Editorial : Printemps 2010 : le grand réveil de la qualité

Longtemps encore, la Chine conservera son image d’empire du low-cost. Mais déjà se profile un tournant voulu par le pouvoir, série d’actions efficaces pour une montée en qualité des produits, et pour une protection des droits d’auteur.

Témoin l’accord bilatéral du 15/03 avec le Japon sur le copyright. Fruit de 7 ans de débats, il inclut des plans de formation et d’encadrement d’experts, des symposiums, échanges de techniques de conscientisation et de frappe des pirates, pour que les produits japonais puissent décupler leur flux sur le continent sans crainte d’être copiés. Vaste programme. Sur les 73M de copies saisies en 2006, 18M étaient nipponnes.

Comme pour marquer le tournant historique, la Cour n°2 de Pékin accorde (13/02) 9M¥ de dommages à Strix, marque anglaise de bouilloires électriques, payables par leurs pirates Jiatai Electric et FaDa (Leqing, Zhejiang). Fait remarquable, les «pies voleuses» avaient cru bon de refuser de coopérer avec la cour sur l’étendue du délit: le juge a repris les ventes citées sur leurs sites internet. Ce verdict pourrait fera date dans l’industrie chinoise: l’étranger reprenant confiance en la justice, et le local « ne s’y fiant plus ».

Les contrôles de qualité se renforcent. Au Zhejiang, visant le prêt-à-porter de luxe, des inspecteurs constatent des infractions aux normes dans 57% des lots testés. Versace, Hermès, Boss, Smalto, Hechter, Hilfiger, Zara, Verri et 22 autres sont en défaut d’étiquetage, teneur trop faible en fibre ou traces de formaldehyde nuisible à la peau. Les produits fautifs ont été retirés, les commerçants poursuivis. Mais pour ces maisons-fétiches, quel préjudice d’image! Il pourrait faire démentir les prévisions de Bain & Co pour 2009, de ventes du luxe à 6,6MM², +12%, contre -16% aux US, -10% au Japon et -8% en Europe…

La traque qualitative vaut aussi pour les produits locaux. Le 14/03, le MIIT émet une «ligne de conduite» aux constructeurs auto, les enjoignant d’accélérer la montée en technologie, un contrôle systématique de qualité et un service après-vente. A ceci, une raison urgente: l’an dernier furent vendus 13,6M de véhicules en Chine, dont un tiers en marques locales (+46%). Mais depuis 2005, ces véhicules, quoique moins solides que d’autres, n’ont subi que 7 rappels, sur les 212 émis dans ce pays. A l’évidence, un grand besoin de réparations est à l’horizon, sans réseau de mécanos et pièces pour y faire face… Les critiques remarquent que le dédommagement en cas de vice caché, n’est pas obligatoire, pas plus que ne le sont les rappels —pour l’instant encore…

Wang Chuanfu Président de BYD renonce (16/03) à sortir, exporter dans l’année sa E6 tout-électrique. Il n’en veut plus sortir que 100, à tester dans sa ville de Shenzhen. Il se recentre sur sa gamme essence, et veut en ’10 en vendre 0,8M d’unités (y-compris 4×4), contre 0,45M en 2009. Raison de la volte-face : BYD ne maîtrise pas des problèmes technologiques tels la surchauffe de la batterie, et attend toujours l’offre par l’Etat d’une prime à l’achat de cette E6, jusqu’à 20% des 300.000¥ du prix. En attendant de maîtriser ces fautes, il faut durer et vendre—même du polluant !

Coïncidence? Geely de Wuhu (Anhui) a du mal à boucler son rachat de Volvo (2,1MM$), pour ces mêmes raisons technologiques et financières. Ford, le revendeur (qui n’a à présent plus envie de revendre) ne veut pas céder la plateforme (commune à plusieurs de ses modèles). Tandis que dépassé par ses propres projets de développement, SAIC (Shanghai Automobile Industry Co), l’actionnaire principal de Geely ne peut le soutenir dans ses 1,4MM$ d’investissements supplémentaires, nécessaires pour la relance de Volvo. Tout ceci suggérant que cette Chine de la construction automobile n’a pas -encore- les moyens de ses ambitions.

 

 

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