Le Vent de la Chine Numéro 6

du 23 février au 8 mars 2009

Editorial : Le Plenum est au bout du tunnel

Du 25 au 28/02, sous la présidence de Wu Bangguo, aura lieu la dernière session du bureau de l’ANP, l’Assemblée Nationale populaire, pour adopter -peut-être- les lois prêtes à l’emploi : celle de sécurité alimentaire, (après 4 révisions), la loi de la criminalité, celle des assurances, et celle de la sécurité sociale qui fut soumise à l’avis public durant deux mois : 70.000 avis ont été engrangés, sur la meilleure manière d’élargir sa couverture à « presque » toute la société (au lieu des 700M actuels), de renforcer les prestations, tout en prévenant la corruption.

La session préparera la 11. session plénière de l’ANP, le 5/03, un rendez-vous parmi les plus importants des 20 dernières années. A travers le rapport de Wen Jiabao, le Plenum devra donner le signal, aux patrons et apparatchiks, qu’il est temps de sortir des abris pour se re-mettre aux investissements et au travail. Il désignera aussi les dernières promotions. Une rumeur incertaine voit Bo Xilai quitter la direction du Parti à Chongqing pour celle de Pékin. Une autre, plus probable, persistant depuis des mois, décrit une coalition de mécontents contre un Wen Jiabao trop populaire (faisant de l’ombre), trop écolo, trop actif contre la corruption et l’accaparement des terres, de surcroît responsable tutélaire de la crise.

Au plan idéologique, la réédition au Quotidien du Peuple de l’essai de Fang Ning, thuriféraire du PCC et chercheur à la CASS (Académie chinoise des Sciences Sociales) (8/02), est un message : la démocratie à l’occidentale reste inapplicable ici, parce qu’exogène, éparpillant les énergies. En ces temps de défis (sociaux, financiers, environnementaux), affirme t’il, la structure politique affaiblit en divisant les opinions, tandis que le socialisme concentre les énergies et évite le chaos qui déchire les démocraties d’Asie (Thaïlande), d’Afrique (Sénégal, Congo)… Avertissement que le régime (ou sa branche dure) reste armé contre la tentation d’assouplissement !

Mais de chaos, la Chine a aussi sa part, avec l’incendie de la tour annexe de la tour de la TV, CCTV à Pékin (9/02, festival des Lanternes), excitant les lazzis contre la TV d’Etat, dite ennuyeuse et arrogante. Autre désordre, signe de détérioration du tissu social : le 9/02 deux villages Han et Hui du Hebei s’affrontèrent pour un tas de bois incendié par les pétards : il fallut 2000 soldats pour séparer ces bourgs qui vivaient jusqu’alors en bonne entente. Idem, à Tongxiang, Zhejiang (13/02), un accident de moto dérape en rixe de milliers de migrants contre 100 policiers : 100 blessés, 20 arrêtés, 6 voitures de police brûlées, résultat de la peur des lendemains…

Le 17/02 était le 30ème anniversaire de la « leçon » de Deng à « oncle Ho », pour avoir envahi le Cambodge, zone d’influence chinoise, et mis fin aux atrocités des Khmers rouges. La «leçon» avait dérivé en cauchemar pour l’armée – APL, prise au piège dans le défilé de Langson -60.000 morts. Depuis 1991, les voisins ont remonté la pente. Les échanges ont fusé, atteignant 21MM$ l’an passé. A Hanoi, la méfiance demeure, à propos des îles Spratley et Paracelses que Pékin revendique, tout comme 80% de la mer « de Chine». Mais le Vietnam, petit pays, n’a pas le choix. Et le volant thermique du crédit, des équipements chinois pas cher, rend la croissance facile : on en est au « je t’aime, moi non plus »…

 

 

 

 


A la loupe : Reprise—printemps dans les têtes ou dans l’air?

En 2009, Pékin a complété son parc auto, au rythme habituel -1500 voitures neuves par jour. Cette donnée permet de relativiser les mauvaises nouvelles de janvier, telle la chute du commerce intérieur reflétée par celle de l’inflation à 1%. Tel l’appauvrissement de l’Etat de 17% : le niveau central engrange 296MM¥ de recettes (-28%), mais les provinces ne perdent que 2,7% (recevant 316MM¥), ayant reporté sur Pékin l’essentiel du manque à gagner. L’investissement direct étranger (IDE) a chuté: 7,54MM$ en janvier (-32%). L’export auto a baissé de plus de 50% en décembre: il est temps, pour des firmes comme Chery, de mettre 500M$ en Argentine d’ici 2013, dans une usine de 50.000 voitures/an pour contourner le mur protectionniste et fournir le Cône Sud en voitures low cost. Enfin Canton renforce la sécurité, multiplie les caméras électroniques et les agents en civil pour prévenir sabotages et braquages, suite aux multiples fermetures d’usines pour migrants.

