A la loupe : Réforme du Yuan—allegro, ma non troppo

Après l’échec de Séoul en novembre 2010, le G20 Finances de Paris (18-20/02), était le jour de tous les dangers.

L’objectif de réforme des circuits financiers mondiaux comportait bien des raisons pour Pékin d’y faire encore obstruction : ne serait-ce qu’en raison du risque, pour les pays de l’Ouest, USA en tête, de clouer son taux de change au pilori comme une des causes de la crise mondiale.

Après deux journées de dialogue de sourds, Pékin a fini par admettre comme «signaux d’alarme» de toute crise future, une liste de critères, parmi lesquels la dette publique (et le déficit fiscal), l’excédent commercial (et le flux d’Investissements directs étrangers) et le taux d’épargne privé. Concession lourde faite à la Chine, les réserves publiques en devises sont exclues de la liste, et le taux de change n’est pas formellement inclus, mais entrera dans l’analyse des comptes courants.

Mince résultat, mais par rapport au passé, c’est une grande avancée : la Chine vient de reconnaître ses responsabilités sur l’économie mondiale, et son devoir de compromis -une attitude mature.

Dans ce jeu, une personne a joué un rôle discret mais déterminant : Christine Lagarde, la ministre française de l’économie, en dépolémisant le ton de la rencontre qui devait servir selon elle à «tester les pratiques économiques des États pour voir si elles profitent à tous, ou seulement à eux-mêmes ». De même, pour éviter le veto américain, Christine Lagarde abandonnait pragmatiquement l’objectif en vogue un an avant, de remplacer le dollar comme étalon du commerce mondial. Cette modération, permettant à la Chine ET aux USA de se rasséréner et de jouer autre chose que le blocage.

Au prochain G20 finances à Washington en avril, sera négociée la pondération des critères choisis et l’on fixera des règles communes d’intervention financière face à toute future crise. Ces règles s’annoncent d’ores et déjà minimalistes: de compétence nationale, et non contraignantes. Dominique Strauss-Khan, le Directeur du FMI (Fonds Monétaire International) déplore que les États, se croyant tirés de crise, aient perdu leur appétit de coordination multilatérale. Pour la création de nouveaux organes, et l’intégration du yuan dans un étalon de référence, il faudra attendre -l’Allemagne qui s’est vue attribuer ce mandat de réforme du système monétaire global. Un séminaire préparatoire se tiendra fin mars en Chine, sur ce thème.

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Au plan national, la Chine attend pour avancer dans la dérégulation du yuan. La surchauffe de 2010 la force à remiser son plan d’ouvrir le marché en yuan aux firmes étrangères. Mais cela ne l’empêche d’entrouvrir au 1er avril le marché des options d’échanges en yuan (le droit de vendre ou d’acheter un montant en yuan à échéance).

La BPdC prédit que le ¥ poursuivra son ascension, avec ses taux d’intérêts, pour éponger les masses de crédit flottant depuis 2008. Autre prédiction de la banque centrale: la dérégulation du ¥ arrivera « plus vite qu’on imagine », suite à l’apparition d’un marché fulgurant du Yuan à Hong Kong (369MM¥ fin 2010, pour 2MM¥ seulement en 2009), pour affranchir le commerce chinois d’un US$ erratique, dictant les prix des matières 1ères.

Fait significatif : d’après JPMorgan, les fusions et acquisitions chinoises dans le monde devraient se maintenir, en 2011, à 8 à 9% , poursuivant l’effort de 2010, à +8% et 54MM$.

 

 

 

 

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