A la loupe : Pakistan, Japon et Inde—trois relations bilatérales frappées par la crise

[1] Qu’Asif Ali Zardari Président du Pakistan visite la Chine (20-23/02) pour la seconde fois en quatre mois, en dit assez sur l’influence chinoise sur ce pays en mauvais point. Plus la peine cette fois, pour Zardari, de passer par Pékin – on est «en famille». Dai Bingguo, Con-seiller d’Etat l’attendait à Wuhan pour le cornaquer entre Hubei et Shanghai et l’initier aux arcanes de l’économie d’eau, de l’agriculture et de la finance chinoise. On discutera aussi des meilleures recettes pour cimenter la jeune nation-mosaïque ethnique, de la question d’Israël et de l’alliance américaine. Pas par hasard, les Talibans choisissent le moment pour rendre—en mauvais état- un ingénieur chinois kidnappé au Pakistan depuis six mois. Au demeurant, Pékin renforce sa protection de cet allié stratégique en lui assurant 85% des 1,28MM² d’investissement des tranches 3 et 4 de la centrale nucléaire de Chasma, de 340Mw chacune. China Mobile aide aussi, en rachetant Paktel l’an dernier pour 460M$, et en y investissant au total 1,66MM$, sur 41.700 emplois.

[2] La Chine s’inquiète des petits pas nippons vers les îles Diaoyu-Sankaku, qu’elle revendique aussi. Mais d’autre part, les échanges japonais ont chuté en 2008 de 12,7%, et l’export de 13,9% au dernier trimestre—causant en janvier, par effet d’avalanche, une chute de 43,1% des importations chinoises. Autant dire que Pékin et Tokyo, sans se porter dans leurs coeurs, n’ont pas d’alternative à ramer de concert hors du typhon. Aussi, Hirofumi Nakasone, le ministre des affaires étrangères  se rendrait à Pékin avant la fin du mois. Le défi sera d’autant plus dur, car il présentera une nouvelle ligne dure : en plus de la réoccupation des eaux des Diaoyu, Taro Aso le 1er ministre parle aussi d’un « arc de liberté et prospérité » entre voisins de la Chine, et de nouvelles visites possibles au sanctuaire de Yasukuni… Audaces, selon Pékin, destinées à  redorer le blason d’un cabinet soutenu par moins de 20% des électeurs  – mais danger !

« L’économie japonaise est dans un état terrible, nous ne pouvons rien faire, … sauf attendre que les économies US, chinoise redémarrent» : Seichi Adachi, Deutsche Securities

[3] Dernier voisin maugréant contre la Chine : l’Inde, qui vient de lancer 17 enquêtes sur l’export chinois, dont 10 anti-dumping, causant au voisin pour 2MM$ de préjudice. Le pire, est l’écart de langage du ministre des textiles, E. Elangovan qui estime les produits chinois « inférieurs » aux indiens. La Chine venait en un an de conquérir 70% du marché du jouet, pour 400M$/an. L’Inde s’estime aussi menacée par la concurrence chinoise en matière d’industrie électronique, notamment en « IT- outsourcing ». Détail révélateur : Delhi fait tracer d’urgence 73 routes le long des frontières chinoises, à ouvrir sous 3-4 ans, pour mieux les défendre. La confiance règne—surtout en période de crise. 

 

 

 

 

 

 

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