A la loupe : La seconde bataille du PIB vert est lancée

Plus que jamais, la lutte anti-pollution en Chine, prend les formes d’un conflit au sein de l’appareil, qui s’exporte en public, faisant foin de la discipline de Parti et du devoir de réserve.

L’appareil se divise, à propos du futur système d’évaluation d’impact écologique. Pan Yue, vice-directeur de la SEPA, l’agence nationale de protection de l’environnement, dénonce cartels et pouvoirs locaux qui « bloquent par devant, embusquent par derrière » son outil de planification, afin de maintenir la croissance anarchique actuelle. Voyant l’adoption de son système d’impact prendre du retard, ce vice-ministre de l’environnement, clairement soutenu par le tandem Hu Jintao/ Wen Jiabao, publie son brûlot au Quotidien du Peuple : à 9 mois des JO, la boule d’air argenté autour de Pékin, n’est pas étrangère à cet électrochoc. Sa démarche arrive juste après la 1ère bataille perdue par la SEPA, d’évaluation du PIB vert.

En juin, les leaders des 10 provinces et villes choisies pour ce test avaient réussi à le faire capoter, au nom du tort que faisait une telle publication à leur image, à quelques semaines du XVII. Congrès qui décide de leurs carrières.

Le système d’impact doit permettre l’examen de passage systématique de tout projet d’investissement nouveau.

39 experts sont pressentis pour dresser le bilan écologique de 5 régions (les golfes de Bohai et de Beibu, la côte face à Taiwan, la conurbation Chengdu-Chongqing), de 10 villes, telles Dalian et Wuhan, et de 5 industries (acier, carbo- et pétrochimie, papier, électricité). Leur rapport doit servir de base à des législations : c’est le « concept scientifique » que Hu Jintao vient de faire inscrire à la charte du Parti – pour imposer le nouveau cap du développement durable ! Selon cette approche, les industries polluantes à l’avenir, ne pourraient plus être concentrées mais dispersées, et leur implantation ne pourrait avoir lieu sans l’audition publique des populations concernées.

   Tout ceci arrive à un mois du sommet de Bali, à 80 nations dont 36 doivent convenir de réductions contraignantes de leurs émissions de gaz à effet de serre après 2012. Or, face à cette échéance, Pékin réitère le 9/11 son refus. Réfutant l’AIE, l’agence internationale de l’énergie, qui lui prédit dès cette année le rang de 1ère pollueuse de l’air mondial, et dès 2010 celui de 1ère dévoreuse d’énergie, Zhang Yuesui, vice- ministre des affaires étrangères, rappelle le refus frontal chinois à toute baisse obligatoire d’émissions : la pollution, c’est les pays riches, les autres ont droit à la croissance. Comme par compensation, Pékin relance son système d’évaluation d’impact décrit plus haut, et annonce aussi la dernière main à 885 projets de vente de « crédit carbone», d’une valeur de 15MM$, dont 3MM$ affectés à un fonds national de développement propre. Dévoilant ainsi la stratégie de Pékin pour les prochaines années : donner autre chose, tout sauf des réductions contraignantes, pour gagner quelques années sur la patience du monde.

 

 

 

 

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