Editorial : Le Plenum est au bout du tunnel

Du 25 au 28/02, sous la présidence de Wu Bangguo, aura lieu la dernière session du bureau de l’ANP, l’Assemblée Nationale populaire, pour adopter -peut-être- les lois prêtes à l’emploi : celle de sécurité alimentaire, (après 4 révisions), la loi de la criminalité, celle des assurances, et celle de la sécurité sociale qui fut soumise à l’avis public durant deux mois : 70.000 avis ont été engrangés, sur la meilleure manière d’élargir sa couverture à « presque » toute la société (au lieu des 700M actuels), de renforcer les prestations, tout en prévenant la corruption.

La session préparera la 11. session plénière de l’ANP, le 5/03, un rendez-vous parmi les plus importants des 20 dernières années. A travers le rapport de Wen Jiabao, le Plenum devra donner le signal, aux patrons et apparatchiks, qu’il est temps de sortir des abris pour se re-mettre aux investissements et au travail. Il désignera aussi les dernières promotions. Une rumeur incertaine voit Bo Xilai quitter la direction du Parti à Chongqing pour celle de Pékin. Une autre, plus probable, persistant depuis des mois, décrit une coalition de mécontents contre un Wen Jiabao trop populaire (faisant de l’ombre), trop écolo, trop actif contre la corruption et l’accaparement des terres, de surcroît responsable tutélaire de la crise.

Au plan idéologique, la réédition au Quotidien du Peuple de l’essai de Fang Ning, thuriféraire du PCC et chercheur à la CASS (Académie chinoise des Sciences Sociales) (8/02), est un message : la démocratie à l’occidentale reste inapplicable ici, parce qu’exogène, éparpillant les énergies. En ces temps de défis (sociaux, financiers, environnementaux), affirme t’il, la structure politique affaiblit en divisant les opinions, tandis que le socialisme concentre les énergies et évite le chaos qui déchire les démocraties d’Asie (Thaïlande), d’Afrique (Sénégal, Congo)… Avertissement que le régime (ou sa branche dure) reste armé contre la tentation d’assouplissement !

Mais de chaos, la Chine a aussi sa part, avec l’incendie de la tour annexe de la tour de la TV, CCTV à Pékin (9/02, festival des Lanternes), excitant les lazzis contre la TV d’Etat, dite ennuyeuse et arrogante. Autre désordre, signe de détérioration du tissu social : le 9/02 deux villages Han et Hui du Hebei s’affrontèrent pour un tas de bois incendié par les pétards : il fallut 2000 soldats pour séparer ces bourgs qui vivaient jusqu’alors en bonne entente. Idem, à Tongxiang, Zhejiang (13/02), un accident de moto dérape en rixe de milliers de migrants contre 100 policiers : 100 blessés, 20 arrêtés, 6 voitures de police brûlées, résultat de la peur des lendemains…

Le 17/02 était le 30ème anniversaire de la « leçon » de Deng à « oncle Ho », pour avoir envahi le Cambodge, zone d’influence chinoise, et mis fin aux atrocités des Khmers rouges. La «leçon» avait dérivé en cauchemar pour l’armée – APL, prise au piège dans le défilé de Langson -60.000 morts. Depuis 1991, les voisins ont remonté la pente. Les échanges ont fusé, atteignant 21MM$ l’an passé. A Hanoi, la méfiance demeure, à propos des îles Spratley et Paracelses que Pékin revendique, tout comme 80% de la mer « de Chine». Mais le Vietnam, petit pays, n’a pas le choix. Et le volant thermique du crédit, des équipements chinois pas cher, rend la croissance facile : on en est au « je t’aime, moi non plus »…

 

 

 

 

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