Temps fort : Pékin face à Washington : l’art de dire ‘non’

Tandis que Wen Jiabao rencontrait Vladimir Poutine, Hu Jintao lui, recevait Robert Gates, le secrétaire américain à la défense. Après cette visite, la presse titrait sur le téléphone rouge entre leurs défenses. En fait, tel le chiffon rouge face au taureau, ce gadget cachait bien d’autres thèmes discrètement abordés, telle l’inquiétude américaine, face à la montée en puissance de l’armée chinoise, l’APL, ou tel l’Iran. Faisant valoir (comme 8 jours plus tôt la ministre israélienne Tzipi Livni) qu’un Iran nucléarisé dès 2009, risquait de causer la rupture de sa route du pétrole du Proche Orient, Gates conseillait à Pékin d’aider l’ONU à contrer les rêves atomiques des ayatollahs. Sans succès : la Chine garde encore la tentation d’un deal  avec le régime intégriste, pétrole contre protection vis-à-vis des sanctions de l’Ouest.

Les pays annoncèrent aussi une coopération qui devrait faire modèle auprès d’autres pays et blocs : un contrôle commun de qualité de tout aliment et fourrage, pharmacie et équipement made in China. Entre les règlements, les douaniers et services de quarantaine, une interface est presque prête, que Chine et Amérique veulent signer avant fin décembre, à la prochaine session du dialogue stratégique économique bilatéral.

Bien sûr, les puissances discutèrent aussi du Pakistan, où le président P. Musharraf venait de déclarer l’Etat d’urgence (3/11), à la fois contre ses extrémistes et contre une opposition démocratique menée par Benazir Bhutto, juste retournée de 9 ans d’exil.

Pékin comme Washington tiennent le Pakistan à bout de bras depuis sa naissance, un peu pour les mêmes raisons :

[1] contenir l’Inde,

[2] ne pas abandonner ce pays stratégique à l’influence exclusive de l’autre,

[3] depuis le 11/9/2001, faire échec à l’intégrisme, et     

[4] pour la Chine, assurer sa route maritime du pétrole par un futur oléoduc de 2000km, au départ du port pakistanais de Gwadar (investissement chinois à 200M$), via le Xinjiang, permettant d’éviter un blocus toujours possible du détroit de Malacca.

Face à la crispation totalitaire d’Islamabad, qui fait curieux écho à celle presque simultanée en Birmanie, la Chine ne peut que soutenir ses deux petits alliés. Pour des raisons pratiques autant qu’idéologiques : pour préserver sa crédibilité auprès du Tiers Monde, la stabilité de la région, et soutenir des régimes militaires sous son allégeance. Mais ce faisant, il lui faut à tout prix éviter de prêter flanc à la critique mondiale, à 9 mois de ses Jeux Olympiques. Par chance, à propos du Pakistan, contrairement au cas de la Birmanie, Pékin se retrouve, avec les USA, «dans le même bateau» – Washington, qui se dit « préoccupé», maintient sa coopération et ses crédits « défense » au général Musharraf, au nom de la guerre contre la terreur : la Chine va faire de même, sans devoir redouter sur ce dossier, les foudres de Washington!

 

 

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