Fondamentalement, l’Etat semble avoir opté, par sa relance du crédit, pour un coup de fouet à la consommation et un taux de change plus flexible, ce dont le G7 le félicite. Pourtant, selon un témoin, 90% des emprunteurs en banque sont éconduits, et s’adressent aux 3000 monts de piété du pays, qui prêtent à 40% l’an…

Plus que jamais, la priorité va à l’emploi, et surtout à celui des diplômés—car les migrants retournés au village, pour l’heure, se tiennent calmes, et trouvent même du travail, surqualifié et sous payé -«mieux que rien», disent-ils, philosophes. Pékin s’apprête à faire prendre le même chemin -vers les campagnes du centre et de l’Ouest aux 1,2M de diplômés chômeurs, et aux 6M qui s’annoncent. Ils seront «encouragés» à faire employés de mairie, instit, docteur ou militaire. En retour, ils obtiendront la sécurité sociale et leurs frais universitaires remboursés et plus tard la priorité d’accès aux hautes études et à l’administration. Un avantage tacite, pour l’Etat, est de neutraliser ces « enfants gâtés intellectuels » potentiellement turbulents, et les confronter aux réalités sociales—comme leurs parents, 40 ans plus tôt, lors de la Révolution culturelle !

Enfin la fragilité de ce « printemps dans l’hiver » apparaît vite. 40% de l’argent prêté en janvier (97MM$) pour des projets industriels, a été détourné vers la bourse, qui monte de 31%. Mais le 18/02, elle rechute de 2,6%, suite au constat des actionnaires que les profits ne sont pas au rendez-vous. L’acier rechute de 4,7% dans la semaine, faute de clients. Les grands groupes, qui s’apprêtaient à placer des titres (Baosteel : 2,2MM$, Poly le groupe immobilier, 1,1MM$) se lamentent, «l’accalmie aura été éphémère» : perdant à la seconde leur optimisme fragile, et volontariste.

 

 


Joint-venture : Ressources minérales: revanche et foire d’empoigne

Ressources minérales : rechanche, et foire d’empoigne

L’entrée du fondeur chinois Chinalco dans Rio Tinto pour 19,5MM$, fait des vagues: les actionnaires s’insurgent contre l’accord qui offre au Chinois, à bas prix, des parts des meilleures mines de Rio et l’option de doubler à 18% ses parts dans Rio, privant les «anciens» de leur droit de préemption. T. Albanese, le contesté DG, tente de rallier les troupes. Mais l’accord affrontera deux haies dures à franchir, le feu vert de Canberra, et l’AG des porteurs, avec à l’affût, en cas de veto, Meryll Lynch, Citibank et BHP, méditant une contre-attaque. Pourtant BHP, qui s’est brûlé les doigts dans sa reprise hostile ratée l’an passé, ne recherchera plus Rio Tinto, mais seulement tel ou tel actif et enco-re, pas au prix record payé par Chinalco. Chez Chinalco, Xiao Yaqing le PDG sort couvert d’honneurs, nommé vice ministre à 49 ans, Secrétaire Gal adjoint du Conseil d’Etat: une rare récompense du succès. Il est relayé par l’ancien président du groupe, Xiong Weiping, qui reprend du collier après une période HKgaise comme directeur de CTS (China Travel Service).

Sentant l’opportunité, la Chine entière rêve de faire de même. Pour 1,7MM$, Minmetals rachète OZ-Minerals, n°2 mondial (australien) du minerai de zinc. L’aciérie Valin (Hunan) offre 10% (318M$) des 3MM$ recherchés pour le sauvetage du mineur australien Fortescue. Baosteel devrait venir s’associer.

