&D et la sortie de 2 à 3 modèles par an sous les griffes de Peugeot, Citroën et Dongfeng.
Côté technologie, un joyau sera co-développé : le système « HybridAir » de récupération d’énergie par compression d’air, pour en équiper les futurs modèles des trois marques.


Société : Le tourisme médical en vogue en Corée du Sud

Le tourisme médical fait un tabac en Asie (Sinpagour, Malaisie, Thaïlande, …), offrant des soins chirurgicaux aux patients de la classe aisée des cinq continents. 

A ce jeu, la Corée du Sud excelle depuis 2009, suite à une politique volontariste qui a changé les lois pour permettre aux hôpitaux d’attirer la clientèle étrangère, notamment grâce à des forfaits « visa et hôpital 5étoiles » (entre 4500 et 11 000€). Avec ses infrastructures et du personnel bien formé, le pays offre un suivi médical et des prestations chirurgicales de haut niveau à prix intéressant. Pour guider les touristes, le gouvernement a lancé une application multilingue sur smartphone, Mediapp Korea.

Busan, au Sud de la péninsule, est le hub avec 14 000 touristes médicaux en 2012, 30.000 attendus en 2014 et… 200.000 en 2020 ! A cette échéance, le pays entier recevra 1 million de candidats à ses tables d’opération. Depuis 2012, la Chine vient de dépasser les Etats-Unis comme première cliente en Corée du Sud avec 32 503 « touristes », soit 20%. 

Consultation Seoul Coree Dr Park ChirurgieLa chirurgie esthétique fait un bond en avant avec 15 900 opérations en 2012 (+77%).
Détail curieux : alors que les Occidentales plébiscitent lifting, liposuccion et implants mammaires, les Asiatiques se font plutôt débrider les yeux, refaire le visage, et osent parfois changer d’apparence en reprenant les traits d’une célébrité. Ainsi, de nombreuses Chinoises demandent à renaître sous les traits de Fan Bingbing, l’icône des salles obscures. 


Petit Peuple : La mariée était trop belle… (1ère partie)

C’est sans doute à Shenyang en 2003 (mais ni la date, ni le lieu ne peuvent être tenus pour sûrs, vu le secret qui entoure l’affaire), que Hong Lanping, de retour de Corée du Sud, rencontra Jian Feng, jeune homme de bonne famille qui voulait se 

Comme elle était d’une beauté ineffable et à couper le souffle, l’affaire fut vite conclue. Le grand mariage eut lieu dans un hôtel 5 étoiles. Puis, le couple emménagea, et se mit à la tâche de faire l’enfant ou plutôt les enfants : Jian paya sans sourciller plus d’un million de yuans d’amende pour les deux héritiers de plus que n’autorisait le planning familial.

Les premières années, à en croire le mari (le seul qui parle, dans cette curieuse affaire), l’union avait été heureuse, sans histoire. Les premiers nuages vinrent s’amasser au-dessus du berceau de l’aîné : partagé entre la peine et la stupéfaction, le père ne parvenait pas à tolérer le visage disgracieux. Il parvint encore à se contenir – après tout, sa femme avait rempli le contrat en lui donnant un fils. 

Mais à peine née la cadette, il explosa : le poupon était à son avis, d’une incroyable laideur ! La jeune maman eut beau lui expliquer que tout s’arrangerait avec le temps, que les traits fripés du visage étaient chose normale chez les nourrissons. Jian Feng rétorqua que l’aîné, à 3 ans révolus, n’était toujours pas présentable aux amis – au risque de faire mourir de honte les grands-parents. 

Dès lors s’accumulèrent railleries et aigres reproches. Jian se sentait volé d’avoir payé l’exorbitante taxe pour de tels laiderons, et de devoir subir cette permanente insulte visuelle. Et l’arrivée d’un petit dernier aussi hideux que les autres n’arrangea rien . Chaque fois qu’il posait le regard sur l’un ou l’autre de ses marmots, le malheureux levait les bras au ciel, soupirait, et ses pensées oscillaient du meurtre au suicide. 

Fait insolite, suspect même, aucun de ces petits ne soutenait la moindre ressemblance avec lui, ni elle, ni leurs parents : c’était la preuve que Hong avait dû fauter, non ? Jian bien sûr, lui-même d’une beauté incontestable, était génétiquement incapable de produire des modèles aussi ratés de l’espèce humaine ! De ce pas, il traîna sa femme et ses trois petits, fruits du nid de coucou, à l’hôpital, pour leur faire subir à tous un test ADN, brandir à la face du ciel la preuve de la faute de celle qu’il regrettait amèrement d’avoir épousée ! Seulement voilà, deux semaines plus tard, le ciel s’effondra sur sa tête quand la réponse du laboratoire tomba et dissipa tous les doutes sur sa paternité : oui, c’étaient bien ses enfants, et hélas oui, Hong ne lui avait été que trop fidèle ! 

Heureusement pour lui, le papa dévasté eut la présence d’esprit, l’éclair de génie de se rappeler comment, depuis toutes ces années, la jeune femme acceptait les remar-ques désobligeantes, faisant preuve d’une patience suspecte, acceptant d’être le souffre-douleur de son mari. 

A nos yeux de juges impartiaux, Hong Lanping tentait évidemment, avec douleur héroïque, de sauver son couple. Mais aux yeux malades du mari c’était la preuve évidente qu’elle avait des choses à se reprocher. 