Sinopec, CNPC (la compagnie nationale pétrolière) et Cnooc attendent de voir lequel des trois sera choisi pour tenter de racheter (au moins 3MM$) le gisement offshore au large du Ghana, principal actif de Kosmos Energy (USA). L’Indien ONGC avait battu la Chine pour la reprise en 2008, à 1,9MM$, du britannique Imperial Energy, et ses gisements sibériens. La Chine (consortium Cnooc-CNPC) vient aussi de perdre ce mois-ci, face à une alliance coréano-colombienne, pour les actifs offshore péruviens de l’américain Petrotech, à 0,9MM$. Par contre, la Banque chinoise du développement « prête » à Petrobras (Brésil) 10MM$, remboursables en or noir bien évidemment.

C’est le moment pour les pays émergents de faire la chasse aux actifs des riches, profitant de leurs difficultés de trésorerie. La Chine, depuis 8 ans, a monté sa consommation à 3,2M de barils/j, revendiquant plus du tiers de la croissance mondiale. Elle est passée 2d consommateur, à 9,4M barils/j, contre19,5M barils/j aux USA! Les pays nantis ne sont pas les seules cibles. La Russie aussi. Depuis 20 ans, Pékin revendiquait l’oléoduc Angarsk-Daqing et Moscou faisait traîner les palabres, prétextant un problème de tarification. Mais le 17/02, la Russie étranglée, hisse l’étendard de la reddition. Le producteur Rosneft, le transporteur Transneft recevront  25MM$ de crédit à taux réduit (6%). Ils rembourseront en pétrole, 300.000 barils/jour durant 20 ans, livré via cet oléoduc qui entrave désormais leur liberté de vente. La section Taishet-Skorovodino sera achevée avant décembre. Le pétrole viendra du gisement de Vankor (Sibérie de l’Est). Ainsi à grands traits, se redessine la carte mondial de l’énergie et des produits miniers !

 


A la loupe : Pakistan, Japon et Inde—trois relations bilatérales frappées par la crise

[1] Qu’Asif Ali Zardari Président du Pakistan visite la Chine (20-23/02) pour la seconde fois en quatre mois, en dit assez sur l’influence chinoise sur ce pays en mauvais point. Plus la peine cette fois, pour Zardari, de passer par Pékin – on est «en famille». Dai Bingguo, Con-seiller d’Etat l’attendait à Wuhan pour le cornaquer entre Hubei et Shanghai et l’initier aux arcanes de l’économie d’eau, de l’agriculture et de la finance chinoise. On discutera aussi des meilleures recettes pour cimenter la jeune nation-mosaïque ethnique, de la question d’Israël et de l’alliance américaine. Pas par hasard, les Talibans choisissent le moment pour rendre—en mauvais état- un ingénieur chinois kidnappé au Pakistan depuis six mois. Au demeurant, Pékin renforce sa protection de cet allié stratégique en lui assurant 85% des 1,28MM² d’investissement des tranches 3 et 4 de la centrale nucléaire de Chasma, de 340Mw chacune. China Mobile aide aussi, en rachetant Paktel l’an dernier pour 460M$, et en y investissant au total 1,66MM$, sur 41.700 emplois.

[2] La Chine s’inquiète des petits pas nippons vers les îles Diaoyu-Sankaku, qu’elle revendique aussi. Mais d’autre part, les échanges japonais ont chuté en 2008 de 12,7%, et l’export de 13,9% au dernier trimestre—causant en janvier, par effet d’avalanche, une chute de 43,1% des importations chinoises. Autant dire que Pékin et Tokyo, sans se porter dans leurs coeurs, n’ont pas d’alternative à ramer de concert hors du typhon. Aussi, Hirofumi Nakasone, le ministre des affaires étrangères  se rendrait à Pékin avant la fin du mois. Le défi sera d’autant plus dur, car il présentera une nouvelle ligne dure : en plus de la réoccupation des eaux des Diaoyu, Taro Aso le 1er ministre parle aussi d’un « arc de liberté et prospérité » entre voisins de la Chine, et de nouvelles visites possibles au sanctuaire de Yasukuni… Audaces, selon Pékin, destinées à  redorer le blason d’un cabinet soutenu par moins de 20% des électeurs  – mais danger !

« L’économie japonaise est dans un état terrible, nous ne pouvons rien faire, … sauf attendre que les économies US, chinoise redémarrent» : Seichi Adachi, Deutsche Securities

[3] Dernier voisin maugréant contre la Chine : l’Inde, qui vient de lancer 17 enquêtes sur l’export chinois, dont 10 anti-dumping, causant au voisin pour 2MM$ de préjudice. Le pire, est l’écart de langage du ministre des textiles, E. Elangovan qui estime les produits chinois « inférieurs » aux indiens. La Chine venait en un an de conquérir 70% du marché du jouet, pour 400M$/an. L’Inde s’estime aussi menacée par la concurrence chinoise en matière d’industrie électronique, notamment en « IT- outsourcing ». Détail révélateur : Delhi fait tracer d’urgence 73 routes le long des frontières chinoises, à ouvrir sous 3-4 ans, pour mieux les défendre. La confiance règne—surtout en période de crise. 

 

 

 

 

 

 


Argent : La loi des brevets fait peau neuve

Banque de l’agriculture, China Eastern : le manchot soutient l’éclopé

On assiste à cette opération insolite : encore entre convalescence et recapitalisation, la Banque de l’agriculture prête 15MM¥ à China Eastern. La plus fragile des quatre soeurs bancaires, «vole» au secours du plus malade des transporteurs aériens. Or ce prêt au groupe shanghaïen n’est pas là pour investir, mais pour payer les traites des aux constructeurs, pallier la chute de fréquentation et éponger les pertes suite au pari perdu sur le cours du carburant. Le prêt est en fait imposé par l’Etat à la Banque de l’agriculture, en compensation pour son propre plan de sauvetage. Précédemment, le Trésor public a payé à China Eastern 7MM¥ et « inspiré » à la Pudong Development Bank et à la Banque de la Communication un autre prêt de 20MM¥. Liu Shaodong, nouveau Président de China Eastern annonce sur son site, ravi : «aucun doute, avec une telle voilure, nous allons prendre une ascendante». D’autant que la Banque de l’agriculture complète son bienfait, par une assistance technique, un financement de projet et une émission d’obligations. Le groupe qui perdra 11MM$ en 2008, entend se guérir par un remède de cheval : 256 mesures d’économies incluant dédit de commandes d’avions et ventes d’actifs.

La question étant de savoir si cette mésaventure suffira à guérir le transporteur de sa tradition gestionnaire socialiste, gaspilleuse et lourde : il faudra sans doute plus que çà.

Ping An reprend du poil de la bête

Ping An, le n°2 chinois de l’assurance vie, avait perdu 2,15MM² sur le rachat de 5% de la banque Fortis, en faillite un peu plus tard. Depuis lors, Ping An a mené la fronde des actionnaires, et fait capoter l’offre de rachat par BNPParibas, quoique bénite par les gouvernements du Benelux et de la France.

Suite à cela, la tutelle des assurances CIRC a imposé un frein à l’expansion de ses assurances à l’étranger, quelques années pour se familiariser avec le marché. Suite à quoi McKinsey s’attend à voir des compagnies comme Ping An ou China Life ré émerger dans le monde, avec des ambitions majeures. Ping An va devoir réinventer son business model. En 2008, 68% des polices furent vendues par les banques mais pour occuper le terrain, elles laissèrent ces dernières empocher l’essentiel des commissions, privant la « bancassurance » de rentabilité.

En attendant, Ping An profite de la crise – des Chinois cherchant désespérément de la sécurité, et une niche pour leurs fonds. Il vient d’engranger en janvier pour 1,95MM$ de primes, +23%. Pas découragé, il se lance dans une autre action étrangère, cette fois avec le courtier suisse CFT. JV d’ampleur plus modeste (7,3M$), sise à Shenzhen, Ping An Tradition sera possédée aux 2/3 par le groupe chinois, et son objet sera de financer banques, maisons de courtage et fonds mutuels.

2009, année du tourisme captif

Comment relancer le tourisme, alors que les métropoles telles Pékin voit ses hôtels désespérément déserts? La réponse du jour est le tourisme « captif », amorcé par des coupons subventionnant jusqu’à 45% du prix d’un repas, d’un parc ou musée. Nankin (Jiangsu) débloque 20M¥. Mais s’agissant de fonds perdus, autant se faire plaisir à soi-même: 200000 foyers tirés au sort sur les 890.000 de l’agglomération, reçoivent chacun 100¥ de coupons. La ville en attend un retour décuplé, 200M¥ dans les caisses des firmes touristiques. Plus subtil, Hangzhou met le double, 40M¥ dans des bons qu’il distribue à ses ouailles, mais aussi à celles de Harbin, Changchun, Chongqing, Canton et Shenzhen, chassant ainsi le touriste sur des terres lointaines. Un autre plan de «tickets-repas» est prévu pour ses fonctionnaires. Deux autres villes suivent la même stratégie, Dongguan (Canton), Chengdu (Sichuan): plans grossiers, tablant sur des avantages quantitatifs. Canton innove plus, en tentant d’améliorer la qualité : il lance un plan-test de congés payés avant ou après le 1er mai, dates laissées au libre arbitre des firmes. Ce qui permettra aux travailleurs chinois, pour la 1ère fois, de découvrir les charmes du tourisme hors saison.1