Dès lors, il soumit jour et nuit sa compagne à un feu roulant de questions. Et Hong, sous un mécanisme psychologique vicieux, mais hélas bien connu de complicité avec son bourreau, finit par coopérer et lui dire ce qu’il attendait. Elle avoua son crime, qui était d’avoir été laide, et d’avoir voulu échapper à ce destin, cherchant comme un petit oiseau, à « se poser sur l’arbre bourgeonnant plutôt que sur le mort » ( 集苑集枯, jí yuàn jí kū). 

Quand elle avait rencontré Jian Feng, elle venait de sortir d’une suite d’opérations qui lui avaient remodelé le visage et le corps – comme le font trois millions d’autres Chinois et Chinoises chaque année. Le bon docteur Kim, à Séoul, lui avait regonflé la poitrine, raboté la cloison nasale et le menton, remplumé les joues, enrichi les sourcils, et retendu le visage d’une peau de lis. Il avait fait d’elle le resplendissant diamant taillé qu’elle était désormais, extraite de la gangue grossière dans laquelle elle était née. Il lui en avait coûté 620.000 ¥. Et qu’y pouvait-elle, si malgré toutes ses prières, elle n’avait pu transmettre à leurs enfants cette perfection physique qu’elle s’était conquise au prix de tant de maux ? Elle en était désolée, mais si Jian Feng ne voulait plus d’elle, elle était prête à lui rendre sa liberté ! 

Loin d’être ému par le déchirant aveu de son épouse, Jian Feng se promit de l’enfoncer davantage, de la faire retourner dans son passé, et n’en resta pas là, bien décidé à obtenir réparation… 

La suite dans le prochain numéro du Vent de la Chine !


Chiffres de la semaine : 200.000 Yuans, 60 ans, 250 000 locations, 34 films, n°1 et n°2…

Mariage Chine DepensesCombien coûte un mariage en Chine ?

200 000 yuans : c’est la fourchette basse des dépenses pour un mariage dans les grandes villes.
Rien que pour la décoration, les photos, la cérémonie et la lune de miel, il faudra débourser environ 50 000 yuans.  
A la campagne, les dépenses tourneraient autour de 10 000 yuans.  Selon les spécialistes, le marché du mariage en Chine serait immature, avec environ 20 000 petites entreprises dans ce secteur, souvent qualifiées de peu professionnelles. En attendant, la tendance est clairement aux mariages à thèmes (la Provence, Hello Kitty, le 7ème art…) 

A titre de comparaison, en France, le budget moyen d’un mariage selon l’INSEE serait de 11 800 euros.

Location VoitureA vos permis de conduire !

250 000 locations de…. voitures !
Selon une étude de Zero Power Intelligence, la demande en véhicules de location explosera dans les 5 prochaines années, notamment à cause de la hausse du nombre de permis de conduire délivrés et de la réduction du nombre de nouvelles plaques d’immatriculation dans les grandes villes. En 2013, 250 000 contrats de location ont été signés pour un marché global évalué à 22 milliards de yuans.. Huachen Group, Dongfeng et Mercedes ont déjà lancé leur propre service de location.

Dans les salles obscures..

34 : c’est le nombre films étrangers autorisés à être diffusés sur les 17 740 grands écrans chinois. Contre toute attente (de Hollywood notamment), ce quota n’a pas été augmenté en 2014.

Li Na Peng ShuaiRecord pour le tennis chinois

N°1 et n°2 : ce sont respectivement les classements WTA de Peng Shuai (en double) et Li Na (en simple) le 17 février. Li Na devient la première joueuse asiatique à ce niveau et Peng Shuai, la première joueuse chinoise. Un jour historique pour le tennis chinois !

200 millions de sexagénaires

15% de la population chinoise a plus de 60 ans soit 200 millions de personnes. 

En 2013, 80 millions de Chinois parmi les plus pauvres (notamment les personnes âgées, et la population rurale) ont reçu une allocation de subsistance du gouvernement central (au total 174 milliards de yuans soit 2175 yuans par personne en moyenne). Le ministère des Affaires civiles a annoncé la mise en place d’un programme d’aide d’urgence à travers le pays : il est déjà présent dans 26 provinces. Pour prévenir les fraudes, les ressources du demandeur seront vérifiées. Ce programme sera étendu dans toutes les villes du pays en 2015.

Le touriste chinois dépense sans compter !

1500 euros : c’est le montant moyen dépensé par jour par un touriste chinois à Paris – les plus dépensiers !


Rendez-vous : Rendez-vous de la semaine du 24 février au 2 mars 2014
Rendez-vous de la semaine du 24 février au 2 mars 2014

Rdv1er-3 mars, Canton : Boat China – Salon international nautique, et des sports nautiques

1er-3 mars, Canton : VMF – Salon pour distributeurs automatiques & équipements de self-service

1er-3 mars, Canton : GBE – Salon international de jeu de billard

3-5 mars, Canton : Printing South China, Sino Label, Sino Print – Salons de la presse et de l’imprimerie

3-5 mars, Canton : PVP China – Salon des pompes, valves et tuyaux

3-5 mars, Canton : SIAF, Salon pour l’automatisation des procédés embarqués

3-5 mars, Canton : Sino Pack, Salon de l’emballage

3-5 mars, Canton : Water China, Salon de l’eau et de retraitement des eaux usées