La loi des brevets fait peau neuve

Le 28/12 de l’an passé, le bureau du Parlement (ANP) a adopté sa 3ème révision de la loi des brevets, suite à un long va-et-vient de consultations et débats : la loi en ressort plus compétente, en phase avec la pratique mondiale, et pleine d’innovations :

[1] Entre en jeu le concept d’« absolue nouveauté », où le SIPO, bureau de tutelle, enquête sur une préexistence de l’invention ailleurs sur Terre, avant d’accorder le brevet. En théorie, un groupe Schneider ne pourra plus voir d’autres, breveter son produit vieux de 25 ans et souffrir sur ce brevet abusif 30M$ d’amende pour « piratage ».

[2] Désormais, tout brevet peut s’accompagner de multiples designs et non plus d’un seul comme avant. A condition bien sûr qu’ils aient le même propriétaire.

[3] La loi concilie les intérêts de l’inventeur et de l’Etat : l’auteur peut déposer à l’étranger son procédé inventé en Chine, mais moyennant une enquête de sécurité préalable, secrète, dans un laboratoire de l’Etat.

[4] Les amendes pour piratage passent de 300% à 400% du profit illicite, et jusqu’à 1M¥ si le dommage est inquantifiable. Le dédommagement est quadruplé à 200.000¥.

[5] La vente d’un produit couvert par un design breveté est désormais interdite.

La loi reste cependant toujours muette sur certains cas de figure. Comment abolir les brevets abusifs existants, violant la propriété d’autrui, ou bien de complaisance, sans contenu innovant ? La loi a raté le champ du viol indirect de la propriété intellectuelle, comme dans le cas du Viagra qui s’était vu refuser le brevet, sous la pression des firmes locales, sous prétexte que sa fonction avait été découverte par hasard. Elle oublie aussi de définir le processus d’identification de la propriété intellectuelle. Une dernière critique réside dans les droits commerciaux définis de façon trop floue au goût d’un juriste étranger, qui craint de voir n’importe quel juge patriote se sentir autorisé à imposer telle production en Chine, ou tel niveau de prix, ou tel volume à mettre en vente… « Paranoïa anti-chinoise », balaie, toutefois un collègue, cette objection d’un revers de manche, ajoutant que la loi, sur ce chapitre, s’aligne sur l’Occident.

NB1 : avec déjà 290.000 brevets et +25%/an, la Chine devrait passer d’ici deux ans n°1 mondial. En 2008, elle était 6ème avec 6100 demandes, derrière USA, Japon, Allemagne, Corée, France. Son record par firme, revenait à Huawei avec 1737 demandes de brevets internationaux l’an passé. De 2001 à 2008, ont été traitées par le SIPO, 9.571 disputes de propriété intellectuelle et 11.639 disputes pour entorse à brevet.

NB2 : à toutes fins utiles, le numéro de téléphone du SIPO : (8610)64995722, et 64995826

 

 

 

 

 

 


Pol : Le Sida – ennemi public numéro 1

Le sida, ennemi public n°1

Le 15/02, Pékin lançait cette campagne très rare, dite «rayon de soleil», contre les maladies vénériennes. Affichages, compétition, foire pékinoise aux jouets sexuels, le  tout  soutenu par deux stars de Hong Kong. Il s’agissait, dit le ministère de la santé, d’arracher les Chinois à leurs préjugés. Seuls 7% des femmes et 8% des hommes osent braver le qu’en dira-t-on et aller se faire soigner, quoique la Chine en 2008 se découvre 257.474 cas de syphilis (+20%)… Mais le surlendemain, l’Etat précise sa pensée et dévoile une menace beaucoup plus grave. Le sida vient de devenir 1ère cause mortelle par maladie infectieuse, dépassant tuberculose et rage avec 6897 morts de janvier à septembre 2008. La Chine ne compte que 700.000 séropositifs officiels, mais l’ONUSIDA croit le vrai chiffre bien plus lourd, et 30 à 50 M de gens sont menacés, incluant les amateurs toujours plus nombreux au sexe extraconjugal (non protégé) et les homosexuels.

NB : la Chine qui d’habitude tait tout au nom de la stabilité, donne le coup de pied dans le nid de guêpes : le mal progresse trop vite à son goût, sans réaction d’une société pudibonde et non avertie !

 


Temps fort : Hillary Clinton et Pékin veulent réinventer la ‘Chimère’

La Chimère, animal mythique, existe: c’est la pompe financière-industrielle «Chinamérique», la Chine produisant, les USA consommant et payant en bons du Trésor, dont elle a 700MM$ à ce jour. L’ensemble est ce bloc  hétérogène de 13% de la surface terrestre, 25% de la population, 33% du PIB.

De cette alliance organique, Hillary Clinton, en sa 1ère visite à Pékin (21 et 22/02), cheffe de la diplomatie américaine, doit lancer la révision avec ses hôtes.

Emissaire d’un cabinet US tout juste sorti des urnes, démocrate de surcroît, H. Clinton ne peut que vouloir être ferme: marquer son territoire, infléchir la relation vers un sens moins affairiste et plus droits de l’homme. Elle voudra aborder le sujet qui fâche: la Charte 2008 de Liu Xiaobo et 8000 signataires. Hillary ne peut faire moins, puisque la demande de démocratie émane de la base chinoise, et se réfère aux plus américaines des valeurs.

Autre question lancinante : celle du yuan sous-évalué, «détruisant les emplois des  Américains», vieux reproche yankee. Elle pourrait se résoudre sans trop de difficultés: Pékin semble vouloir suivre son lent chemin vers la convertibilité, et surtout décider à ne pas vendre mais au contraire continuer à acheter des bons d’Etat. A vrai dire, Pékin n’a pas le choix, sauf à tout perdre, et plonger la finance mondiale un étage plus bas en enfer : « je te tiens, tu me tiens »… 

On abordera aussi d’autres dossiers antiques, tel celui d’Israël et du règlement de la guerre au Proche-Orient, et ceux des pays que Bush surnommait les « Etats-voyoux » : Corée, Soudan, Iran…

Une crise est possible, sur le réarmement de Taiwan, menace brandie par Clinton en réaction à la montée en puissance de l’armée APL. Ici, une donne nouvelle surgit, avec la reprise cette semaine du dialogue militaire. La Chine réclame la levée de l’embargo sur les ventes d’armes de l’Ouest -un deal est il possible, après un traité de paix entre les deux rivages du détroit de Formose ?

Tâche urgente, les deux pays doivent se concerter contre le réchauffement global, et adhérer à part entière à la future convention de Copenhague de décembre. Renforcer les bourses locales d’échanges de crédits carbone, puis les relier au système global. Se fixer une plateforme commune, à défendre à Copenhague, sur les aides que l’Ouest devrait fournir aux pays en voie de développement, par transfert non commercial des technologies d’énergie propre.

Projet brumeux, mais dont pourrait dépendre l’avenir de l’humanité : les USA doivent amener la Chine à lever son veto sur la demande d’entrée de  Tokyo au Conseil de Sécurité, pour que les puissances contrôlent ensemble le terrorisme,les circuits financiers, le réchauffement global. Entre Chine et USA c’est en définitive, d’un partage du monde qu’il est question

 


Petit Peuple : Pékin : un escroc centenaire

A 75 ans, Chen, le brillant professeur de fac sino-américain aux deux doctorats, s’était arraché à sa retraite bien gagnée pour aller enseigner quelques semestres en Chine, à l’invitation d’une université pékinoise. Une fois dans la capitale, pour agrémenter sa solitude, il avait invité deux Pékinois à partager son logis de fonction : la sémillante Xiao Wanni, l’habile Wang.

Après quelques semaines, les amis lui firent la surprise de lui présenter un personnage historique hors du commun. Li Xiexun était un compagnon de Sun Yatsen, co-fondateur de la République en 1911, rien de moins. Il avait aussi servi la Révolution, exerçant jusqu’en ’69 la charge de gouverneur du Yunnan. Il ar-rivait à présent avec une exaltante mission à partager.

L’ONU (si, si !) l’avait chargé de retrouver le trésor du KMT, placé juste avant 1949 en bons américains : 4,65MM$, gelés par le département d’Etat, puis « dégelés » en 1979, lors de la normalisation. Or, cette fortune, Li l’avait retrouvée au Sichuan, aux mains de gens qui n’en soupçonnaient pas la valeur. En accord avec l’Onu, il allait les racheter « pour une bouchée de pain» pour les rendre à l’Etat chinois, son titulaire légitime. Au mécène privé qui financerait le rachat, une prime de 20M$ était promise: «C’est vous, cher m. Chen qui avez été choisi, en raison de votre vertu et impeccable culture, pour rendre ce service à la nation». Histoire abracadabrante ! Si Chen avait appris que «Li Xiexun» aurait eu aujourd’hui, 126 ans, une longévité plus qu’improbable !

Mais comme toute arnaque bien faite, elle plut à sa victime, en flattant son imaginaire par l’association de patriotisme et d’une fortune à empocher au passage, qui serait bienvenue pour financer sa recherche : il mordit à l’hameçon.  

En avril 2007, Xiao et Wang emmenèrent Chen au Sichuan une dizaine de jours, le temps de le délester de 749.000 yuans, en échange d’une liasse de titres « dégelés ».

De retour à Pékin, l’universitaire passa des mois, écartelé entre la fierté d’avoir fait la BA du siècle, et l’intuition toujours plus lancinante de s’être fait rouler dans la farine.

En juillet, il fit analyser les titres : comme il s’en était douté, il s’agissait de copies ne valant pas même le carton sur lequel elles étaient imprimées…  

Bizarrement, lors de sa descente chez « Li », la police ne retrouva que 20.000¥ : maigre pitance, pour ses mois de théâtre et de mensonge créatif, le reste du butin ayant été gardé, on le présume- par le couple Xiao/Wang !   

De son vrai nom Zhou Zhiping, il était un homme d’affaires raté, et un affabulateur invétéré, dont les folles histoires, dans sa tête chenue, devenaient peu à peu réalité.

14 mois d’enquête et le pro-cès qui s’est achevé au tribunal de Pékin-Chaoyang en janvier, n’ont permis qu’en partie de démêler le sac de noeuds. Très à l’aise et fièrement, Zhou bat le record  du plus vieil escroc de l’histoire judiciaire du pays. Durant les audiences, il cabotine devant la presse et repousse sa femme quand s’approche le paparazzi pour l’immortaliser : la vieille gâterait la photo, avec ses rides : lui, Zhou, fait toujours si jeune et vert !

Au banc des accusés, le vieil homme indigne nie en bloc, ou trouve refuge dans sa surdité. Astucieuse, sa ligne de défense consiste à invoquer des protecteurs tel Hu Jintao ou d’autres, dont il prédit l’intervention pour le tirer de cette mauvaise passe. Et ça marche: en liberté provisoire, il est interrogé à domicile par le procureur (qui se déplace), et le juge le fait suivre d’un médecin. Faute de l’arrivée du sauveur imaginaire, Zhou risque 10 ans fermes, ce qui lui ferait battre un autre record en cas de survie : sortir à 109 ans.

Quant à notre brave universitaire, il ravale sa honte d’avoir été si bête, mais aussi sa fu-reur… vis-à-vis de la pulpeuse Xiao qui prétend avoir couché avec lui, mettant en cause son honneur et son sérieux.

La Chine entière, elle, rit aux larmes de cette carambouille à la 信口雌黄 (xìn kǒu cí huáng), c’ est-à-dire  «vérité retouchée au cí huáng», teinture ocre (en Chine, la couleur traditionnelle de l’embrouille et de la duperie) : le tip-ex de l’antiquité !

 

 


Rendez-vous : Canton, le Salon des enseignes lumineuses et de la publicité

25-27 février, Shanghai : Salon international de l’optique

27 fév.—1er mars, Shanghai : Pet fair—sur les animaux domestiques

28 fév.—3 mars, Canton : Sign China (enseigne), LED et Neon Shows

2-4 mars, Shanghai : Cigexpo, Salon des produits chimique en poudre

3-6 mars, Canton : Sino-Pack, Salon int’l de l’emballage

4-7 mars, Canton : Water China (retraitement), et CHIFA (automation)